Ils avaient jubilé au soir de la décision de la Cour constitutionnelle. Les nombreux hommes et femmes en détention dans les maisons d’arrêt du Bénin ont pensé un instant que la décision tant attendue de la Cour devrait desserrer quelque peu l’étau au niveau de la Justice. Leur attente était si grande que certains espéraient même que dans la journée d’hier, les membres de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) allaient se retrouver en Assemblée générale pour surseoir à la grève illimitée qu’ils ont entamée. Erreur ! Pas l’ombre d’un Juge dans la journée. Les salles d’audience sont restées fermées, les portes des cabinets hermétiquement fermées. Il ne fait l’ombre d’un de doute donc, la grève est reconduite. Le calvaire de ces nombreux détenus provisoires devra se poursuivre. Ce qui chagrine davantage dans cette grande croix portée par les personnes qui sont dans les liens de la détention, c’est l’absence totale d’issue. Rien ne renseigne sur une possible fin de cette paralysie. Pourtant, on avait tant espéré qu’une décision favorable de la Cour constitutionnelle devrait militer en faveur d’une reprise des activités dans le secteur de la Justice. Beaucoup d’observateurs présentaient le tableau selon laquelle une décision favorable de la Cour devra permettre un dégel de la crise. Tout ceci est désormais du passé. La Cour a parlé, mais la paralysie s’est poursuivie. Selon les informations, la suppression du droit de grève aux magistrats n’était qu’un point du mot d’ordre de boycott lancé par les magistrats. Ces hommes en toge demandent que le gouvernement satisfasse à toutes les autres revendications avant qu’ils ne lève la motion. Après la Cour constitutionnelle, il semble que c’est le tour du gouvernement de jouer sa partition avant que les magistrats ne lève l’embargo. A cette allure, on est tenté de se demander ce que veulent vraiment ces magistrats. A peine a-t-on fini avec cette grande confusion sur le droit de grève qu’on entame une autre croisade d’immobilisme sur fond de revendication toujours pour bloquer l’administration. Cette tendance à perturber fondamentalement le fonctionnement du service public et priver les populations dont les détenus du droit à la justice est l’un des excès dans le secteur de la justice qui avait motivé la suppression du droit de grève. A travers leur comportement, les magistrats démontrent une fois encore la nécessité d’encadrer le droit de grève à leur niveau. L’urgence se pose chaque fois qu’on y pense.
AT