Le secteur judiciaire ne retrouvera pas de sitôt son calme. Entre le ministre de la Justice et les organisations syndicales, le torchon brûle toujours.
Cette semaine encore, les juridictions seront vides. Les acteurs de la justice ne veulent pas démordre. Le mouvement de grève lancé depuis le 02 janvier 2018, pour certains travailleurs, à la suite du vote de retrait du droit de grève par le Parlement, a été reconduit. A en croire certains responsables syndicaux, la cessation de travail ne sera pas interrompue tant que le gouvernement et le Parlement maintiendront leur posture provocatrice. Ils l’ont d’ailleurs manifesté le vendredi 12 janvier 2018. En effet, après avoir contesté à travers un courrier adressé à leurs syndiqués la légalité des réquisitions faites par le ministre de la Justice, les responsables syndicaux ont formellement signifié à l’autorité leur opposition à la mise en œuvre desdites réquisitions. L’acte déposé au secrétariat particulier du ministre Djogbénou avait été constaté par un huissier de justice. Le Syndicat des travailleurs de la justice et assimilés du Bénin (Syntrajab), le Syndicat national des travailleurs de la justice (Syntra-Justice), l’Union nationale des officiers de justice et Greffiers en chef du Bénin (Unogec-Bénin) et l’Union nationale du personnel de la justice (Unp-Justice) ne comptent pas se laisser intimider. Pour leurs responsables, le Garde des Sceaux n’est nullement fondé à ordonner des réquisitions dans le secteur judiciaire ; un secteur ne figurant pas parmi les services essentiels nécessitant la réquisition. En envoyant cette correspondance au Professeur Djogbénou, les travailleurs démontrent ainsi qu’ils sont prêts et engagés à mener la bataille sur le terrain de droit.
Apparemment, même les intimidations faites par le ministre le jeudi dernier ne serviront donc à rien. Lors d’un point de presse la semaine écoulée, Me Joseph Djogbénou avait en effet rappelé le devoir des travailleurs de respecter strictement toute décision réglementaire quels que soient sa forme et son contenu. Les organisations syndicales ont donc battu en brèche sa parole. La mobilisation se poursuit. Et le mot d’ordre devrait être encore très bien suivi cette semaine. Les justiciables souffriront malheureusement encore longtemps puisqu’il est désormais clair que le ministre et les travailleurs mènent un dialogue de sourd. Vu l’engagement des travailleurs, la situation devrait rester explosive au moins jusqu’aux délibérations de la Cour constitutionnelle sur les mesures liberticides décriées prises par l’Assemblée nationale.
M.M