Mesdames, Messieurs les Présidents et Représentants des Partis politiques,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Honorables députés, chers collègues,
Mesdames et Messieurs les Maires et Adjoints aux maires,
Mesdames et Messieurs les élus communaux et locaux,
Distingués chefs religieux et chefs traditionnels,
Distingués invités,
Camarades congressistes,
Chers amis,
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurai vous dire toute ma joie de vous voir ici rassemblés à l’occasion du 4ème Congrès Ordinaire du PRD.
Nos congrès sont pour nous des moments de ferveur, de communion, d’allégresse et de convivialité. La fête du rassemblement. Une grande fête.
Je vous souhaite la bienvenue à notre fête.
Je voudrais de prime abord, exprimer mes sincères félicitations et ma gratitude à nos militants des comités et sous-comités, qui ont travaillé d’arrache-pied, pour rendre possible la tenue de ce congrès ordinaire.
J’exprime aussi ma profonde gratitude aux personnalités et autorités d’ici et d’ailleurs, ainsi qu’à tous les représentants et Chefs de partis politiques, et de mouvements, venus nous apporter leur soutien. Votre présence ici est un témoignage d’amitié à l’endroit du PRD, mais surtout à l’endroit de la démocratie béninoise et de ceux qui l’animent.
Je dis enfin un grand merci aux vaillantes populations de Porto-Novo et des communes alentours, qui se sont déplacées aussi massivement pour participer à ce grand rassemblement périodique. Merci à vous tous congressistes, pour avoir offert votre disponibilité, vos compétences et expériences, pour la bonne tenue des assises de ce jour.
Mesdames et Messieurs,
En réunissant ce quatrième Congrès ordinaire ici, à Porto-Novo, nous avons voulu rendre hommage à la ville de Porto-Novo, Capitale du Bénin, notre fief, qui un quart de siècle durant, nous a toujours accordé sa confiance. Les événements d’avril 2015 ont été une fausse note, une exception qui confirme la règle, la règle de l’osmose entre un peuple et un parti.
Ce Congrès vient à son heure pour nous redonner confiance à nous même.
Il vient à son heure, pour renouveler et renforcer le pacte politique qui nous lie à cette ville et à ses environs. C’est ici notre base électorale, c’est ici que nous comptons le plus grand nombre de Députés, de Maires, de Conseillers municipaux et de Chefs quartiers.
On dit souvent, non sans raison, qu’à Porto-Novo, le PRD est une religion. Eh bien, désormais, cette religion a un temple : ce temple, c’est le siège national flambant neuf de notre parti. Il est le résultat de la contribution de tous, du plus modeste militant aux plus hauts responsables ; il est notre propriété à tous.
Permettez moi cependant, de remercier tout particulièrement la famille BADIROU pour la flexibilité dont elle a fait preuve au cours des négociations qui ont précédé l’acquisition du bâtiment, ainsi que nos frères et amis Moussa et Razack SAKA, pour leur importante implication financière dans les travaux d’aménagement.
Ce siège, nous l’avons voulu beau, nous le voulons moderne dans les prochaines semaines, pour pérenniser le lien indéfectible qui unit Porto-Novo et le PRD. Je vous dis à tous et à toutes, Bravo!
Mesdames et Messieurs
Chers amis,
Si ce congrès est celui de l’enracinement confirmé et perpétué, il est aussi le congrès de l’option politique assumée.
Le 22 février 2014 à Ifangni, au cours de notre dernier Conseil National, tirant leçon de nos échecs passés et de l’inadéquation entre nos valeurs et les pratiques qui ont cours dans notre Pays, pratique qui nous condamnent à être d’éternels opposants, nous avons décidé que, quelque puissent être les résultats de l’élection présidentielle à venir, le PRD cessera d’être un parti d’opposition et soutiendra résolument le nouveau pouvoir.
A moins d’être dans le secret des Dieux, personne ne pouvait imaginer, le 22 février 2014, quels seraient les candidats, et qui serait le vainqueur.
