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Trafic de médicaments en Afrique: Un marché estimé à près de 200 milliards de dollars
Publié le jeudi 25 janvier 2018  |  La Nation
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Les faux medicaments




Le trafic des faux médicaments est devenu un business florissant qui fait des centaines de milliers de victimes en Afrique. Le chiffre d'affaires généré par la contrefaçon est estimé au minimum à 10 ou 15 % du marché pharmaceutique mondial, soit 100 à 150, voire 200 milliards de dollars, selon une étude du World Economic Forum, révélée par l’Agence France presse dans une enquête.

Vaccins, antirétroviraux, antipaludéens contrefaits. Plusieurs pays de l'Afrique sont devenus le terrain de jeu préféré des trafiquants de faux médicaments, révèle l’Agence France presse dans une enquête réalisée en Côte d’Ivoire. Une enquête qui est réalisée à un moment où la lutte contre les faux médicaments fait bouger les acteurs de ce commerce illicite au Bénin.

Au mois d’octobre 2016, le gouvernement béninois a lancé une lutte contre le commerce illicite des faux médicaments, appelée opération Pangea IX. Cette opération qui a mis fin apparemment à ce commerce dans le grand marché Dantokpa, s’est poursuivie jusqu’à l’année 2017. C’est ainsi que ces médicaments ont été retrouvés par la Police nationale dans un magasin qui appartiendrait au député Mohammed Atao Hinnouho et son épouse, il y a quelques semaines. La multiplication des saisies à la suite de l'affaire a permis de dépasser désormais les 150 tonnes de cartons de présumés faux médicaments.

Selon une étude du World Economic Forum, le chiffre d'affaires généré par la contrefaçon est estimé au minimum à 10 ou 15 % du marché pharmaceutique mondial, soit 100 à 150 milliards de dollars, voire 200 milliards. Un chiffre qui a quasiment triplé en cinq ans.
Cette foire aux faux médicaments, selon l’enquête de l’Agence France presse (Afp), est parfois le fait de responsables de santé publique corrompus qui font leur marché au rabais. Il s’agit d’un commerce plus rentable que la drogue.

Selon l’enquête, Interpol a annoncé en août 2017, la saisie de 420 tonnes de produits médicaux de contrebande en Afrique de l'Ouest, dans le cadre d'une vaste opération qui a mobilisé un millier d'agents de police, des douanes et d'agences de réglementation des produits de santé de sept pays dont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo.

Business de la contrefaçon

« Le business de la contrefaçon des médicaments arrive en tête des trafics illicites », affirme Geoffroy Bessaud, directeur de la coordination anti-contrefaçon du groupe pharmaceutique français Sanofi. Il rapporte même plus que le trafic de cannabis, selon le World Economic Forum. « Ce phénomène prend de l'ampleur : l'attractivité financière est en effet très forte et des organisations criminelles de toutes tailles sont impliquées dans ce trafic », souligne-t-il. « Un investissement de 1000 dollars peut rapporter jusqu'à 500 000 dollars alors que pour le même investissement, le trafic d'héroïne ou de fausse monnaie rapporte 20 000 dollars », indique Geoffroy Bessaud. « Le trafic de faux médicaments est un des principaux fléaux du XXIe siècle », conclut-il.

Les autorités ivoiriennes, selon l’Afp, avaient incinéré en mai 2017, 40 tonnes de faux médicaments saisis à Adjamé, un quartier populaire d'Abidjan, abritant le plus grand marché de médicaments de rue d'Afrique de l'Ouest et représentant 30 % des ventes de médicaments en Côte d'Ivoire. Mais l'opération semble n'être qu’un coup d'épée dans l'eau. Car, les affaires continuent.

Après les saisies opérées au Bénin, l'Ordre national des pharmaciens s'en mêle et se constitue partie civile devant la Justice qui a désormais le dossier en mains. Il veut aller plus loin que la simple dénonciation. « Nous allons porter plainte contre X pour comprendre et savoir ce qui se passe. Nous nous sommes constitués déjà partie civile, nous avons un collectif d'avocats qui suit le dossier et qui va nous permettre d'être au courant de tout », a expliqué le président de l’Ordre national des pharmaciens, Charles-Henri Aïnadou, après les dernières saisies.

En Côte d'Ivoire, première économie d'Afrique francophone, le secteur pharmaceutique légal enregistre chaque année, selon l’enquête de l’Afp, « une perte de 40 à 50 milliards de francs Cfa (60 à 76 millions d'euros) dont plus de 5 milliards destinés à l'Etat », selon les chiffres de l'Ordre des pharmaciens de Côte d'Ivoire?
Les criminels en profitent

Les criminels profitent du fait qu'à l'inverse du trafic de stupéfiants, le commerce de faux médicaments demeure largement impuni dans le monde, étant considéré comme un simple délit de violation de la propriété intellectuelle, alors qu'il est responsable de centaines de milliers de morts par an, déplore l'Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm), basé à Paris, dans un rapport.

Face à un « drame universel », les spécialistes appellent à une mobilisation internationale.
Il faut rappeler qu’au moins 100 000 personnes meurent chaque année en Afrique à cause de faux médicaments, selon l'Organisation mondiale de la Santé (Oms). Et d'après l'American Journal of Tropical Medecine and Hygiene, 122 000 enfants de moins de cinq ans sont décédés en 2013 en Afrique subsaharienne après avoir pris des antipaludéens contrefaits.
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