Mercredi 3 janvier 2018, premier conseil des ministres de la nouvelle année. À leur grande surprise, les téléspectateurs découvrent sur leur petit écran, après le Journal de 20h, Joseph Djogbénou au pupitre pour l'exercice de lecture du compte rendu et de réponses aux questions des journalistes. Pour une première apparition du Garde des Sceaux dans ce rôle, ce fut un fiasco. Actualité oblige, l'avocat personnel du chef de l'État avait du mal à convaincre une mouche sur le retrait du droit de grève à certains corps de l'administration publique par les députés soutenant les actions du gouvernement. Un acte très controversé dans l'opinion mais que cautionne visiblement l'Exécutif, en attendant l'arbitrage de la Cour constitutionnelle. Il fallait voir l'Agrégé des Facultés de Droit se débattre. En tout cas, pour qui a bien suivi les lèvres et les gestuels de Fifamin Joseph Djogbénou, inutile de dire que c'est l'une des rares fois qu'on le voit aussi embarrassé, bégayant et cherchant les mots justes. Et pour cause. C'était une question piège à lui adressée, puisqu'il y a trois ans seulement, sous le régime défunt de Yayi Boni, l'ex activiste de la société civile avait défendu et marché contre le retrait du droit grève aux mêmes magistrats. Quelle mouche a donc piqué Patrice Talon pour qu'il envoie au charbon son ministre de la Justice dans un tel contexte qui ne lui est pas du tout favorable ? Est-ce pour réussir là où un certain Pascal Irénée Koupaki a dû jeter l'éponge? Est-ce la seule fois que Djogbénou sera devant les Béninois dans ce rôle de porte-parolat? Autrement dit, la sortie du ministre Garde des Sceaux est-elle ponctuelle ou cela sera réédité ? Si oui, le président de la République n'est pas encore au bout de ses peines. Il devra poursuivre avec la détection du bon joueur, car en matière de communication, il y a le porteur du message et sa représentativité qui comptent. Si Koupaki a été obligé de laisser tomber le point hebdomadaire du conseil des ministres, c'est parce que lui-même a compris que dans l'opinion ça ne passait pas. Et deux raisons expliquent cela. La première, les Béninois conçoivent mal qu'un ancien super premier ministre sous Yayi Boni soit réduit à cette tâche de" ministre lecteur". La deuxième raison fondamentale est que l'homme est supposé être au cœur de plusieurs dossiers qualifiés de scandales (sous le régime défunt) qu'il vient défendre sous Patrice Talon. La seconde raison semble jouer contre le ministre Djogbénou. Beaucoup estiment que c'est tout le contraire de ce qu'il a avait combattu ces dix dernières années qu'il avalise aujourd'hui dans l'exercice du pouvoir d'État. Même ses anciens amis de la société civile, ses étudiants, dans les discussions en coulisse, n'arrivent pas à s'expliquer la versatilité de l'universitaire. Quelles communications le gouvernement veut.il alors fait passer à travers la personne décriée de Joseph Djogbénou? À quelles cibles? Et pour quels résultats ?
Au regard de tout ce qui précède, le Chef de l'État gagnerait à confier autre rôle que celui de porteur de paroles et défenseur du gouvernement à son Garde des Sceaux.
Worou BORO