Cette option, l’option de la ‘’real politik’’ s’est révélée une option salutaire pour le PRD. Elle nous a permis d’annoncer et d’apporter notre soutien effectif, sous diverses formes à l’action du Président élu, le Président TALON, sans avoir à nous dédire, bien au contraire.
Nous sommes donc résolument dans le soutien à Patrice Talon. Résolument membres du Bloc de la Majorité Parlementaire.
Nous n’ignorons pas que se réclamant de la formule consacrée, ‘’les ouvriers de la première heure’’ se sont activés et s’activent encore pour notre rejet.
Je voudrais tout simplement les inviter à une saine interprétation de la parabole. Elle condamne l’exclusion; elle condamne le ressentiment. Elle prône au contraire l’apaisement, le rassemblement. Autour l’œuvre du salut public, autour de l’œuvre de reconstruction du Bénin.
C’est le mérite de Patrice TALON, d’avoir perçu que dans une Assemblée Nationale émiettée, le soutien de 10 Députés avec à leur tête le Président de l’Assemblée Nationale, n’est pas un soutien négligeable. C’est le mérite de Patrice TALON d’avoir perçu que le soutien actif de 6 Maires, de 40 Chefs d’arrondissements, de quelques centaines de Chefs quartiers et Chefs de villages, n’est pas un soutien à dédaigner.
C’est son mérite d’avoir perçu que nos structures verticales et horizontales, nos cellules, nos sous sections, nos sections, nos militants, peuvent constituer pour lui des atouts importants pour son action, dès lors qu’ils sont pris en charge par le Pouvoir.
A ce sujet, bon nombre de nos Cadres et de nos Militants ressentent de légitimes frustrations. Ils estiment, que les fruits ne tiennent pas encore les promesses des fleurs.
Tout en épousant ces frustrations, je nous invite à poursuivre avec enthousiasme et franchise notre engagement aux côtés du Président de la République.
Laissons du temps au temps. Notre positionnement politique actuelle est la preuve que tout vient à point à qui sait attendre. A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes.
Travaillons donc ; travaillons sans relâche. La politique est et sera toujours un rapport de forces ; jamais une kermesse.
Travaillons d’abord à rester ce que nous sommes. Ne nous laissons pas griser par l’euphorie d’être enfin du côté de ceux qui gouvernent. Restons ce parti reconnu partout en Afrique, pour être un parti de paix. Gardons notre culture de paix. Nous sommes ce parti reconnu pour avoir lutté et pour avoir constamment œuvré pour l’avènement et le respect de l’Etat de droit, pour la justice, pour la liberté, pour la bonne gouvernance, pour une véritable démocratie. Sous tous le régimes qui se sont succédés ! Oui restons fidèles à nos valeurs. Restons la référence. Restons nous-mêmes ! Restons le PRD.
Le Bénin a encore besoin de nous.
Travaillons à une nouvelle dynamique. Tournons nous vers nos jeunes.
Ils étaient notre fer de lance. Prenons garde qu’ils ne deviennent notre tendon d’Achille. Réconcilions nous avec eux. Ils savent que nous ne sommes pas au pouvoir et qu’un parti à lui tout seul ne peut régler le problème de l’emploi. Mais dans leur dépit, dans leur attente des lendemains meilleurs, ils veulent nous sentir à leur côté, comme par le passé, pour leurs loisirs, pour leurs activités sportives, pour leur manifestations culturelles…etc.
Ils veulent aussi et surtout, (ils me l’ont dit) ils veulent prendre une plus grande part aux instances de décisions et aux décisions du parti, car ces décisions engagent leur avenir ?
Nous devons prendre acte de cette revendication et prendre les mesures qui s’imposent. Si vous me donnez votre accord pour cette nouvelle orientation, (un accord sincère et cohérent) eh bien, à partir de ce congrès et des statuts qui sont notre loi fondamentale, nos jeunes de 18 à 35 seront représentés pour 1/3 dans les bureaux de nos cellules, 1/3 dans les bureaux des nos sous sections, 1/3 dans les bureaux de nos sections. Et à la Direction Exécutive Nationale (DEN) aussi ils seront 1/3 de la DEN âgés de 25 à 45 ans, à condition d’avoir un CV qui atteste non seulement qu’ils sont militants, mais qu’ils ont reçu une formation qui les rend aptes à exercer les plus hautes responsabilités.
