Les points qui vont fâcher
Elles ont signé, fin août 2016, la charte du dialogue national avec le gouvernement, mais courant mi-décembre 2017, elles ont décidé de suspendre leur participation aux activités du Conseil national du dialogue social (Cnds). La Csa-Bénin, la Cgtb, la Cosi-Bénin, l’Unstb, la Csub et la Cspib, à l’exception de la Cstb qui avait refusé de signer ladite charte, ont estimé que le gouvernement s’est écarté des engagements pris. Alors que les secrétaires généraux de ces centrales et confédérations souhaitaient que l’Exécutif se penche davantage sur leurs plateformes revendicatives pour une amélioration des conditions de vie des travailleurs, c’est à un surprenant vote retirant le droit de grève à certains corps de l’administration publique qu’ils ont eu droit, fin décembre. La riposte à ce qu’ils considèrent comme un affront a été spontanée. Et, de façon solidaire, enseignants, magistrats, agents de santé et autres agents de la fonction publique ont majoritairement observé le mouvement de paralysie déclenché et reconduit chez certains depuis hier, et aujourd’hui mardi, pour d’autres. La décision de la Cour constitutionnelle intervenue dans la foulée et invitant les députés à l’encadrement et non au retrait du droit de grève n’a pu fait fléchir les partenaires sociaux. Prenant la mesure de la situation sociale dans le pays, le Chef de l’Etat n’a pu s’empêcher d’inviter les centrales et confédérations à la présidence de la République. Cette concertation qui a lieu ce jour, mardi 23 janvier, mobilise beaucoup les attentions; tant le contexte n’est pas des plus ordinaires. En tout cas, après ces quelques jours de bras de fer, les secrétaires généraux de la Bourse du Travail, décrypteront d’abord la posture et le discours qu’adoptera Patrice Talon devant eux avant de savoir s’ils doivent, à leur tour, décolérer et dégonfler leurs muscles. Le gouvernement notamment son chef, a donc tout intérêt à savoir jouer les cartes surtout qu’aux yeux de ses partenaires, il a perdu en crédibilité et est vu désormais comme le ‘’capitaine Domato’’ ou le bourreau des travailleurs. Il faut donc jouer franc jeu, dans un climat apaisé, faire autant de concessions qu’on pourra de part et d’autre et repartir sur des accords bien clairs, bien échelonné et qu’on pourra satisfaire dans le délai.
Là où ça va être houleux
Si dans leur ensemble les centrales et confédérations syndicales ont décidé de reconduire leurs motions de grève, c’est parce qu’à les entendre, le point concernant le droit de grève n’était qu’un pan de leurs plateformes revendicatives. Ce sera ainsi l’occasion pour les partenaires sociaux, chacun en ce qui le concernent, de présenter les points à satisfaire par le gouvernement, et ce des plus prioritaires au moins prioritaires. Une chose est sûre, la question des libertés individuelles avec à la clé la radiation du capitaine Trékpo des Eaux, forêts et chasse, et l’emprisonnement de Laurent Mêtongnon sera posée. Outre les cas Mètongnon et Trékpo, les syndicalistes pourraient demander le rétablissement, sans condition, des directeurs d’établissement démis de leur fonction pour fait de grève. Le gouvernement de Patrice Talon pourra-t-il céder à ces doléances ? Les hôtes de ce jour au Palais de la Marina, diront certainement au président de revenir sur le contrat avec le port d’Anvers pour gérer le port de Cotonou pendant que les travailleurs de la plateforme portuaire s’y opposent. Viendront ensuite les points relatifs aux statuts des enseignants, des agents de santé, etc.
Worou BORO