La courbe de l’insécurité est en pleine ascendance à Djougou. Ne vous y trompez pas, ce n’est pas une question liée à ces périodes de fêtes de fin d’année. Djougou vit l’enfer depuis plusieurs semaines déjà. Tenez ! Dans la soirée du mardi 26 décembre, aux environs de 21h30, le sieur Issa Tawabi, opérateur économique, exportateur d’essence vers les pays de l’hinterland, a été froidement abattu à son domicile sis au quartier Gah dans le 1er arrondissement. Ce crime a tout l’air d’un assassinat, étant donné d’une part, que les assaillants n’ont rien dérobé à la victime et d’autre part, parce que le frère ainé à ce dernier a fait objet de filature quelques jours auparavant et a subi une agression physique avant d’être dépossédé d’une importante somme d’argent. Il y a trois mois de cela, dame Kpatindé, directrice d’école à la retraite et commerçante, domiciliée au quartier Sero-pago à 100m de la compagnie de gendarmerie, s’est fait braquée au portail de sa maison. Bilan : une blessure par balle et environ trois millions de francs Cfa emportés. Dans un passé encore plus récent, un conducteur de taxi-moto fut ligoté et dépossédé de sa moto au vu et au su de tout le monde. C’était comme à Hollywood. Le scénario est tout simplement dramatique. Les exemples sont légions. Vivre ou circuler à Djougou, en toute quiétude, est une grâce. Pourtant, l’Etat a le devoir constitutionnel d’assurer la sécurité à ses concitoyens. D’ailleurs, cela fait partie des symboles qui identifient ou caractérisent l’appartenance de l’individu à une Nation. Le paradoxe ici, est que Djougou n’est pas un désert en termes d’institutions ayant pour mission d’assumer cette charge. Ce lopin de terre du département de la Donga abrite 4 commissariats de police, une compagnie de gendarmerie et la cerise sur le gâteau, 1 camp militaire. La question qui vient tout de suite à l’esprit est bien évidemment, à quoi sert cette ‘’horde’’ d’institutions dont l’objectif commun est la sécurité des personnes et des biens.
A leur décharge, l’inexistence dans cette localité d’unités spécialisées de la police telles que, la Brigade de recherches et d’interventions (Bri), la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) et la Brigade anti-criminalité (Bac) qui ont pourtant joué un rôle prépondérant dans la maîtrise de la sécurité dans plusieurs grandes villes du pays comme Cotonou, Abomey-Calavi ou Porto-Novo. Et les approches qui produisent des résultats peuvent être dupliquées autant que faire se peut. Selon le dernier recensement (Rgph4) de l’Institut national des statistiques et d’analyses économiques (Insae), elle occupe une place non moins importante après Cotonou et Abomey-Calavi.
Aussi, depuis la révélation d’un marché d’esclave en Lybie plusieurs natifs de cette localité vivant dans ce pays et en Algérie, leur destination de prédilection, sont rentrés au bercail. Ils ont retrouvé la terre de leurs ancêtres. Il faut également prendre en compte la proximité de Djougou avec le Togo qui vit une instabilité au plan politique. La migration vers le Bénin, notamment à Djougou paraît un eldorado pour ce peuple, et ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Dans un contexte pareil, c’est une évidence que l’insécurité connaisse des pics.
Il faut vite agir, pour éviter le pire. Une chose est claire chacun devrait jouer sa partition pour la construction de l’édifice Bénin et, cela passe d’abord et avant tout par la sécurité des uns et des autres. Ce n’est pas trop demandé pour les fils et filles de Djougou.
Arnaud DOUMANHOUN