Un soleil peu ordinaire s’est levé hier matin au-dessus du Tribunal de première instance de Cotonou (Tpi). Il sonne environ 9h, que déjà, un fil de véhicules s’observe à l’entrée du Tpi. La cour était noire de monde. Et, il faut se frayer un chemin pour atteindre la salle des audiences publiques. Aucun doute, les invités de la chambre des flagrants délits sont spéciaux. Au-devant des prévenus, une figure de proue de l’histoire sociopolitique du pays, Laurent Mètognon, mis au banc des accusés au même titre que Jérémie Mora, Célestin Ahonon, Saliou Aboudou Youssao et cie, dans le cadre du dossier placement hasardeux de fonds de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) à la Bibe. Ouverture de l’audience. Le juge Rodolphe Azo interpelle les détenus, mais à chaque interrogation, la réponse fut ‘’le silence’’.
Me Baparapé, du collège des avocats des prévenus, intervient donc pour démontrer l’illégalité de la procédure étant donné que ‘’le 27 novembre 2017, Laurent Mètongnon et ses coaccusés ont envoyé une lettre demandant au juge Rodolphe Azo de se déporter, et les avocats aussi, dans la même dynamique et pour un procès plus équitable, ont écrit pour récuser ce juge, soupçonné d’être proche du pouvoir’’.
Offusqué par les déclarations de l’avocat, le juge demande son expulsion de la salle. Mais, ses collègues protestèrent. Ce fut un remue-ménage. Dans la cour du Tpi, l’issue du procès tenait en haleine, parents, amis, et partisans sociopolitiques. De bouches à oreilles, on se racontait le cours des évènements dans la salle d’audience. Les esprits se surchauffaient. Les rayons solaires perdent de leur tendresse, et la chaleur devient plus imposante.
Au dehors, la foule ne dégonfle pas. Quelques usagers indiscrets du tronçon Place de souvenir-Tpi-Cnhu s’arrêtent, s’informent, et continuent leur chemin, la main à la bouche, comme si, l’atmosphère était subitement devenu invivable. En effet, à quelques encablures du Tpi, était stationné le véhicule anti-émeute de la police nationale. Quelques éléments dispersés de part et d’autres de la clôture et à l’intérieur du Tpi, portèrent un regard bien dissuasif sur les visiteurs des lieux. Bref, la sécurité est, on ne plus au top niveau.
De loin, au milieu de la foule à l’intérieur des murs du Tpi, une voix à peine audible lance : « Le procès est renvoyé au 30 janvier 2018 ». Laurent Mètognon, Jérémie Mora, Célestin Ahonon, Saliou Aboudou Youssao, Edouard Adégoké et Moussa Allassane Kemoko retournent en prison et ce, jusqu’au 30 janvier 2018, date de leur comparution, le temps de consulter la Cour Constitutionnelle sur l’exception d’inconstitutionnalité manifeste de la procédure, soulevée par la défense. Le message se répand telle une trainée de poudre. Ça grogne de toute part.
Très tôt, les mouvements d’humeurs ont pris le pas sur le sentiment de dissuasion qu’imposait l’arsenal déployé par la police national. Des paroles hostiles au régime, au procureur Togbonon et au juge Azo fusent de partout. Il sonne environ 11h30 quand des jets de pierres, de pavés sur la voie publique et des pneus furent brûlés. En réponse, des tirs de gaz lacrymogène s’ensuivent et le tronçon Place de souvenir-Tpi- Cnhu fut le théâtre d’un violent affrontement entre policiers et manifestants. Bilan : plusieurs blessés et l’arrestation de trois jeunes dont André Asse, qui seront présentés au procureur ce jeudi 21 décembre 2017. Affaire à suivre.