Une semaine à pied sur les traces des esclaves du Dahomey (3/9). Sur la route de Ouidah, les habitants nous ouvrent leur porte et évoquent l’histoire de leurs « grands-grands-papas ».
La nuit est douce, silencieuse et moite. Après une première étape à Ouassougon sur l’ancienne route des esclaves au Bénin, mon guide Hubert et moi avançons sur une piste de sable quasiment rectiligne. Nous croisons des dizaines d’élèves sur le chemin de l’école, dont Carole, 16 ans, qui marche 12 km par jour pour assister aux cours. Son rêve ? Devenir infirmière.
A Dénou-Lissezin, après un baobab esseulé au milieu d’un champ, nous faisons une première pause. Dans sa buvette, dont le sable est d’une finesse soyeuse, Barthélemy Guitoï prépare une omelette baveuse copieusement garnie d’oignons. « Bien sûr que je connais l’histoire de cette route !, s’exclame-t-il. Je l’ai apprise à l’école et on m’en a parlé dans ma famille. J’en ai moi-même discuté avec mes enfants récemment. Cette tragédie ne me rend pas triste, car elle s’est déroulée il y a très, très longtemps. Cette histoire concernait nos grands-grands… papas. » Barthélemy est étonné par notre projet de rallier Ouidah à pied. La discussion s’engage sur le devoir de mémoire. « Il faut que le tourisme se développe au Bénin, notre économie en a besoin. »
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