Le climat s’est crispé davantage au Bénin depuis quelques jours notamment avec le vote de la loi portant retrait du droit de grève aux travailleurs des secteurs de la santé, de la justice, de la sécurité ainsi qu’aux magistrats. Une pilule qui ne pourra passer facilement. En tout cas, avec les menaces syndicales qui fusent de toutes parts, le gouvernement devra faire face à une véritable fronde sociale dès ce jour, lundi, 08 janvier 2018. Si les syndicats de la justice ont déjà déclenché un mouvement de grève de 72h reconductible par tacite reconduction depuis mercredi dernier, les magistrats n’entendent même pas garantir le service minimum. L’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) a décidé, au cours d’une Assemblée générale, tenue ce jeudi 04 janvier, à Cotonou, d’observer un mouvement de grève de 5 jours sur 5 à compter de ce jour. Ceci pour riposter contre le retrait du droit de grève aux magistrats. « En décidant de sacraliser le droit de grève, le constituant a engagé l’Etat à reconnaître et garantir ce droit à tous les travailleurs, y compris les forces de défense et de sécurité…l’Assemblé nationale a, le 28 décembre 2017, retiré subrepticement le droit de grève aux agents de la santé, de la justice et de sécurité. Non satisfait de ce coup de force constitutionnel, le 02 janvier 2018, lors de l’examen de la loi portant statuts de la magistrature, l’Assemblée nationale a confirmé son désir d’en découdre avec les magistrats en leur retirant le droit de grève par une disposition introduite dans cette loi…Ne pouvant tolérer un recul démocratique, ni une vassalisation du pouvoir judiciaire et de ses acteurs, l’Unamab estime qu’il urge de riposter avec vigueur à la liquidation amorcée de la démocratie béninoise acquise de hautes luttes.C’est pourquoi, elle décide d’observer, à compter du lundi 08 janvier 2018, jusqu’au retrait de cette disposition liberticide de la nouvelle loi portant statuts de la magistrature, un mouvement de grève de protestation de cinq (05) jours, tacitement reconductible, du lundi au vendredi » lit-on dans la déclaration de presse des magistrats.
Les Centrales syndicales menacent également…
Six centrales et confédérations syndicales dont la Cgtb, la Cosi-Bénin, la Cstb, l’Unstbétaient en assemblée générale vendredi, 05 janvier 2018 à la Bourse du travail à Cotonou. Au cœur des débats, le retrait du droit de grève aux agents de la santé, de la justice et de sécurité. Pour le secrétaire général de la Csa-Bénin Anselme Amoussou, retirer le droit de grève aux travailleurs est loin d’être une solution, c’est plutôt un autre problème que le gouvernement se crée avant de s’interroger sur la qualité des prestations que fournira un personnel démotivé et incapable de réclamer ses droits. Quant à l’arbitrage de la Cour constitutionnelle Anselme Amoussou explique que la haute juridiction avait déjà cautionné le retrait du droit de grève aux douaniers. Ce ne serait donc pas surprenant qu’elle approuve cette loi votée par les députés, selon lui. Pour le syndicaliste, seule la mobilisation de la classe ouvrière permettra d’empêcher la promulgation de cette loi. Noël Chadaré, le Secrétaire général de la Cosi-Bénin estime que les acquis de la conférence nationale sont sérieusement menacés par le régime en place. Ainsi, des assemblées générales sont prévues dans tous les départements avec les bases en vue d’une riposte concertée. Un géant sit-in est également prévu pour vendredi prochain. Quant à la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (Fesen), elle annonce une grève dans les établissements scolaires dès demain, mardi 09 janvier 2018. Les syndicats de la santé poursuivent des séances d’échanges avec leurs bases et menacent également de paralyser incessamment les hôpitaux. Le pire reste à craindre !!!
Aziz BADAROU