Nicéphore Dieu-Donnée Soglo, ancien président de la République du Bénin et vice-président du forum des anciens chefs d’Etat africains, était face à la presse cet après midi au siège du parti la Renaissance du Bénin (RB) à Cotonou.
Plusieurs questions d’actualité ont été abordées par l’homme qui a dirigé le Bénin de 1991 à 1996. Au plan national, il a parlé de la lutte contre la corruption enclenchée, depuis peu, par le régime de la rupture. Selon lui, il est louable de combattre ce fléau cependant la méthode qui permet d’atteindre des résultats reste à ses yeux peu orthodoxe. A l’allure où vont les choses, beaucoup sont les citoyens qui, sans se tromper, trouvent que le gouvernement du président Patrice Talon fait une vraie chasse aux sorcières, du deux poids, deux mesures. Pour justifier le fait, il a rappelé l’affaire Ajavon qui a conduit à la garde-à-vue de celui grâce à qui le nouveau départ a pu prendre le pouvoir à l’issue des élections présidentielles de 2016. Aussi a-t-il évoqué la destitution tous azimuts des maires de plusieurs communes du pays. Les cas d’Allada, Parakou, Ouidah, Djougou, Cotonou et d’autres communes ont été nommément révélés.
Le président Soglo a fustigé la manière avec laquelle le pouvoir a traité le cas de Léhady Soglo en le contraignant à l’exil. « En un an, la mairie de Cotonou a connu quatre missions d’audit », a laissé entendre l’ancien maire de la ville de Cotonou. Le dossier Laurent Mètongnon n’a pas été occulté.
L’autre sujet qui a préoccupé le vice-président du forum des anciens chefs d’Etat africains, c’est la question des jeunes qui sont vendus en Libye. Très remonté contre le phénomène, il a dénoncé le silence et la passivité des autorités nationales et africaines. «J’ai pourtant dit à certains dirigeants que l’agriculture par exemple est un secteur pourvoyeur de richesses et d’emplois. Ils doivent y investir. Il faut chercher des solutions aux jeunes», a-t-il insisté. « Les jeunes qui sont vendus en Libye comme des chiens ont quitté leurs pays respectifs faute du mieux-être. C’est à cause du manque d’une vraie politique en faveur de ces derniers. Et c’est un danger qui guette ainsi les pays de l’Afrique subsaharienne et surtout ceux de la CEDEAO. Dans le désespoir ces jeunes peuvent intégrer facilement les groupes terroristes comme Boko Haram. Il est grand temps que la question de l’emploi des jeunes soit au cœur de la gouvernance. On ne gère pas une nation comme une société », a fait savoir l’ancien homme fort du Bénin. Au cours de cette sortie, il a également dénoncé les modes de gouvernance qui continuent de faire la part belle à la France-Afrique. Pour finir, le conférencier a, de vive voix, invité les africains en l’occurrence la jeunesse à la vigilance, à l’action et à plus d’audace pour une véritable renaissance du continent.