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Grève à la santé, la justice, l’éducation, dans les universités, au Port, etc. : Une semaine noire pour la Rupture
Publié le lundi 15 janvier 2018  |  Matin libre
Patrice
© Autre presse par DR
Patrice Talon




Tout tourne au ralenti depuis ce lundi et pourrait en être davantage dès demain mardi, 16 janvier 2018. Et pour cause, la quasi-totalité des secteurs clés sera paralysée par un vaste mouvement de grève de 72h. Une grève déclenchée par les centrales et organisations syndicales pour protester contre le retrait du droit de grève aux travailleurs…

Le climat social reste tendu au Benin depuis le vote de la loi qui supprime le droit de grève à certains fonctionnaires, notamment les personnels de santé, de la justice, de la sécurité et les magistrats. Si pour les organisations syndicales, il s’agit d’une violation de la Constitution béninoise qui, en son article 31, garantit le droit de grève, le gouvernement n’entend pas fléchir et s’en remet à l’arbitrage de la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer sur sa conformité. Mais pour les travailleurs béninois, la pilule ne passera pas si facilement. Et pour annoncer les couleurs, ce sont les secrétaires généraux du Syntrajab, Syntra-justice, l’Unogec-Bénin et de l’Unp-Justice qui ont déclenché les mouvements de grève dans le secteur de la justice au lendemain seulement du nouvel précisément depuis le 02 janvier 2018. Ceci, avant même l’expiration du moratoire accordé au gouvernement. Une année 2018 qui démarre sur fond de tensions sociales. En effet, quelques jours seulement après la décision de suspension de la grève dans le secteur de la justice, les responsables syndicaux ont haussé le ton pour dénoncer une duperie de la part du gouvernement. A l’origine de ce mécontentement, le non-respect des conclusions des négociations par le gouvernement notamment en ce qui concerne la composition et le cahier des charges de la commission d’étude des revendications. Et comme pour enfoncer le clou, le parlement vote une loi pour leur ôter le droit d’aller en grève. Le collectif des syndicats a donc décidé de reprendre le flambeau de la lutte depuis deux semaines à travers une grève de 72h reconductible chaque semaine.

Les magistrats poursuivent avec la grève illimitée…

Les magistrats n’ont pas également tardé à reprendre de la lutte. Ces derniers n’entendent même pas garantir le service minimum. L’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) a décidé, au cours d’une Assemblée générale, d’observer un mouvement de grève illimitée soit 5 jours sur 5 depuis le lundi, 08 janvier 2018. Ceci pour riposter contre le retrait du droit de grève aux magistrats. « En décidant de sacraliser le droit de grève, le constituant a engagé l’Etat à reconnaître et garantir ce droit à tous les travailleurs, y compris les forces de défense et de sécurité…l’Assemblé nationale a, le 28 décembre 2017, retiré subrepticement le droit de grève aux agents de la santé, de la justice et de sécurité. Non satisfait de ce coup de force constitutionnel, le 02 janvier 2018, lors de l’examen de la loi portant statuts de la magistrature, l’Assemblée nationale a confirmé son désir d’en découdre avec les magistrats en leur retirant le droit de grève par une disposition introduite dans cette loi…Ne pouvant tolérer un recul démocratique, ni une vassalisation du pouvoir judiciaire et de ses acteurs, l’Unamab estime qu’il urge de riposter avec vigueur à la liquidation amorcée de la démocratie béninoise acquise de hautes luttes. C’est pourquoi, elle décide d’observer, à compter du lundi 08 janvier 2018, jusqu’au retrait de cette disposition liberticide de la nouvelle loi portant statuts de la magistrature, un mouvement de grève de protestation de cinq (05) jours, tacitement reconductible, du lundi au vendredi » lit-on dans la déclaration de presse des magistrats.

