Par Jean-Louis KOGBEDJI,
L’appel des praticiens hospitaliers à une grève de 72 heures sans service minimum et renouvelable par tacite reconduction toutes les semaines pour compter du mardi 16 janvier ne reçoit pas un écho favorable auprès des populations. La réaction de la société civile ne s’est donc pas fait attendre. Les populations qui sont les vraies victimes s’indignent et condamnent la démarche des agents de la santé. Et pour cause.
Les agents du secteur de la santé seront en grève le mardi prochain pour 72 heures, pour protester contre la modification du statut de la fonction publique. Dans une motion de préavis de grève des secrétaires généraux des syndicats du secteur de la santé adressée ce mardi au ministre de la Fonction Publique, à celui des Finances et à leur ministre de tutelle, le collectif invitent ses militants à observer non seulement, un arrêt collectif de travail dans les formations sanitaires mais également, à boycotter la production des rapports statistiques au niveau de toutes les formations sanitaires, des projets et programmes ainsi que les comités de direction, les supervisions, les séminaires, les ateliers et toutes autres formations jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications.
Selon les termes de la motion de grève, ce mouvement vise entre autres, « l’abrogation pure et simple de la disposition liberticide de retrait du droit de grève au personnel de la santé dans la loi 2015-18 portant statut général de la fonction publique votée par les députés le 28 décembre 2017. Il vise en outre, à obtenir la satisfaction sans délai, de toutes leurs revendications contenues dans le relevé des conclusions du 11 novembre 2017 avec le gouvernement que le collectif des syndicats du secteur de la santé accuse de ne vouloir tenir ses promesses face aux revendications des travailleurs ».
La société civile s’indigne
Cet appel des praticiens de la santé a suscité la réaction de la société civile face à une grève sans service minimum et renouvelable par tacite reconduction toutes les semaines pour compter du 16 janvier à 8heures au vendredi 19 janvier 2018 à 8heures. La société civile s’indigne. Dans un message émouvant, l’ONG GASVIE dirigé par un médecin et juriste dénonce la démarche des agents de la santé. Cette organisation de la société civile indique, à travers un communiqué, avoir envoyé plusieurs correspondances dans l’objectif d’échanger avec les centrales syndicales sur le processus de la grève dans le secteur de la santé : « Jamais, jamais nous ne discuterons de la valeur de la vie humaine avec quelqu’un, quelqu’une ou un syndicat parce que c’est Dieu seul qui donne la vie et c’est encore lui seul qui peut décider de l’arracher à qui il veut. Nous ne voulons pas faire la théologie mais dans notre cycle de vie ici bas tout est compensation. Pour permettre à chacun et chacune de connaitre davantage la position de l’ong GASVIE, nous vous prions de bien vouloir lire attentivement cette lettre de GASVIE remise à tous les destinataires y compris les centrales et confédérations syndicales. Même les syndicats de base au ministère de la santé ont reçu chacun une copie avec les annexes. Il y a un an. De tout le lot, seule la CSA Bénin a accusé réception par courrier de ladite lettre. »
Et si les agents de la santé revoient leur position ?
On ne le dira jamais assez. La société civile à travers ce message s’indigne et condamne la grève. Le droit à la vie prime sur tout autre chose. Et les praticiens hospitaliers le savent. Comment prêter serment pour sauver des vies humaines et les abandonner sous d’autres prétextes. Les primes et autres grèves priment –ils sur la vie humaine ?
En effet, avec cette nouvelle grève sans service minimum, les syndicats de la santé exposent les populations à d’énormes difficultés. Les récentes grèves dans le secteur de la santé ont fait plusieurs morts. Les syndicats prennent-ils plaisir à voir les populations abandonnées à leur propre sort et mourir ? On comprend alors cette indignation de la société civile.
Si dans des villes comme Cotonou, les populations peuvent se référer à des centres de santé du secteur privé, ce n’est pas le cas dans la majorité des villes béninoises et autres localités où pour trouver un centre de santé, il faut la croix et la bannière. Et d’ailleurs, n’importe qui ne fréquente pas les cliniques privées.
Pour protester contre la modification du statut de la fonction publique votée par les députés, ne serait-il pas bienséant que les agents de la santé revoient leur position et ou se fassent entendre au parlement ? Entre le gouvernement et le parlement, quelle institution a adopté et voté la loi querellée ? Adolphe Houssou et ses pairs ne devraient-ils pas réviser leur position et penser autrement cette grève qu’ils entendent faire dès mardi prochain ? L’histoire retiendra le nom de ce syndicaliste. Ces prises de position sont, à la limite, belliqueuses. Et on se demande jusqu’à quand il mettra de l’eau dans son vin pour le bonheur des populations qui sont désespérées. Personne n’a demandé à tomber malade. Et Dieu seul sait combien ils sont nombreux ces malades dans nos centres de santé publics qui risquent d’être abandonné mardi prochain.