61 voix pour et 19 voix contre, 00 abstention. C’est par ce vote que le budget général de l’Etat, gestion 2018, a été approuvé à la séance plénière de ce jeudi 21 décembre 2017, conduite de main de maitre par Me Adrien Houngbédji, au Parlement. Transmis au Parlement le 05 Octobre 2017 dans le délai constitutionnel, le projet de loi des finances a fait l’objet d’étude pendant plusieurs semaines au sein de la Commission budgétaire de l’Assemblée nationale avant de passer au scanner ce jeudi en présence d’une délégation du gouvernement composée du ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané et de l’argentier national, Romuald Wadagni. Après lecture du rapport général de la Commission des finances et des échanges et des amendements formulés par les députés lors des travaux en Commission, les débats généraux ont été ouverts.
Le réquisitoire de la minorité parlementaire
A l’entame desdits débats généraux, le député Garba Yaya a, au nom de deux groupes parlementaires de la minorité parlementaire, fait une intervention à travers une déclaration. L’élu du peuple a d’abord reconnu l’effort des deux commissions techniques en vue de l’internationalisation dudit projet par les députés. Pour lui, le point d’exécution du budget de l’année en cours n’a suivi le canevas défini par les indicateurs macroéconomiques. Un point qui a été fait à fin Juin 2017 au lieu de 30 Septembre 2017 pour un taux d’exécution de 92% sans aucun impact positif sur la vie des populations. Il a ensuite déploré la politique d’endettement massif par le Gouvernement à travers les emprunts obligataires et les bons de trésor. Après avoir exposé les constats de la minorité parlementaire, le porte-parole s’est également demandé si la recherche du bien-être de la population est transmise dans le budget 2018 comme l’a souhaité la directrice du FMI suite à son constat relatif à l’insuffisance des mesures sociales sous le régime Talon. C’est un recul pour les opérateurs économiques, a-t-il conclu. L’honorable Garba Yaya a alors proposé la suppression des mesures et taxes antisociales perçues au cordon douanier et dont les impacts rejaillissent sur les populations à la base. Pour les députés de la minorité, c’est un projet de budget antisocial qui ne prend pas en compte les réelles aspirations, qui favorise l’enrichissement des hommes d’affaires et qui participe à l’amenuisement du panier de la ménagère.
La majorité parlementaire récuse et rassure
Face à la déclaration de la minorité parlementaire, ses collègues du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) ne sont pas allés du dos de la cuillère. Ils ont au cours du débat général, pris fait et cause pour le gouvernement rappelant les mesures sociales contenues dans le Gouvernement pour convaincre plus d’un de la nécessité d’accorder les 1862 milliards 918 millions francs Cfa prévus pour les 12 prochains mois. Prenant la parole, le député Nouhoum Bida a fait le témoignage des réalisations d’infrastructures à Djougou, Porto-Novo, Cotonou et du modèle économique qu’incarne le président Patrice Talon depuis l’avènement du Nouveau Départ. Pour son collègue Lucien Houngnibo, il faut reconnaitre et saluer la part belle de plus de 52 % du budget 2018 taillée aux investissements internes.
« Si je votais contre ce budget, Je vais noyer un début de désenclavement des 2KP, je bloquerai le projet des ponts métalliques à Kakou. Si je votais contre ce budget, je vais bloquer la construction des cités administratives à Natitingou. Par un vote négatif, je bloquerai la construction du contournement à Natitingou… » a lancé l’honorable Abdoulaye Gounou suivi de son collègue Rachidi Gbadamassi qui n’a pas tari d’éloge à l’endroit de l’Exécutif pour les efforts qu’il ne cesse de fournir pour le bienêtre de la population. A sa suite, le député Jean-Michel Abimbola a au nom du groupement parlementaire « Bénin Uni et solidaire » (Bus) énuméré quelques-unes des mesures prévues par le gouvernement pour soulager les jeunes et les femmes. Il s’agit du recrutement massif dans la fonction publique, des actions dans les secteurs de la formation professionnelle à travers l’orientation des jeunes et des innovations dans les secteurs du tourisme, du cadre de vie, des mines et de l’énergie, des infrastructures. Toutes ces mesures rassure-t-il, seront prises effectivement en compte, au regard de la volonté du gouvernement à travers le ministère des finances de prendre en compte une bonne partie des amendements de la Représentation qui ne sont que les aspirations de la population. A l’en croire, les choix budgétaires opérés et l’arrivée de la