Les années 70 auront offert au Bénin l’une des plus grandes et rares occasions qui pourraient lui permettre de s’imposer dans le concert des nations de musique africaine. Les plus grands et célèbres groupes ont connu le jour dans cette période avec un soutien des populations amoureuses et fanatiques des œuvres qui leur étaient proposées. Il y avait certes de l’originalité, mais l’influence de la musique congolaise et française se faisait remarquer par la puissance du live reconnu pour ces Etats. L’expression des réalités sociales, du vécu quotidien et de l’actualité liée au régime politique d’alors était ce qui accrochait les mélomanes. Dans les foyers et les cours communes jusqu’aux années 90, tout ou presque se réglait par la diffusion de chansons dont les paroles représentaient des miroirs de société.
Un peu plus tard, ce sera la relève qui fera parler d’elle, à travers plusieurs styles dont les authentiques, les mixtes mais aussi et surtout les plagiats. Place sera donnée également à une autre relève qui n’a désormais de goût que pour ce qui vient d’ailleurs. Dans les maisons, les discothèques et autres lieux de distraction, nos artistes représentent la minorité en matière de diffusion d’œuvres musicales. Le comble s’installe lorsque des parents, dans des milieux où sont présents enfants et adolescents, sollicitent la diffusion de chansons à paroles vulgaires qui gagnent hélas et tristement du terrain à l’antipode de nos réalités culturelles.
Lorsque l’artiste lance un nouvel album ou organise son propre concert, parents et amis l’attendent afin qu’il leur offre gratuitement ses disques et billets d’entrée. Les quelques rares disc-jockeys qui s’intéressent encore à la bonne musique locale sont sommés de changer de tendance et de séquence par des compatriotes afin de prioriser ce qui est loin d’être nôtre. Des entreprises et autres structures qui exercent sur le territoire, après avoir fait fortune auprès des consommateurs, avec parfois à la clé l’exploitation d’œuvres d’artistes béninois, accordent le plus clair de leurs budget aux artistes étrangers pour leur manifestations. Quant à nos artistes, ils se contenteront parfois du dixième à eux proposé.
Aucune communication n’a jamais révélé l’organisation, l’état de recouvrement et les bases de répartition des droits d’auteurs et droits voisins des artistes béninois. Pendant ce temps et au quotidien, des défenseurs, auprès d’un grand nombre de structures collectent des fonds au nom de ces derniers. La gestion des fonds doit se conformer aux nouvelles technologies pour se faire plus transparente.
Le budget destiné aux artistes est bloqué sans explication valable. Les artistes béninois se retrouvent aujourd’hui livrés à eux-mêmes sans une véritable politique visible de promotion du secteur.
On peut repenser la chose et revoir nos habitudes pour le bien-être de nos artistes, enfin, de nos véritables artistes.
Gildas LANTONKPODE