(Le gouvernement à l’épreuve de ‘’la non sélectivité’’ dans la lutte)
Un nouveau dossier «saisie de faux médicaments» défraie la chronique judiciaire depuis le jeudi dernier. Cette affaire qui implique le député Atao Mohamed Hinnouho a sans doute des ramifications dans l’administration publique. Le député doit avoir en principe des complices.
Le dossier des faux médicaments ressemble bien à une grosse affaire. Il pourrait bien détruire la carrière d’un politique dont le nom est abondamment cité depuis quelques jours. Car des tonnes de médicaments ont même été découvertes dans un entrepôt qui lui appartiendrait. On peut prendre le risque de soutenir que le député Atao Mohamed Hinnouho est au cœur d’une grosse affaire si les déclarations du patron de la Sous-direction des affaires économiques et financières de la Police judiciaire sont vérifiées. Beaucoup soulignent que le député de la 15ème circonscription électorale a étalé son imprudence puisque l’opération Pangea IX lancée par le gouvernement était éloquente. Ce qui veut dire qu’il aurait pu logiquement mettre fin à cette activité. Par ailleurs, il est « faiseur de loi ». Et en tant que député, il a critiqué ces dernières semaines la gestion du président Talon. Des risques qui ne devraient pas rester sans représailles. Le député Atao devrait-il continuer à animer son commerce? Certains observateurs ont trouvé qu’il a fait des choix indéfendables et qu’il est impardonnable. Seulement, s’il est établi qu’il alimente un trafic illicite de médicaments au Bénin, c’est que le député a dû faire passer les produits par les frontières nationales. Il a dû donc se trouver des complices dans l’Administration pour réussir ce commerce illicite. La justice doit par conséquent pouvoir faire la lumière sur le rôle qu’ont pu jouer les autorités de la douane, les responsables des services secrets et les actions qu’ont pu mener les responsables de la direction de la Pharmacie. Le gouvernement aura en tout cas montré son impartialité s’il réussit à établir les diverses complicités dont «le député pharmacien» a pu bien bénéficier pour protéger et maintenir son empire malgré la lutte implacable engagée contre les faux médicaments.
Atao détenteur de certificats de mise en consommation?
Les avocats du député Atao Mohamed Hinnouho ne comptent pas laisser facilement le parquet de Cotonou détruire leur client. En effet, l’un des conseils, Me Alfred Bocovo a fait quelques révélations sur Radio France international (Rfi) le week-end. A l’entendre, c’est la direction nationale des pharmacies qui a autorisé les activités du député. Pour lui, Atao est détenteur de certificats de mise en consommation délivrés par ladite Direction. « Tout le monde sait au Bénin que M. Atao importe des produits pharmaceutiques. C’est quelqu’un qui est dans une activité licite», a déclaré l’avocat. Dans la soirée d’hier dimanche, un document signé du Directeur de la Pharmacie autorisant Salamatou Karimou (conjointe du député), gérante de la société Cab Sarl, à procéder à l’enlèvement des cartons de consommables médicaux ont été aussi abondamment relayés sur les réseaux sociaux. C’est dire que le dossier prend une autre tournure.
Ce sont des informations qui complexifient davantage l’affaire. La direction de la pharmacie est à tout le moins interpellée.
Elle doit éclairer la lanterne de la police judiciaire afin que celle-ci situe l’opinion. Le dossier des faux médicaments est en définitive une nouvelle affaire qui réserve sans doute de petites surprises.
Mike MAHOUNA