Retour à la concentration maximale dans les salles de classe. Désormais interdit, le téléphone portable perturbateur laissera les enseignants dispenser leurs cours en toute sérénité. L’arrêté du ministre de l’enseignement secondaire en date du 3 Janvier 2018 est sans équivoque. A l’instar d’une mesure qui s’applique déjà dans certains collèges privés, les apprenants et leurs professeurs n’ont plus droit à l’usage du portable en milieu scolaire.
D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement. L’utilisation abusive du téléphone portable est devenue un véritable problème de société. Plus dans les salles de classe où, il cause de tort aux élèves. Déjà, il fait perdre de précieuses minutes de cours. Ensuite, chaque fois qu’il sonne ou vibre, il distrait la classe, fait perdre au professeur le fil de ses idées et l’explication devient bâclée. Il m’est d’ailleurs revenu que de jeunes professeurs en font même un outil de charme.
Bref, le diagnostic est sans appel. Le temps de l’apprentissage en classe est négativement impacté par le portable. Et comme, entre le retour de l’orthodoxie à l’école et l’utilité du portable, il fallait choisir, dans l’intérêt des apprenants, le ministre Cakpo Mahugnon a tranché. Evidemment, il est inconcevable que le progrès technologique rime avec la perte du caractère sacré de l’enseignement. Sinon, inutile de rappeler que manipuler le portable en plein cours, c’est synonyme d’avoir la tête ailleurs. Tout simplement, incompatible !
Toutefois, le téléphone en classe n’est pas toujours source de déconcentration. De bonne foi, il peut aider certains enseignants à des fins pédagogiques. D’où, l’appréciation controversée de la mesure de restriction. Mais, dans l’incapacité, pour le ministre, de différencier les professeurs consciencieux en situation de classe des peu sérieux, il est obligé de trancher dans le vif.
Pourtant, le téléphone portable est aujourd’hui un outil incontournable. Non seulement pour la communication mais aussi pour les recherches. Vous me direz que ce n’est pas en classe qu’il faut les faire. Mais, bien avant. C’est exact. Seulement, la technologie évolue à tel point que rien ne dit, que d’ici quelques années, les cours ne seront pas carrément dispensés à travers des applications éducatives. Conservatisme, quand tu nous tiens !
En attendant, sous la rupture en mode scolaire, les téléphones devront apprendre ce que sont la discipline et l’éthique. Et pour ceux qui tiennent, coûte que coûte à ne pas éteindre leurs portables aux heures de cours, qu’ils les laissent à la salle des profs. Libre à eux, d’avoir à gérer après les appels en absence et les messages reçus. Mais, tant que le ministre Mahugnon ne changera pas d’avis, qu’ils n’osent même pas braver sa décision. Sévère ou pas, il est certain qu’elle ne manque pas de pertinence.
Sinon, un chirurgien, par exemple, oserait-il prendre un appel en pleine opération ? Certainement pas. Alors, pourquoi pas les enseignants ? Enfin, je me demande, s’il ne serait même pas judicieux d’élargir cette restriction à d’autres corps. Mais bon, les défenseurs de la liberté improductive ne seront pas d’accord avec moi. Tant pis. Pourvu qu’aux heures de travail, le téléphone portable perturbateur ne sonne plus !
Angelo DOSSOUMOU