Alors qu’on pensait que la crise au niveau du secteur de la santé est définitivement solutionnée après la séance d’échanges tenue avec le Chef de l’Etat en personne au Palais de la République, le Collectif des syndicats de la santé pourrait paralyser à nouveau les hôpitaux d’ici peu. Et ceci, en raison d’une “politique de ruse“ usée pour ôter le droit de grève aux travailleurs du secteur de la santé. Après une première séance de concertation la semaine écoulée entre les secrétaires généraux des syndicats du Collectif, il a été décidé d’organiser des assemblées générales avec les bases à travers tout le pays pour leur faire parvenir l’information et recueillir leur avis avant toute action de riposte. Ainsi, dès samedi, 06 janvier 2018, les responsables syndicaux du Collectif feront le déplacement dans tous les départements du Bénin. Le calvaire des patients semble encore loin de connaitre une fin. Et pour cause, les syndicats de la santé se disent victimes d’un marché de dupe de la part du gouvernement et dénoncent un faux dialogue social entretenu jusqu’ici sans grands acquis syndicaux. Rappelons que ces syndicats, menaçant déjà de paralyser le secteur de la santé avant l’avènement du régime du « Nouveau départ », avaient subitement suspendu tous les mouvements, quelques jours seulement après l’élection du Président Patrice Talon. Les revendications venaient d’être satisfaites ou juste une lueur d’espoir ? A en croire le porte-parole du Collectif des syndicats de la santé, Adolphe Houssou, le gouvernement leur a promis qu’une commission de base sera mise en place pour étudier les revendications en vue de leur donner gain de cause. Ce qui fut fait mais malheureusement, le rapport de la Commission n’a toujours pas permis au Conseil des ministres d’apporter les solutions qui s’imposent à leurs préoccupations. Mais le vrai visage du gouvernement ne sera dévoilé qu’au niveau de la mise en œuvre des réformes sanitaires. Après avoir exprimé un désaccord au sujet de la composition de la Commission des réformes, on a voulu éviter que les nerfs soient tendus en intégrant un paramédical. Ensuite, ce fut le rapport de la commission qui fera l’objet de la polémique. Le dégel de la crise tardant à venir, le Chef de l’Etat a dû s’asseoir à la table des négociations pour solutionner la crise. Mais l’accalmie ne sera que de courte durée. Le Collectif des syndicats de la santé fustige le retrait du droit de grève aux travailleurs de certains secteurs de l’administration publique et déplore le niveau de satisfaction de leurs revendications. ‹‹Le retrait du droit de grève à la santé est une manière de nous réduire au silence, de nous empêcher de réagir, si le Président et son gouvernement ne respectaient pas leur engagements››, dénonce Adolphe Houssou. Pour lui, depuis la suspension de la grève, le Gouvernement n’a plus réagi par rapport au processus de mise en œuvre des réformes dans le secteur de la santé. Selon ses propos, les engagements pris en ce qui concerne les rappels de la prime de risque n’ont pas été respectés. ’’Le vote de cette loi est certainement le signe annonciateur de la mise en exécution à pas forcés des réformes visant à privatiser les hôpitaux’’, fustige le syndicaliste. La menace de grève sans service minimum est d’ores et déjà brandie.
Aziz BADAROU