directrice du FMI au Bénin témoignent de la volonté du Président Talon de faire du Bénin une nation prospère et développée. Il a de ce fait, rappelé l’accompagnement de l’Assemblée nationale qui est contribué au développement du pays. « …Il va dans notre intérêt que nous votions tous à l’unanimité sans distinction de bord politique, sans politisation à outrance, sans jeu de couloir, le projet de budget de l’Etat, gestion 2018, afin que tous nos amendements qui pour la plupart ont reçu un avis favorable, puissent être prises en compte par le gouvernement, et pour que nous puissions jouer notre rôle de contrôle de l’action gouvernementale » a laissé entendre l’honorable Abimbola. André Okounlola, membre actif du BMP argumente qu’il s’agit d’un budget social en raison de la justesse des taxes institués sur les produits agricoles qui permettront d’accroitre les ressources internes de l’Etat. Il a toute son intervention, dédouané le gouvernement dont les efforts à son avis, méritent d’être soutenus. L’ancien ténor politique des Fcbe a rappelé à ses collègues que certaines taxes existaient depuis le régime Yayi qu’elles ont été reconduites par le président Talon dans le souci de maintenir la trajectoire. BénoitDégla s’est quant à lui, réjouit de l’écho favorable donné aux amendements formulés par l’ensemble des députés. Ce qui traduit à son avis, une écoute attentive aux cris de détresse de la population. Dans son intervention au nom du groupe Parlementaire FUD, le Professeur Mathurin Nago est revenu sur les actions sociales dans le projet 2018 dont entre autres, les nouveaux recrutements d’agents au profit de différents secteurs, l’opérationnalisation du RAMU au profit des populations en attendant la mise en œuvre de l’ARCH, la gratuité de la césarienne et les soins de santé, la relance des cantines scolaires, les projet d’adduction d’eau, la construction des logements sociaux. Tout ceci pour couvrir les besoins sociaux des populations. C’est un projet qui prévoit également la transformation structurée de l’économie, a-t-il martelé. Au nom du groupe parlementaire PRD, l’honorable Edmond Zinsou ajoutera que le budget 2018 montre la volonté du gouvernement et reflète le savoir-faire du chef d’Etat dont le souci permanent est d’apporter une amélioration généralisée au bien-être de tous les Béninois. Pour sa part, OrdenAlladatin a estimé qu’il n’était pas évident que le gouvernement du Bénin atteigne le taux de 92% d’exécution du budget 2017, du fait de la conjoncture économique qui sévit dans la sous-région. Ce n’était pas gagné d’avance. Le budget 2018 est à son avis, aussi ambitieux que le précédent malgré la régression. Il complimente l’Exécutif et son chef pour les sacrifices qui seront consentis pour que la bonne part taillée aux secteurs de l’eau, de l’habitat, de l’éduction puisse être effective en 2018.
Les clarifications du ministre des finances, Romual Wadagni
Dans son intervention, le ministre de l’économie et des finances, Romuald Wadagni est allé point par point sur l’intervention groupée de la minorité parlementaire à travers la déclaration lue par leur porte-parole, pour mieux faire comprendre les efforts faits. L’argentier national a d’abord rejeté en bloc le réquisitoire qui pointe du doigt le gouvernement comme étant dans l’impasse pour ce qui concerne le taux d’exécution du budget de l’année en cours. Il a apporté des clarifications sur les taxes instituées et les réalisations faites tout en reconnaissant que le gouvernement n’est pas dans le schéma du populisme qui lui aurait permis de vanter ses activités. Il a ensuite dressé la liste des mesures sociales prises pour battre en brèche l’argument selon lequel le régime du Nouveau Départ serait un régime antisocial. Selon ses explications, aucune des mesures sociales existant sous le régime Yayi n’a été supprimée. Il en a fait une longue liste puis clarifier qu’elles ont été plutôt renforcées et rénovées pour apporter plus d’impact positifs à la population.
Après ses explications et les clarifications de la Commission des finances, le texte de loi d’une cinquantaine d’articles et subdivisé en deux parties a été examiné et adopté. Mais avant, le président de séance a recouru au système du « Vote Assis-débout » compte tenu de la stratégie à peine voilée de certains députés d’embrouiller les résultats du vote pour enfin déposer un recours contre le budget voté selon les interventions de certains députés. Il s’agit d’une disposition de l’article 56 du Règlement intérieur qui prévoit le vote assis-débout en cas de doute sur le résultat du vote à main levée.
Germin DJIMIDO