Un monstre à 5 têtes composé pour la plupart d’ouvriers de 25ème heure.Voilà le visage du Comité de pilotage du Bloc de la majorité présidentielle (Bmp). Il est composé de 22 membres avec à sa tête un comité d’orientation et de supervision de 5 membres qui ont tous rang de président. Il s’agit de Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, KolawoléIdji, Mathurin Coffi Nago et Robert Gbian. 5 présidents qui devront prendre les décisions pour le compte d’un comité de 22 membres sur la soixantaine de députés soutenant les actions du gouvernement. C’est la nouvelle trouvaille de Patrice Talon pour imposer une discipline de groupe à cette majorité hétéroclite. Mais vu le passé de ces présidents et les enjeux à venir, on est en droit de se poser des questions sur la longévité de cette entente circonstancielle. Même si Patrice Talon les a tous mis sur le même piédestal, la guerre de leadership ne tardera pas à faire rage entre d’éternels ennemis politiques et entre soutiens de première heure et d’autres soutiens encombrant qui frisent l’opportunisme politique. Et pour cause…
Bruno Amoussou
La rivalité entre Bruno Amoussou et Adrien Houngbédji est séculaire. Ouvrier des premières heures de l’avènement de Talon, le Renard de Djakotomè voit-il de bon œil la place de plus en plus prépondérante du Prd au sein du Bmp ? C’est une chose qu’il accepte de partager la présidence du comité d’orientation et de supervision avec Adrien Houngbédji. Mais c’en est autre de le voir s’accaparer du Bloc sous prétexte que c’est son parti qui dispose du plus grand nombre de députés. Bruno Amoussou a déjà perdu beaucoup de plume pour avoir soutenu Patrice Talon en 2016. De son vivant, il a assisté à la division des membres du Psd, parti qu’il a créé et dirigé pendant des décennies. L’Union fait la nation dont il est le président n’est plus que l’ombre d’elle-même. Tout ceci pour finir par se contenter d’un membre au gouvernement alors que le Prd en réclame deux. Au sein du comité de pilotage, il n’y a pas de doute qu’entre les deux, la guerre de leadership fera encore une fois rage.
Adrien Houngbédji
Tout pour le Prd et les miettes pour les autres. Voilà la logique de Adrien Houngbédji au sein du Bmp. Et chaque fois qu’il en a l’occasion, le leader des Tchoco-choco ne cesse de rappeler au Chef de l’Etat combien le soutien du Prd, (10 députés, 5 maires, des chefs d’arrondissement et de chefs villages) lui sera précieux. Complexé par l’étiquette d’ouvrier de 25ème heure qui lui colle à la peau, Adrien Houngbédji est dans une perpétuelle opération de charme. La dernière en date, c’est l’exploit d’interrompre une déclaration de la minorité parlementaire à la tribune de l’Assemblée nationale sous le fallacieux prétexte d’un supposé outrage au Chef de l’Etat. On croyait rêver. Même au sein de la majorité présidentielle, certains ne partagent pas cette manière cavalière de prendre fait et cause pour Patrice Talon. Ils estiment qu’il aurait dû laisser la déclaration aller à son terme et offrir la possibilité aux députés de la majorité d’apporter la réplique. Désigné président au même titre que Bruno Amoussou, l’opportunisme politique de Houngbédji ne finira-t-il par mettre en péril ce comité ?
Kolawolé Idji
Vice-président de l’Un, la position de KolawoléIdji à la présidentielle de 2016 a été très ambigüe à l’image de celle de son mentor SéfouFagbohoun. Mais très proche de Bruno Amoussou avec lequel il partage le même rêve de regroupement des partis politiques, IdjiKolawolé constitue un poids qui va très vite peser du côté de Bruno Amoussou en cas de conflit de leadership. Mais il risque de voir ses intérêts sacrifiés au profit de ceux du Renard de Djakotomè. Ce qui pourrait à la longue être la cause de frustration.
Mathurin Coffi Nago
C’est aussi un ouvrier de 25ème heure qui a le mérite d’avoir l’oreille du Chef de l’Etat. La preuve, il a pu faire entrer l’un des siens (KakpoMahugnon) au gouvernement. Il est, avec DakpèSossou, l’un des acteurs de la perte successive des fiefs traditionnels du Psd dans le Mono. Mais les deux, n’auront pas la même visibilité au sein du Bmp. Patrice Talon a sacrifié DakpèSossou, soutien de première heure au profit de Mathurin Coffi Nago. Ce qui risque de compliquer désormais la relation qu’ils entretiennent au sein des Fdu. Voilà une rivalité naissante qui risque de diviser le parti. Bruno Amoussou et Mathurin Coffi Nago se livrent déjà une guerre froide sur le terrain, le risque est grand qu’ils la transposent au sein du comité d’orientation et de supervision.
Robert Gbian
Il est le seul parmi le lot à n’avoir jamais été président de l’Assemblée nationale. Même s’il est aujourd’hui 2ème vice-président du Parlement, sa très peu expérience parlementaire ne milite pas en sa faveur dans un groupe de gens qui ont toujours été élu député et 2 à 4 fois président de cette institution. La voix de Robert Gbian comptera peu dans les décisions et ceci peut être source de conflit surtout quand on sait qu’il est le seul leader du septentrion dans la lot.
Et si Houngbédji prenait de la hauteur ?
Que cherche Adrien Houngbédji au sein du Comité de pilotage du Bloc de la majorité présidentielle ? Non content d’engager son parti le Prd dans la mouvance, Adrien Houngbédji cherche à jouer les premiers rôles au point de vouloir ravir la vedette à Bruno Amoussou. Pourtant, le président de l’Assemblée nationale incarne une institution chargée du contrôle de l’action gouvernementale. Mais depuis quelques temps, Me Adrien Houngbédji se pose en défenseur du gouvernement. Avec toute son expérience, Adrien Houngbédji est aujourd’hui maître dans l’art de musellement de l’opposition parlementaire, tant le besoin d’avoir les faveurs de Patrice Talon prime sur la défense des acquis démocratiques. Un parti pris qui inquiète plus d’un et qui risque de mettre la démocratie en danger. Lui qui dénonçait la télécommande non vertueuse en début de mandant a non seulement mordu à l’appât du pouvoir mais rivalise d’ardeur pour écarter de ‘’la marmite’’ tous ceux qui étaient là bien avant lui. On peut soutenir sans transformer le Parlement en caisse de résonance. Presque au terme de sa carrière politique, c’est maintenant que les Béninois découvrent le vrai visage de Adrien Houngbédji. Un homme qui n’hésite pas à œuvrer pour la vassalisation de l’institution parlementaire au profit des intérêts égoïstes de son clan.
B.H