Des millions de francs des ressources additionnelles allouées aux forces de sécurité publique sont détournés à d’autres fins, et au regard des derniers développements dans le cadre de ce dossier, les gendarmes, visiblement, sont passés maîtres dans cette matière. De loin devant la police, au niveau de ces unités, les agents ont ‘’décroché le jack-pot’’. Plusieurs s’en sont tirés avec des montants entre 1 et 5 millions, d’autres ont crevé le plafond en allant jusqu’à 10 millions. De quoi révolter l’opinion. Fort heureusement, le Directeur général de la gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Marcel Adjaho a tôt fait de prendre ses responsabilités conformément aux directives du conseil des ministres du 15 novembre dernier. Ainsi, plusieurs officiers sont mis aux arrêts de rigueur de 60 jours. Ils sont plus d’une dizaine à subir la sentence, et passeront sans aucun doute devant le conseil de discipline après avoir purgé leur peine. Si l’opinion publique s’offusquait des sommes frauduleusement soustraites au niveau des unités de la police nationale, les faits sont gravissimes à la gendarmerie nationale. En tout cas, le conseil des ministres a été on ne peut plus clair sur ce dossier, en signifiant que les agents corrompus doivent être purement et simplement relevés de leurs fonctions, en attendant de passer devant le conseil de discipline où ils risquent la radiation. C’est dire que les gendarmes mis aux arrêts de rigueur ont de quoi s’inquiéter pour leur carrière. C’est aussi cela, le prix de la corruption.
Il faut rappeler qu’au nombre des irrégularités relevées par la mission de contrôle de la gestion des ressources additionnelles annuelles, de renforcement des capacités opérationnelles et d’intervention des unités de sécurité, exercice 2017, certains chefs d’unités ont logé lesdites ressources dans leur compte personnel, d’autres se sont fait délivrer des factures fictives pour justifier leur utilisation ou ont payé indûment des primes à leurs collaborateurs, détournant ainsi les fonds de leur objectif initial. Et des chefs d’unités n’ont pas tenu à jour les registres mis à leur disposition pour l’enregistrement des opérations d’achat et de consommation de carburant. Ce sont ces faits qui ont motivé la décision du conseil des ministres du 15 novembre 2017. Le mal est visiblement ancré dans les habitudes. Mais face à la détermination du régime du Nouveau départ, aucun corps n’est épargné en matière de lutte contre la corruption. Les gendarmes indélicats l’apprennent à leurs dépens.
Richard AKOTCHAYE