Le Chef de l’Etat a réaffirmé son engagement à en finir avec la corruption le vendredi dernier face aux députés. Seulement, c’est un engagement qui peine à rassurer les populations.
Très critiqué au sein de l’opinion pour la lutte sélective menée contre la corruption, le président de la République a montré le 22 décembre dernier au Parlement sa détermination à poursuivre la bataille. Lors de son discours sur l’état de la Nation, Patrice Talon a en effet souligné la nécessité d’engager tout le Bénin « dans la voie de la bonne gouvernance». «C’est le lieu pour moi de réaffirmer mon engagement et ma détermination à mener ce combat sans état d’âme. Il est d’autant plus nécessaire que la corruption a atteint, depuis de longues années maintenant, un seuil insupportable et constitue un frein à l’essor économique de notre pays», a-t-il indiqué. Il poursuivra : «Aussi, l’impunité, qui en assure la perpétuation, ne doit-elle plus avoir droit de cité au Bénin». Des phrases fortes qui traduisent apparemment la volonté d’un homme de réduire la corruption. Patrice Talon compte coûte que coûte persuader le peuple. Mais visiblement, il n’y arrive pas. Ses actes ne révèlent pas encore cet engagement. Le peuple espérait beaucoup mieux de lui. Depuis 18 mois, le Chef de l’Etat fait des choix très critiquables. Beaucoup ont l’impression que la lutte contre la corruption est orientée. Le gouvernement fait croire que seule une catégorie de personnes aurait le devoir de justifier sa gestion devant la justice. Une analyse des dossiers de corruption dans lesquels des poursuites judiciaires ont été engagées depuis avril 2016 montre clairement qu’aucun proche du Chef de l’Etat n’est encore inquiété. Pourtant, il existe de grands scandales dans lesquels certains laudateurs de Patrice Talon doivent pouvoir laver leur honneur. Il y en a une dizaine. Il y a entre autres l’affaire Cen-Sad, l’affaire Icc-Services et consorts, l’affaire machines agricoles, le dossier Dangnivo, le dossier chantier du nouveau siège de l’Assemblée nationale, le scandale Maria Gléta et l’affaire Ppea 2. Ces affaires portant sur des milliards de Franc Cfa qui restent aussi rocambolesques les unes que les autres n’intéressent pas encore le gouvernement. L’Exécutif feint de les ignorer. Evidemment, des collaborateurs du Chef de l’Etat ou encore des soutiens politiques très influents pourraient être jetés en prison. Et visiblement, Patrice Talon ne veut pas prendre le risque de se séparer de ces fidèles. Il préfère s’occuper des dossiers impliquant ses opposants ou encore des syndicalistes encombrants. Le manège est bien compris. Le peuple n’est pas dupe. Il a bien assimilé le jeu flou du Chef de l’Etat. Aucun discours ne pourra donc le convaincre. Patrice Talon fait diversion.
Mike MAHOUNA