Santé : le calvaire des patients reprend…

C’est encore reparti dans nos formations sanitaires ! Le Collectif des syndicats de la santé vient de déclencher une grève de soixante-douze (72) heures sans service minimum renouvelable par tacite reconduction toutes les semaines pour compter du mardi 16 janvier à 8heures au vendredi 19 janvier 2018 à 8heures. Mécontents, ils décident également de boycotter la production des rapports statistiques au niveau de toutes les formations sanitaires, des projets et programmes ainsi que les Codir, les supervisions, les séminaires, les ateliers et toutes autres formations. Ils l’ont notifiée dans une motion de grève adressée au ministre de la Fonction Publique, à celui des Finances et à leur ministre de tutelle. Les syndicats de la santé exigent entre autres l’abrogation pure et simple de la loi qui leur retire le droit de grève votée par les députés le 28 décembre 2017. Le calvaire des patients reprend. Les hôpitaux seront à nouveau paralysés et les patients devront recourir aux cliniques privées pour se faire soigner. «Nous venons de finir une grève et le gouvernement a signé avec nous un protocole d’accord, mais à notre grande surprise le protocole n’est pas respecté... et maintenant on vient nous arracher le droit de grève» affirme Adolphe Hossou, porte-parole du Collectif des syndicats.

Education : les écoles, collèges et universités aussi en grève !

Après les secteurs de la justice, de la santé, c’est le tour des enseignants de durcir le ton et d’annoncer un mouvement de paralysie des activités académiques. Réunis au sein du Front d’action des syndicats de l’éducation, les enseignants décident d’observer une grève d’avertissement de 72heures pour compter du mardi, 16 janvier 2018. Ceci, pour exiger l’application sans délai des décrets N°2015-592 et N°2015-593 portant respectivement statuts particuliers des corps des personnels enseignants des second et premier degrés notamment l’indexation de leurs salaires, la jouissance effective des avantages contenus dans les huit (08) premiers projets dont l’incidence financière a été déjà évaluée dans les deux secteurs ; la régularisation de la situation administrative et financière des différentes catégories d’enseignants, la signature du nouvel arrêté portant modalités de recrutement et d’emploi des enseignants vacataires avec le relèvement effectif du taux horaire de vacation conformément aux propositions retenues lors des travaux de la dernière Commission interministérielle. Dans la foulée, l’Intersyndicale des enseignants des universités nationales du Bénin brandissent également la menace de grève à compter de ce mardi, 16 janvier 2018. « L’Intersyndicale constate qu’en vingt mois de gestion, le Président Patrice Talon a instauré au Bénin, une gouvernance scabreuse, ingrate et liberticide qui condamne le peuple à la ruine et à la misère » lit-on dans la motion de grève signée des secrétaires généraux du Snes, Synares, Synhub, Secup et du Snecc. Ainsi, il est décidé d’une grève d’avertissement de 72h à compter de ce mardi pour exiger entre autres la reprise sans délai du dialogue avec les responsables syndicaux des universités nationales, la reprise d’un dialogue social franc, fécond et apaisé avec les centrales et confédérations syndicales, le recrutement règlementaire et en nombre suffisant d’enseignants. Les enseignants désertent donc les amphithéâtres dès demain pour manifester leur mécontentement…

Les centrales syndicales paralysent l’administration publique….

Après leur géant sit-in de protestation au Parlement vendredi dernier, les centrales et confédérations syndicales ont déposé une motion de grève. Il s’agit d’un mouvement de grève d’avertissement de 72h pour exiger entre autres, l’abrogation de la loi sur la suppression du droit de grève dans les secteurs de la Santé et de la Justice et la relecture de la loi portant statut général de la Fonction Publique. Ils dénoncent et fustigent ce qu’ils appellent les réformes ‹‹ cavalières non inclusives et attentatoires aux intérêts des travailleurs et du peuple››. Un mouvement de grève qui risque de conduire à la paralysie totale de l’administration béninoise. De même, les organisations syndicales de plusieurs ministères annoncent aussi des mouvements de grève y compris les travailleurs de l’Insae. Sur la plateforme portuaire de Cotonou, les syndicats ont finalement opté pour la paralysie des activités pour contrer la décision du gouvernement de confier le poumon de l’économie nationale à un délégataire notamment le Port international d’Anvers. Ces derniers pourraient également déclencher une grève cette semaine. Une semaine de chaos, est-ont tenté de dire ? En tout cas, avec les menaces syndicales qui fusent de toutes parts, le gouvernement devra faire face à une véritable fronde sociale cette semaine…


Aziz BADAROU
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