L’ancienne ministre de la Justice, Reckya Madougou a fait part de ses inquiétudes au sujet de l’engagement de la femme en politique. Invitée par l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc) ce week-end, elle a indiqué que malgré les petites performances notées ces dernières années (élection de femmes chefs d’Etat en Afrique), il y a des régressions qui ne rassurent pas du tout. «Au-delà du discours, il y a encore beaucoup à faire pour gagner en influence», a-t-elle lancé aux participantes. A l’entendre, il y a aujourd’hui lieu de réfléchir à de nouvelles approches pour une prise en compte des femmes dans les instances de décision. A ce sujet, elle s’est demandé si le système des quotas qui ont fait leurs preuves ailleurs peuvent produire des résultats efficaces ici au Bénin. La réflexion doit être profonde, a-t-elle dit, pour trouver des choix qui bouleverseront les données. La Conseillère spéciale du Président du Togo rappellera que « pouvoir choisir son autonomisation, c’est être à la base éduqué». Elle a invité par conséquent les pouvoirs publics à investir dans la femme. « La femme constitue un bon risque », a-t-elle affirmé en reprenant une citation célèbre de Muhammad Yunus. Reckya Madougou a fini en exhortant les femmes à « s’entraider et à ne pas se voir comme des concurrentes».
L’Abdc remobilise la gent féminine
La femme doit prendre toute sa place dans l’arène politique. L’Abdc y croit et s’engage résolument à réunir la gent féminine autour de cet objectif. En organisant l’atelier régional qui s’est tenu les 9 et 10 décembre 2017 à Cotonou, l’Abdc très impliquée dans la lutte pour la consolidation de la démocratie et la bonne gouvernance, compte bien réexpliquer le rôle des femmes en politique. Lançant les activités de cette grande rencontre le samedi dernier, le président de l’Abdc, le Professeur Frédéric Joël Aïvo a souligné que « la présence de la femme en politique » n’est pas « un sujet cosmétique». « La présence des femmes en politique n’est pas un effet de mode. C’est une nécessité démocratique. C’est un ingrédient de la bonne gouvernance. Je suis persuadé que la place de la femme en politique fera un grand bien à la bonne gouvernance et à la démocratie», a-t-il fait savoir.
La rencontre reste, à l’en croire, une occasion pour faire le bilan de la participation de la femme à la bataille politique et de découvrir les écueils visibles et invisibles qui ralentissent l’engagement politique des femmes. L’atelier doit pouvoir accoucher, a martelé par ailleurs le Professeur Aïvo, des propositions juridiques et politiques devant permettre d’améliorer la situation moins reluisante des femmes. La représentante de la Fondation Hanns Seidel, Aridja Frank a montré, quant à elle, que le thème « La femme en politique » est « un défi qui nous interpelle». Toutes les attentes seront comblées, a-t-elle ajouté, à la fin de la rencontre qui réunit les femmes de divers horizons. Et de poursuivre : « Les conclusions de ces travaux vont nourrir les activités d’un projet soutenu par l’Union européenne et gagné par l’Abdc et la fondation Hanns Seidel». Ce samedi, Reckya Madougou, la Conseillère spéciale du président de la République du Togo a également présenté une communication introductive. A l’entendre, les femmes ont encore des efforts à faire pour relever leur niveau d’engagement en politique. « Il n’y a pas de démocratie tant que certaines cibles de la population sont mal intégrées», a-t-elle martelé. Elle soulignera la nécessité de réfléchir à de nouvelles approches pour renverser les tendances observées jusque-là. L’atelier régional était aussi fait de riches panels. «Les femmes dans les institutions», « Les femmes et la conquête du pouvoir politique», « Les pesanteurs dans l’action politique des femmes» ont été les grands sous-thèmes de la rencontre.
Allégresse SASSE