Nos statuts, si vous les adoptez, prévoient désormais des dispositions identiques pour les femmes : 1/3 dans les bureaux de toutes les structures, y compris la DEN ; aux mêmes conditions que les jeunes. Lequel d’entre nous ignore que les femmes sont nos militantes les plus convaincues, les plus déterminées ? Au PRD, nous leur ferons la place qu’elles méritent.
Du fait de ces deux dispositions, celles concernant les jeunes et celles concernant les femmes, la composition de la DEN ne sera pas connue avant un ou deux mois.
Il y a de cela 10 ans, à l’initiative de Guy et Colette HOUETO que je salue affectueusement, nous avions envisagé de créer pour les jeunes, une Ecole du Parti, pour leur enseigner l’histoire du parti, l’histoire du Bénin, mais aussi les enjeux politiques, économiques et sociaux de leur engagement.
Eh bien, je veux vous annoncer ici, que l’Ecole du Parti sera créé et sera fonctionnel dans les prochains mois. Elle aura un Directeur et dispensera son enseignement au siège du Parti, en attendant que nous ayons les moyens de créer Radio-Arc en ciel PRD.
Chers Camarades,
Mesdames et Messieurs,
Si notre 4ème Congrès Ordinaire s’inscrit dans le contexte de notre appartenance à la majorité parlementaire et de notre participation au Gouvernement, il s’inscrit aussi dans un contexte historique bien plus important pour la démocratie.
Il n’y a pas de démocratie sans parti politique. Et notre 4ème congrès se déroule au moment même où des consultations d’envergure sont menées sur l’efficience et la viabilité de notre système partisan.
Un système partisan qui n’a jamais réussi à hisser un de ces acteurs au sommet de l’Etat.
Un système partisan dans lequel les partis politiques peinent à jouer leur rôle dans l’animation de la vie politique.
Un système partisan dans lequel nous ne sommes la plupart du temps que des clubs, qui se font et se défont au gré des régimes, et au gré des intérêts électoraux : 240 partis politiques !
Un système partisan où le retournement de veste et transhumance ont rang et prérogative de sports nationaux.
Un système partisan enfin où, faute de ressources propres, les acteurs politiques deviennent une proie facile pour les puissances d’argent, avec l’aliénation qui en découle.
Tout cela a contribué à fragiliser et à décrédibiliser progressivement notre démocratie.
Le 15 juin 2015, dans mon discours d’investiture, à la Présidence de l’Assemblée Nationale, j’avais dénoncé cette situation et j’avais appelé à une réforme. Avec la bienveillance de mes collègues Députés, eux aussi préoccupés par le problème, nous avons lancé un projet de modernisation de notre vie politique, prenant en compte cette réforme nécessaire. L’initiative avait été saluée par nos partenaires techniques qui se sont engagés à contribuer à sa réalisation.
A ce contexte parlementaire positif, est venu s’ajouter un événement bien plus déterminant. C’est l’élection de Patrice TALON qui a très tôt affirmé sa volonté de réformer le système partisan, sa volonté d’aboutir à un regroupement des partis, et sa volonté d’assurer aux partis ainsi regroupés, un financement public de leurs activités.
Fort de cet appui, nous avons entamé avec d’autres formations, la recomposition de notre classe politique.
A l’Assemblée Nationale, elle se traduit par l’existence de deux grands blocs, l’un majoritaire avec 59 Députés dont 10 PRD, et l’autre minoritaire avec 20 Députés dont je veille au respect scrupuleux des droits et prérogatives.
Et déjà les questions qui nous assaillent.
