Les travailleurs du secteur de la justice durcissent leur mouvement. D’une grève d’avertissement de 48 heures à un mouvement de 72h de cessation de travail, les syndicats de la justice passent désormais à 120 heures de grève soit cinq jours sur cinq. Et ceci, dès cette semaine. Ces derniers dénoncent le mutisme du gouvernement face à leurs revendications notamment celle liée au retrait du droit de grève…
Le Syntrajab, Syntra-justice, l’Unogec-Bénin et l’Unp-Justice rejoignent donc l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) dans la grève illimitée. Pour, Apollinaire Afféwé, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la justice et assimilé du Bénin (Syntrajab), le durcissement de la grève cette semaine de 48 heures à 120 heures, se justifie par le manque de dialogue avec le Garde des sceaux. A l’en croire, le ministre Joseph Djongbénou n’a pas daigné les inviter pour une quelconque négociation. « Mieux, il fait tout dans le sens de nous démobiliser, de nous diviser telles que les réquisitions et autres », a-t-il expliqué. C’est donc en réponse à cette absence de dialogue et de volonté délibérée de l’Etat à satisfaire les revendications, que lui et ses pairs ont choisi comme alternatives de durcir le mouvement. Faut-il le rappeler, depuis le vote de la loi qui supprime le droit de grève à certains fonctionnaires, notamment les personnels de santé, de la justice, de la sécurité et les magistrats, le climat social s’est crispé davantage au Bénin. Si pour les organisations syndicales, il s’agit d’une violation de la Constitution béninoise qui, en son article 31, garantit le droit de grève, le gouvernement n’entend pas fléchir et s’en remet à l'arbitrage de la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer sur sa conformité. Mais pour les travailleurs béninois, la pilule ne passera pas si facilement. C’est d’ailleurs la raison motivant le déclenchement des premiers mouvements de grève par les secrétaires généraux du Syntrajab, Syntra-justice, l’Unogec-Bénin et de l’Unp-Justice au lendemain seulement du nouvel an précisément depuis le 02 janvier 2018. Ceci, avant même l’expiration du moratoire accordé au gouvernement. En effet, quelques jours seulement après la décision de suspension de la grève dans le secteur de la justice, les responsables syndicaux ont haussé le ton pour dénoncer une duperie de la part du gouvernement. A l’origine de ce mécontentement, le non-respect des conclusions des négociations par le gouvernement notamment en ce qui concerne la composition et le cahier des charges de la commission d’étude des revendications. Et comme pour enfoncer le clou, le parlement vote une loi pour leur ôter le droit d’aller en grève. Le collectif des syndicats a donc décidé de reprendre le flambeau de la lutte depuis deux semaines à travers une grève de 72h reconductible chaque semaine. Une grève qui passe dès cette semaine à 120 heures reconductible jusqu’à satisfaction de leur plateforme revendicative.
Aziz BADAROU