Le personnel de la plateforme portuaire de Cotonou a sacrifié à la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux de nouvel an vendredi, 12 janvier 2018. La présente cérémonie qui s’est déroulée dans l’enceinte de la plateforme a été l’occasion pour la Directrice générale du Port, Huguette Amoussou de présenter son bilan. Un bilan rassurant qui laisse transparaitre des résultats probants. Chose curieuse, ces chiffres n’ont pu empêcher la “privatisation“ du poumon de l’économie nationale…
Durant l’année 2017, le trafic de marchandises a connu une augmentation considérable avec un chiffre d’affaires qui est passé de 25 milliards en 2016 à plus de 32 milliards en 2017 avec un recouvrement de créances à plus de 99% et la Trésorerie qui passe de 5 milliards en 2016 à plus de 9 milliards en 2017.
Le comble, avec la révision des barèmes tarifaires, la barrière des 40 milliards de recettes est prévue pour être franchie au 31 décembre 2018. Avec un nouveau mécanisme fiable de sécurisation des recettes, le Port autonome de Cotonou se révèle plus que jamais comme un Port de référence dans la sous-région ouest africaine. Outre cet accroissement net des recettes portuaires, la double certification ISO, le renouvellement du parc automobile et d’autres réalisations résultent de la nouvelle forme de gouvernance instaurée par l’autorité portuaire depuis le 20 janvier 2017.
A en croire le Directeur des ressources humaines, ces résultats probants ont été obtenus grâce aux compétences et savoir-faire du personnel du Port autonome de Cotonou. Pour lui, si la psychose des travailleurs se trouve affectée depuis l’annonce d’un délégataire au Port de Cotonou, il faut néanmoins garder espoir et se mettre résolument au travail et ce, dans la dynamique d’une amélioration continue des performances.
Tout en saluant les efforts d’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel, il a rassuré de l’engagement de la Direction des ressources humaines à toujours privilégier le dialogue afin que l’employeur et l’employé demeurent toujours des partenaires. Quant au secrétaire général du Port, il a évoqué les piliers de la nouvelle forme de gouvernance notamment le renforcement du contrôle interne en vue de la meilleure sécurisation des recettes, le renforcement des dispositifs de sécurité, la réduction du taux de rançonnement sur la plateforme, la mise en conformité du Port de Cotonou aux normes environnementales à l'échelle internationale, la mise en voie du nouveau règlement d’exploitation du Port de Cotonou et du nouveau plan de gouvernance des systèmes d’informations.
Toute chose qui a été source d’assurance aux lignes maritimes qui ont opté pour le Port de Cotonou. Pour le représentant du personnel, il s’agit plutôt d’un moment critique pour les travailleurs qui avaient prévu boycotter la cérémonie pour exprimer leur mécontentement au sujet des réformes dont ils ignorent la pertinence. Pour lui, les travailleurs sont déboussolés, inquiets et remontés et entendent user de tous les moyens légaux pour contrer l’impérialisme capitaliste, la dérive totalitaire entreprise par le gouvernement dans ses réformes.
Prenant la parole, l’autorité portuaire s’est réjouie des prouesses réalisées en 2017 avec le personnel et qui, selon ses propos, sont à la hauteur des projections faites. Elle a également évoqué quelques nouveaux outils de gestion qui ont permis de poursuivre la marche vers la compétitivité.
Elle a, par ailleurs, appelé les travailleurs à s’y mettre davantage pour rendre plus performante, la plateforme portuaire de Cotonou. Mais la question qui taraude les esprits après ce bilan si rassurant reste de savoir les vraies mobiles justifiant la gestion du Port de Cotonou par un délégataire. Le Port est-il déjà en cessation de salaires ? Le Port connait-il une baisse de taux de trafic ? Les recettes ont-elles baissé ? Le Port de Cotonou se porte pourtant bien. Pourquoi alors “privatiser“ une structure qui ne connait aucun dysfonctionnement comme le Port ? La question reste toute posée…
Aziz BADAROU