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Bénin : la justice paralysée par un mouvement de grève (SYNTHESE)
Publié le jeudi 4 janvier 2018  |  Xinhua
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© Autre presse par DR
Le symbole de la justice




COTONOU -- Les tribunaux et cours d'appel étaient toujours paralysés mercredi au Bénin par une grève de 72 heures déclenchée la veille par quatre organisations syndicales. Celles-ci exigent du gouvernement l'abrogation pure et simple de dispositions de la loi sur le statut de la fonction publique qui retirent l'exercice du droit de grève aux agents de la justice, de la santé et de la sécurité, a-t-on constaté sur place.

Il s'agit du Syndicat national des travailleurs et travailleuses des services judiciaires et assimilés (SYNTRAJAB), du Syndicat national des travailleurs de la justice (SYNTRA-Justice), de l'Union nationale des officiers de justice et greffiers en chef du Bénin (Unogec-Bénin) et de l'Union nationale du personnel de la justice (UNP-Justice).

Les portes des salles d'audiences du palais de justice de Cotonou étaient ainsi fermées mercredi. Toutes les activités juridictionnelles, d'audience, d'instruction, les travaux de secrétariat, d'audiencement ou encore de délivrance des actes ont été annulées.

Les greffiers et le personnel non magistrat de la cour d'appel et ceux du tribunal de Cotonou exigent du gouvernement "la satisfaction totale de leurs diverses revendications", a confié à Xinhua Youssouf Abdoulaye, vice-président de l'Unogec-Bénin.

Selon l'Agence béninoise de presse (ABP), ce mouvement de grève est également suivi dans les autres départements du pays, où les cours d'appel et tribunaux sont paralysés.

Au tribunal de première instance de 2e classe de Natitingou, une ville située à plus de 600 km au nord-ouest de Cotonou, "des usagers déboussolés errent dans la cour où déambule un agent de sécurité. La salle d'audience est ouverte, mais vide. Le secrétariat du greffe, les services administratifs, les bureaux des greffiers et autres sont hermétiquement fermés", a rapporté l'ABP.

C'est en poursuivant l'examen de la proposition de loi portant statut de la magistrature que les députés ont retiré l'exercice de droit de grève aux magistrats. Face à ce vote, le bureau exécutif de l'Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) a fait observer que le droit de grève est consacré par les articles 31 de la Constitution et 8 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

"Il en résulte que le droit de grève, en tant que liberté fondamentale, ne peut faire l'objet d'interdiction. La Constitution n'accorde au législateur que le pouvoir d'en définir les conditions de jouissance", a-t-il souligné dans un communiqué en dénonçant "le vil dessein" des députés qui veulent "fragiliser le pouvoir judiciaire".

Désapprouvant cette "violation flagrante" de la Constitution et du Pacte international, l'UNAMAB appelle à la mobilisation de tous les citoyens et invite les magistrats à une assemblée générale extraordinaire jeudi au palais de justice de Cotonou.
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