« Il s’installe dans notre pays, une culture du viol ». Ce n’est pas une plaisanterie. C’est choquant mais, tenons-le pour dit. Le barreau, suite à sa descente du 25 au 29 septembre 2017 dans les dix maisons d’arrêt que compte le Bénin, est formel là-dessus. En puissance, les violeurs se multiplient. Et, dépassé par les événements, le barreau n’a pas eu d’autre choix que de tirer la sonnette d’alarme.
Déjà, de son rapport général, il est à retenir qu’en matière de statistiques, la maison d’arrêt de Calavi bat le triste record de détenus présumés violeurs. Avec plus de 16%, rien que sur des mineures, la cité dortoir laisse derrière elle, l’image d’une ville infectée par de piteux ‘‘braqueurs de sexe’’.
Désormais, ce n’est plus un secret. C’est même une information majeure qui donne froid dans le dos. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’ordre des avocats a décidé de relever et d’insister sur cette incongruité puis de plaider pour des mesures afin que la culture du viol au Bénin ne prenne pas des proportions inimaginables.
Mais au-delà de la batterie de suggestions des hommes en noir, demandons-nous d’abord pourquoi les infractions de viol sont en hausse dans les maisons d’arrêt ? A priori, puisque la plupart des victimes sont des mineures et les bourreaux des jeunes, alors forcément, il y a, à tous les niveaux, un déficit d’éducation et d’information.
Sinon, j’imagine que nos violeurs, s’ils savaient quelle peine ils encouraient en posant un acte aussi répréhensible, ils réfléchiraient par deux fois, avant de forcer le passage sous des jupettes défendues.
Maintenant, s’ils en sont arrivés au crime parce qu’incapables de maîtriser leur libido, il faut peut-être y voir non seulement les effets néfastes des Tic mais aussi l’agression visuelle dont est aujourd’hui championne la gent féminine. Evidemment, le barreau propose, entre autres, pour prévenir le viol, qu’il soit interdit et réprimé la fabrication, le transport, la diffusion d’images ou de messages pornographiques susceptibles d’être vues et perçues par les mineurs par quelque moyen que ce soit ou quel qu’en soit le support. N’est-ce pas un vœu pieux ?
A l’ère de la révolution numérique, les images volent sans frontière et sans scrupule. Toutefois, je suis d’accord avec le barreau qu’il est impérieux de multiplier les maisons de jeunes et centres de loisirs sains. L’autre chose, c’est la responsabilité des parents. Et, Dieu sait qu’ils sont nombreux à laisser, sans aucune surveillance, leurs fillettes vêtues à la mode ‘‘sexy’’, déambuler à travers les Vons de leur quartier.
Enfin, pour que la courbe ascendante de la culture du viol au Bénin rechute, chacun doit jouer sa partition. Le barreau a fait sa part en dénonçant. La presse n’est pas restée du reste en informant. Reste aux autorités, aux éducateurs et aux parents de jouer le rôle qui est le leur. Sinon, à ce rythme, et les avocats l’ont dit, on tend vers la banalisation du viol et vers une République où le sexe prendra en otage la jeunesse, pour ne pas dire l’avenir du Bénin. Et, s’il en est ainsi, ce serait dangereux et vraiment dommage !
Angelo DOSSOUMOU