Malgré la menace de paralysie des syndicats de la plateforme portuaire de Cotonou, le gouvernement béninois a procédé lundi, 08 janvier 2018 à la signature du contrat de gestion du Port autonome de Cotonou avec l’administrateur délégué du port international d’Anvers, Kristof Waterschoot. Un contrat qui s’étend sur dix ans. Quoi de plus pour sortir les syndicats de leurs gongs. Très remontés contre le gouvernement, les responsables syndicaux tiennent une Assemblée générale ce jour, jeudi 11 janvier 2018…
Le ton étant déjà à la révolte dans le rang des travailleurs de la plateforme portuaire de Cotonou, le bras de fer gouvernement-syndicats semble désormais inévitable. Dans une correspondance adressée à l’autorité ministérielle, les responsables syndicaux du Port, de la Sobemap, du Cncb, de la Cobenam et du ministère ont désapprouvé la décision du Chef de l’Etat de confier la gestion du poumon de l’économie nationale à un délégataire. Pour ces derniers, il s’agit d’une “réforme dénudée de tout sens et qui viole les conclusions de l’atelier de réflexion sur le dossier de recrutement d’un mandataire pour la gestion du Port autonome de Cotonou tenu à Bohicon du 10 au 12 août 2017. Un atelier au cours duquel, des experts nationaux et internationaux ont ressorti les dangers qu’encoure le peuple béninois au cas où le gouvernement mettrait en œuvre une telle réforme. De plus, ces derniers déplorent ne pas avoir été associés à la mise en œuvre d’une réforme qui concerne pourtant les travailleurs, les acquis socio professionnels des partenaires sociaux. « Comment comprendre le conflit d’intérêt qui entoure la désignation du délégataire retenu qui en effet, avait été commis par le gouvernement pour un audit organisationnel et dont le rapport n’a jamais fait objet de restitution, ni d’approbation par le Conseil d’administration ? Ne s’agit-il pas dès le départ d’un complot délibéré et arbitraire en vue de la délégation de gestion préméditée au profit de cette société belge qui avait fait l’audit courant janvier-février 2017 ? » S’interrogent les syndicalistes dans leur correspondance. Fort de cela, les syndicats de la plateforme portuaire tiennent une Assemblée générale ce jour, jeudi, 11 janvier 2018 pour se faire entendre et décider de la stratégie de lutte afin d’obtenir gain de cause. Peu importe que le gouvernement change de langage en parlant désormais de délégataire au lieu de mandataire, les travailleurs n’entendent pas laisser la Rupture étendre sa politique de “tout privatiser“ à la plateforme portuaire. De toute façon, si le gouvernement n’entend pas abandonner l’idée de confier la gestion du poumon de l’économie nationale à un privé, les travailleurs également n’entendent pas démordre.
Aziz BADAROU