Le retrait du droit de grève aux magistrats, agents de la santé et de la sécurité ainsi que les travailleurs du secteur judiciaire continue d’alimenter les débats et fait déjà objet de plusieurs menaces syndicales. Si l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) dénonce une violation de la Constitution, l’avocat Aboubacar Baparapé estime simplement qu’il s’agit d’une façon de réviser la loi fondamentale…
Invité sur l’émission-débat « Tour de Contrôle » de Golfe Tv samedi dernier, Me Baparapé s’est prononcé sur la question relative au retrait du droit de grève aux travailleurs des secteurs de la justice, de la santé et de la sécurité sans oublier les magistrats. Pour lui, les députés qui ont voté ladite loi ne sont plus dignes de représenter le peuple qui s’est battu pour ces acquis démocratiques. « Les députés sont en train de réécrire la Constitution. C’est une façon de réviser la Constitution. En refusant le droit de grève aux travailleurs, ils aident l’Etat à créer un génocide. Les députés qui sont qualifiés pour représenter le peuple, on leur rabat le caquet et on continue », accuse-t-il. Poursuivant, il a dénoncé une collusion frauduleuse et de dol entre le parlement et l’Exécutif car selon ses propos, même les travailleurs n’ont pas eu vent de ladite loi avant qu’elle ne soit votée au parlement. Toute chose qui a empêché les responsables syndicaux ainsi que la société civile de manifester contre le vote de la loi. C’est de la ruse de la part du gouvernement et du parlement, fit-il remarquer.« Ce sont les députés qui incitent les travailleurs à la grève à travers des lois scélérates votées et qui violent les préambules de la Constitution », poursuivit-il. Décortiquant les raisons avancées par l’Exécutif, Me Baparapé fait savoir que le retrait du droit de grève est loin d’être la solution aux préoccupations des différents secteurs concernés. A l’en croire, le médecin étant un humain ne saurait, dans l’exercice de son métier, mettre volontairement en danger, la vie des patients. Il ne réclame que de meilleures conditions et des matériels pour soulager les patients de leurs peines. L’acteur de la société civile a également remis en doute la bonne foi du Chef de l’Etat qui, lors de ses rencontres avec les partenaires sociaux de la santé et de la justice, avait reconnu la pertinence et la légitimité de leurs revendications avant de demander et obtenir un moratoire d’une part et la suspension de mouvement de grève d’autre part. Mais au finish, c’est pour leur arracher le droit de grève, s’en désole Me Baparapé. « La Rupture, ce n’est pas rompre avec les acquis positifs. Le droit de grève est un acquis positif. La Rupture est en train de rompre avec les acquis démocratiques pour imposer sa vision dictatoriale », a-t-il dénoncé avant d’inviter les organisations syndicales et de la société civile à ne point fléchir dans cette lutte sous aucune pression. Des prémices d’une fronde sociale sans précédent ? Affaire à suivre !!!
Aziz BADAROU