C’était prévisible. Après bientôt deux ans à la tête de l’Etat, l’unanimité s’effrite autour de la gestion du pouvoir par le président Patrice Talon. Du coup, d’elle-même, l’opposition se forme, se renforce et se donne les moyens d’exister et d’animer la vie politique. Ainsi, autour des anciens alliés de l’actuel locataire de la Marina à l’instar de Sébastien Ajavon, Candide Azannaï, l’ancien président Nicéphore Soglo se greffent la minorité parlementaire, les irréductibles Fcbe fidèles à Boni Yayi, Léhady Soglo et ses partisans et les éternels opposants depuis l’ère du renouveau démocratique que sont les communistes.
Depuis un certain temps, ce beau monde occupe constamment l’espace médiatique pour dénoncer la gouvernance Talon. La preuve, en une semaine, ce sont les Soglo et leurs diatribes contre le patron de la majorité présidentielle qui ont fait l’actualité. Avant eux, c’est le Front pour le sursaut patriotique (Fsp) qui ne manque jamais l’occasion, tant sur le plan national qu’international, de se signaler pour décrier Talon et sa gouvernance.
Ainsi donc, pendant que l’opposition se structure et sort ses griffes, les partisans du chef de l’Etat, notamment ceux du Bloc de la majorité présidentielle (Bmp) à l’Assemblée nationale dorment, pour ne pas dire qu’ils ronflent, et laissent faire. Leur silence est lourd et pesant. Et, c’est à se demander s’ils soutiennent effectivement et farouchement le chef de l’Etat. Car, parlant de l’accompagnement d’un pouvoir, il ne se limite pas, notamment en ce qui concerne le Bmp fort de 61 députés, à voter des lois ou encore vulgariser le Pag ou le Ravip.
Pour un président en exercice, il en faut plus. Les partisans du régime défunt en ont même largement donné la preuve durant les dix ans passés par le président Yayi au pouvoir. Malheureusement, ceux d’aujourd’hui qui se réclament du soutien à Talon, ont encore beaucoup à apprendre ou à démontrer. Sinon, comment comprendre qu’après une série de sorties de l’opposition, qu’aucune réplique digne du nom du Bmp ne vienne situer les Béninois. A part quelques tentatives éparses de l’He Rachidi Gbadamassi, rien. A la limite, soit les soutiens à Talon font de l’hypocrisie ou, ils n’ont pas le cœur à l’ouvrage. Maintenant, reste à savoir pourquoi cet attentisme de la mouvance. Peut-être que là aussi, c’est la normo-politique. Dans tous les cas, l’opposition ne s’en plaint pas et, au grand dam de Talon, elle en profite, pour tisser sa toile. La scène politique a horreur du vide. A la mouvance, avant qu’il ne soit trop tard, de le comprendre et d’agir en conséquence. Autrement, que Talon prenne ses responsabilités et sépare le bon grain de l’ivraie. Il le faut et vaut mieux vaut tard que jamais.
La rédaction