Le dialogue social est en berne au Bénin. En tout cas, depuis l’avènement de la “Rupture“, des menaces de boycott ou de débrayage sont fréquemment brandies par les partenaires sociaux dans plusieurs secteurs. A l’origine, l’absence d’un dialogue franc autour de la satisfaction de la plateforme revendicative des organisations syndicales et surtout le retrait de droit de grève aux travailleurs des secteurs de la santé, justice et sécurité. Et déjà, une série de grèves s’annonce en ce début d’année dans plusieurs secteurs d'activités. Et ceci, dès ce jour, mardi, 02 janvier 2018.
Alors que les syndicats de la justice annonce une grève pour le 2 janvier, la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin veut se faire entendre le 9 janvier à travers un vaste mouvement de paralysie générale de l’administration. Si les syndicats de la plateforme portuaire de Cotonou se mobilisent pour répliquer au gouvernement suite à sa décision de confier la gestion du Port à la Société Port of Antwerp International, le Collectif des syndicats de la santé annoncent des assemblées générales sur toute l’étendue du territoire national à partir du 06 janvier 2018. La crispation du climat social semble désormais atteindre son paroxysme sous la Rupture notamment avec la loi portant retrait du droit de grève aux travailleurs des secteurs de la santé, de la justice et de la sécurité. Du mouvement de paralysie des syndicats des secteurs de la santé et de la justice au retrait des centrales syndicales des activités du Conseil national du dialogue social sans oublier la nouvelle menace de paralysie des responsables syndicaux de la plateforme portuaire de Cotonou, le gouvernement de la Rupture semble avoir lamentablement échoué sur le chantier du dialogue avec les partenaires sociaux. Pour la plupart des syndicats, le gouvernement du “Nouveau départ” n’a cessé d’entretenir un faux dialogue social avec à la clé, des marchés de dupe. Avec la récente gève des agents de la santé, le pire a été frôlé. Dans le secteur de la justice, la ruse a été vite comprise et un moratoire est toujours en cours. Au Port autonome de Cotonou, les syndicalistes sont sur pied de guerre depuis qu’ils ont compris la stratégie de marchés de dupe du gouvernement et une grève semble inévitable.
Santé : des AG prévues sur tout le territoire national le 6 janvier
Menaçant déjà de paralyser le secteur de la santé avant l’avènement du régime du « Nouveau départ », les syndicats des agents de santé ont subitement suspendu tous les mouvements, quelques jours seulement après l’élection du Président Patrice Talon. Les revendications venaient d’être satisfaites ou juste une lueur d’espoir ? La promesse de la mise sur pied d’une commission de base pour étudier les revendications leur a été faite. Mais le rapport de la Commission n’a toujours pas permis de donner satisfaction aux agents de santé. Mais le vrai visage du gouvernement ne sera dévoilé qu’au niveau de la mise en œuvre des réformes sanitaires. Après avoir exprimé un désaccord au sujet de la composition de la Commission des réformes, on a voulu éviter que les nerfs soient tendus en intégrant un paramédical. Ensuite, ce fut le rapport de la commission qui fera l’objet de la polémique. Le dégel de la crise tardant à venir, le Chef de l’Etat a dû s’asseoir à la table des négociations pour solutionner la crise. Mais avec le retrait du droit de grève à ces derniers, il est clair que le pire reste à craindre. Très révoltés, les syndicats annoncent des assemblées générales sur toute l’étendue du territoire national à partir du 06 janvier 2018…
Justice : la grève démarre ce jour
Quelques jours seulement après la décision de suspension de la grève dans le secteur de la justice, les responsables syndicaux ont récemment haussé le ton pour dénoncer une duperie de la part du gouvernement. A l’origine de ce mécontentement, le non-respect des conclusions des négociations par le gouvernement notamment en ce qui concerne la composition et le cahier des charges de la commission d’étude des revendications. Ainsi, les secrétaires généraux du Syntrajab, Syntra-justice, l’Unogec-Bénin et de l’Unp-Justice menacent de paralyser le secteur avant même l’expiration du moratoire accordé au gouvernement. A deux jours de l'expiration du moratoire accordé au Chef de l'État sur sa demande, le collectif des syndicats a décidé de reprendre le flambeau de la lutte dès le 02 janvier 2018 tel qu'indiqué dans la motion de suspension. Faut-il le rappeler, lors des négociations initiées lors des récentes grèves, il a été convenu que certaines revendications soient étudiées au sein d’une grande commission à mettre en place. « Contre toute attente, le 06 novembre 2017, à travers des rumeurs, nous avons appris que l’arrêté créant la commission a été pris et serait en train d’être notifié. Poussant notre curiosité, nous avons constaté que cet arrêté ne traduit nullement les conclusions des négociations en ce qui concerne sa composition. Pire, le cahier des charges de la commission a occulté les autres revendications » lit-on dans la correspondance adressée au Garde des sceaux, ministre de la justice. La situation a été simplement envenimée avec le retrait du droit de droit de grève. Même son de cloche chez la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB). La Confédération annonce une grève générale des travailleurs qui sera déclenchée à compter du 9 janvier 2018. Les syndicalistes ont également boycotté récemment le Conseil sectoriel du dialogue social de l’enseignement secondaire.
Aziz BADAROU