Le bloc de la majorité doit il se doter ou non d’un objectif politique, qui aille au delà du soutien à l’action du Gouvernement en place ? Faut il ou non le structurer ? Vers quels types d’alliances ? Pour quelles perspectives ? Avec quelle capacité de mobilisation ? Selon quelles règles de fonctionnement ?
Notre pays a connu nombre de regroupements politiques de toutes sortes depuis le début du Renouveau démocratique. Aucun d’eux n’a survécu. Voici que d’autres regroupements se profilent à l’horizon des prochaines échéances électorales. Beaucoup d’entre nous se demandent, comment bâtir des unions stables, capables de remodeler durablement le paysage politique du Bénin.
Je faillirais à mon devoir de sincérité, si je ne vous disais pas que je m’interroge moi aussi, car les meurtrissures laissées par les expériences passées sont encore béantes, surtout celles relatives au holdup électoral de mars 2011.
Mais le contexte de 2017 n’est pas le contexte de 2011. Le contexte a changé. C’est l’ensemble des partis qui appelle au regroupement. C’est le Chef de l’Etat qui appelle au regroupement, regroupement de ses amis comme de ses adversaires.
Tout parti politique, le nôtre comme les autres, est soucieux de son devenir ; et nous particulièrement dans cette phase de renouvellement et de modernisation.
Notre parti, le PRD a muri dans la douleur, dans l’hostilité, 25 ans durant. Notre parti incarne aux yeux des Béninois, des valeurs de tolérance et de paix, de liberté, de l’état de droit, les valeurs de partage et de solidarité.
Nous sommes désireux de nous insérer avec d’autres formations, dans un parti politique national. Nous sommes nostalgiques de nos 19 Députés élus en 1995 dans 5 des 6 départements du Pays.
Nous sommes fiers de ce que nous avons réalisé sans avoir jamais été un parti de pouvoir.
Nous constituons une chance pour l’unité nationale.
Nous serons donc attentifs et réceptifs aux signaux de nos partenaires.
Le Bénin a inventé la Conférence Nationale qui a induit le mouvement de démocratisation dans un grand nombre de pays africains.
Il peut aussi, j’en ai la conviction, inventer un système partisan plus inclusif et performant, capable de s’inscrire dans la durée, capable d’imprimer à notre pays une culture politique plus favorable à la démocratie.
Chers Camarades,
Je vous invite à rentrer dans cette logique, à consentir au regroupement, à concéder, une partie de votre autonomie, une partie de votre visibilité. Pour le Bénin, pour la démocratie.
Chers Camarades,
Mesdames et Messieurs
A 75 ans révolus, bientôt 76, j’ai initié de nombreux chantiers politiques dont les plus importants sont la réforme du système partisan, l’amélioration de la représentation des femmes dans notre Assemblée Nationale, la réécriture de notre loi électorale, et la modernisation de notre Assemblée Nationale.
Je rends grâce au Seigneur de m’avoir donné les ressources morales et l’énergie physique nécessaires pour les poursuivre : je me porte bien et je compte vivre longtemps. Je prie le Seigneur qu’il m’accorde la grâce de les achever.
Le moment viendra à coup sûr, où il faudra passer la main. Ce moment ne saurait me surprendre. C’est pourquoi en père de famille, j’ai mis en place dans notre statut, une structure stable, et une procédure transparente pour que le cas échéant, 25 années de dure sacrifice, consenti par chacune et chacun d’entre vous, ne partent en fumée sous les agitations de quelques uns.
Je n’ai pas d’héritier, je n’ai pas de dauphin.
C’est à cette structure, c’est à cette procédure, que chacun devra recourir, pour un intérim apaisé, pour une transition en douceur.
Je suis convaincu comme Spinoza qu’ ‘’une structure impersonnelle, replicable et prédictible est la meilleure parade à la faiblesse, et aux dérives’’.
Je déclare ouvert le quatrième Congrès ordinaire du PRD ce jour 2 décembre 2017 à Porto-Novo.
Vive le PRD !
Vive la démocratie et l’État de droit !
Vive l’unité nationale !
Vive la paix !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.