Face à la presse, hier lundi 11 décembre 2017 à la présidence de la République du Bénin et suite à l’intervention d’un journaliste, Christine Lagarde, Directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi) est revenue sur les observations faites au gouvernement pour mieux faire dans le domaine du social. A son tour, Patrice Talon a expliqué les raisons liées aux contre-performances notées dans ce domaine lors de la première revue. Il a rassuré le Fmi de ce qui se fait et invité l’opinion publique à la patience.
L’engagement de Patrice Talon et son Gouvernement ont semblé avoir épaté Christine Lagarde et sa délégation. Dans ses propos liminaires, la Directrice générale du Fmi a noté que le Gouvernement peut mieux faire dans le domaine du social. Mais, cela n’a pas influencé négativement les résultats attendus. Elle a été séduite par les actions menées et en cours dans le cadre du programme d’actions du gouvernement et s’est montrée très rassurante des perspectives économiques du Bénin, nonobstant le retard constaté dans les investissements prévus dans le volet social. « Il y a des objectifs qui sont prévus dans le programme, qui doivent être tenus et qui ne l’ont pas été de manière parfaite, lors de la première revue pour des raisons administratives…Le Gouvernement me donne l’assurance de tenir les engagements », a dit Christine Lagarde. Elle a indiqué qu’elle serait« très attentive au respect de ses engagements en matière d’éducation et de santé pour que ce filet de soutien social indispensable soit bien réalisé pour la prochaine revue ».
Patrice Talon va ensuite prendre la parole pour indiquer que bien avant le Fmi, le Gouvernement a de grandes ambitions pour le Bénin dans le domaine du social : « Je veux rappeler aux uns et autres que les investissementsdans le secteur social ne se voient pas seulement dans les distributions d’argent. Parce qu’aujourd’hui, au Bénin, c’est bien, malheureusement ce que nous entendons par le social. Et si notre ambition est de contribuer à lutter contre la pauvreté avec les investissements à effectuer, nous n’avons pas toujours affiché dans notre programme, ce qui relève de ce que parfois on attend de nous en termes de social. Mais dans le secteur de l’éducation et de la santé, nos ambitions sont de très haut niveau. Et le Fmi peut le confirmer ». Et si les objectifs fixés ne sont pas encore atteints, cela s’explique : « D’abord dans le domaine de l’éducation, si les investissements prévus ne l’ont pas été c’est parce que ce secteur a besoin de réformes. Vous savez, en matière de réformes, ce n’est pas évident que les choses aillent plus vite qu’on l’espère. Nous avons mis plus d’un an à faire le diagnostic du système et de ce qui fait que le peu de moyens investis ne donne pas ses effets et nous avons l’impression que nos moyens sont gaspillés. Le secteur ne va pas bien. Mais est-ce qu’il faut investir de manière aveugle ? ». Pour le chef d’Etat béninois, la situation est de même pour le secteur de la santé qui fait également partie du domaine social. « Il faut également faire le diagnostic, préconiser des réformes et les mettre en œuvre. Et vous savez bien que dans ce domaine, il y a une fronde, parce que tout ce qui s’appelle réformes est mal perçue ; mal reçue, parce qu’on craint de perdre des acquis. C’est également ce qui a fait que dans le domaine de la santé nous avons desdifficultés à finaliser la réforme qui est en réflexion et à la mettre en œuvre », a déclaré le Président de la République.
Mais, Talon ne regrette rien. Il reste engagé et pense qu’il faut absolument réformer ces secteurs avant tout investissement : « Ce qui est clair : nous n’allons pas continuer à mettre nos maigres ressources dans les secteurs qui ne donnent pas une réponse positive à l’investissement…Il est important que les ressources mises à notre disposition soient utilisées à bon escient ; qu’on les utilise pour avoir des résultats visibles et rentables. Je voudrais vous rassurer que nous ferons les efforts qu’il faut pour que les investissements dans le domaine social soient productifs, effectifs et durables ».
Bénin, bon élève du Fmi
Christine Lagarde n’a pas caché aux journalistes, sa satisfaction du respect des engagements pris par le Bénin et son Gouvernement. « Le moindre qu’on puisse attendre d’un partenaire, c’est qu’il tienne ses promesses. Lorsque nous nous sommes vus en septembre 2016, je vous avais dit que si tout fonctionnait d’une manière harmonieuse et conforme aux engagements, je vous rendrais visite avant la fin de l’année 2017 ». Ainsi raisonnait la Dg du Fmi à l’entame de la conférence de presse. Et sa visite au Bénin, selon ses propres déclarations témoignent de ce que le Bénin a tenu sa parole. « Vous avez tenu parole, puisque le Conseil d’administration du Fmi, le 1er décembre 2017 a pris acte de ce qu’on appelle la première revue, sur la base de l’audit qui avait été effectué par nos équipes à partir du mois de septembre pour constater que l’ensemble des actions qui devaient être prises avant cette date l’avait été et que la deuxième tranche de financement pouvait être libérée pour permettre ainsi la poursuite du financement de l’Economie béninoise. Et moi, j’ai tenu ma promesse… On est le 11 décembre 2017. Je suis dans les délais», dira Christine Lagarde pour conclure que le gouvernement « est entrain de démontrer qu’il peut tenir ses paroles ».
Les prévisions de croissances
La situation économique du Nigeria a une importance pour le développement économique du Bénin, a rappelé Lagarde avant de déclarer que : « compte tenu de certains paramètres, notamment l’amélioration de la situation économique du Nigeria et des perspectives de réussite du Bénin, nous considérons que la performance économique du Bénin sera en 2018 supérieure à celle de 2017 ». A cet effet donc, « nous avons une prévision de 6% », va-t-elle ajouter avant de reconnaître que « c’est une perspective de croissance en amélioration très nette ».
Par ailleurs, Christine Lagarde a rendu hommage à la tradition démocratique du Bénin « qui est, elle aussi, dans le paysage que regardent les investisseurs, un atout considérable, même s’il est parfois de nature à générer des polémiques ».
Félicien Fangnon