Considéré à tort au à raison comme le maillon faible des priorités de développement, le volet social revient désormais au cœur des préoccupations du gouvernement. Le discours du président de la République, Patrice Talon sur l’état de la nation à l’hémicycle, vendredi 22 décembre dernier, en dit long sur les ambitions du Nouveau départ de reconsidérer le secteur.
Le volet social ne sera plus oublié dans les grands discours de gouvernance. Longtemps demeuré quelque peu ‘’le parent pauvre’’ des priorités de développement. Le gouvernement du Nouveau départ entend désormais lui conférer une place de choix. Le message du président de la République sur l’état de la nation dévoile un aperçu des réalisations prochaines au profit du secteur et augure des perspectives heureuses dans le domaine.
Là-dessus, un signal fort avait déjà été donné lors du remaniement ministériel du 27 octobre dernier avec l’extraction des Affaires sociales du portefeuille de la Fonction publique et leur articulation avec le volet Microfinance. Cette réforme dénote de la volonté du pouvoir en place à réorganiser la charpente de l’équipe ministérielle, « pour plus d’efficacité et de performance dans la gestion de ces problématiques », a souligné le chef de l’Etat devant la représentation nationale.
Selon lui, l’action du gouvernement au plan social vise à assurer l’égalité des soins de qualité et des avantages sociaux. C’est la raison d’être du projet d’Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch), dont les premières prestations seront perceptibles vers la fin de l’année 2018, projette le président Patrice Talon.
« En dépit de la rigueur budgétaire, mon gouvernement a fait du social une des priorités de son action. Il accentuera ses efforts pour que l’année 2018 et les autres à venir riment avec l’amélioration soutenue de la situation de l’emploi et du panier de la ménagère », poursuit-il.
Au-delà des promesses, il importer d’imprimer une nouvelle dynamique à travers plus d’actions tangibles pour dissiper les inquiétudes des partenaires sociaux et combler les attentes des populations. Les Béninois dans leur quête du bien-être s’impatientent de connaître une amélioration sociale. Quatre mois encore et la Rupture aura bouclé le délai des deux années d’attente qu’elle a fixé au peuple dans le cadre de la concrétisation des premiers fruits de sa gouvernance. En attendant, la morosité économique est ambiante et gagne du terrain.
Après le message du chef de l’Etat sur l’état de la nation, ce qui compte désormais aux yeux de nombre de citoyens béninois, ce sont des réalisations physiques portant la marque du Nouveau départ. Des attentes légitimes pour un peuple qui aspire au développement !
Combler les attentes
Pour le président de la République, « la mise en place préalable et déterminante des bases solides pour un développement économique et social durable ne doit pas céder à l’urgence des attentes ». Pour autant, l’on ne peut plus reprocher au peuple son manque de patience.
Du 22 décembre 2016, date du premier discours du chef de l’Etat sur l’état de la nation, au 22 décembre 2017, les Béninois n’ont pas le sentiment que les lignes ont véritablement bougé dans le secteur social, en dehors de la relance de la nouvelle génération du programme de microcrédit aux plus pauvres et la distribution de matériels aux groupements féminins et aux centres de promotion sociale. La réforme phare se limite, aux yeux de certains, au projet Arch. Là encore, seules les réalisations concrètes frappées du sceau de la Rupture pourront les convaincre de ses bonnes intentions annoncées. « Le temps de la fondation qui est toujours un temps non apprécié à sa juste valeur par l’opinion, paraît un temps perdu », reconnaît le président de la République lui-même.
Si l’écho du malaise social se fait de plus en plus persistant et parvient au gouvernement, l’urgence doit aller au-delà des promesses.
« Je connais notre pays. Je connais ses forces et ses faiblesses. Je connais aussi les attentes des populations. Ce sont elles qui nous commandent d’agir comme nous le faisons depuis bientôt deux ans, en dépit des multiples difficultés. Mais prétexter de ces difficultés pour ne rien changer serait comme organiser un suicide collectif », assure le président Patrice Talon.
Dès lors que le régime en place a posé déjà le diagnostic nécessaire, il lui importe maintenant de circonscrire le mal pour soulager le peuple. Il est attendu plus de dynamisme dans la mise en œuvre effective des réformes sociales afin de combler la soif des populations. Le souhait pour l’exercice du chef de l’Etat devant la représentation nationale en 2018 serait qu’il s’attarde sur le bilan au profit du secteur social au détriment des promesses.
L’heure de l’action doit donc sonner pour amorcer le décollage économique et social tant attendu. 2021, c’est aujourd’hui?
Maryse ASSOGBADJO