Législatives 2019, Patrice Talon lève un coin de voile sur sa stratégie. Il risque de ne pas avoir une liste appelée Union Fait la Nation en 2019, ni Parti du Renouveau démocratique, encore moins Ubf ou Fdu. Toutes les forces politiques qui sont en partenariat avec le pouvoir devront se dissoudre dans des regroupements qui auront des appellations nouvelles. Ces appellations ne seront certainement pas loin des concepts de la Rupture ou du BMP. Du moins pour ceux qui veulent continuer l’aventure avec l’actuel Chef d’Etat. Il y a quatre jours il l’a signifié clairement avec la fermeté qu’on lui connait aux ténors de la classe politique traditionnelle tels que Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, Idji Kolawolé, Mathurin Nago et autres.
Décryptage à présent.
Pourquoi une telle idée? Quels résultats en attend-t-il? Quelles sont les conséquences? Quels en sont les atouts et les faiblesses ?
En attendant le décryptage, notons d’abord la deuxième surprise notable. En 2019, pour la mouvance présidentielle, le Président exige qu’il se forme dans chaque circonscription électorale trois blocs différents, donc trois grandes listes seront présentées pour la compétition.
Une toute nouvelle donne capable de tout changer sur l’échiquier politique, de la mouvance présidentielle à l’opposition en passant par le centre ambiguë.
L’objectif premier poursuivi par ce nouveau renard de la politique au Bénin, c’est d’abord de fragiliser les grands leaders traditionnels qui avaient des emprises réelles sur les listes, y mettent qui ils veulent, après avoir accaparé la pôle position, et marchandent à coups de millions les positions successives, dans la condition d’une seule grande alliance, tel que cela s’est passé avec la Rb sous Nicéphore Dieu Donné Soglo, l’Ubf sous Feu Mathieu Kérékou, Fcbe sous Boni Yayi, L’Un avec Bruno Amoussou comme grand manitou.
Deuxième objectif,
Sachant que l’hégémonie et la dictature des chefs des partis politiques vont créer la frustration au sein des jeunes rupturiens, les mouvements politiques, et les partis politiques satellites, qui ont démontré lors de la dernière présidentielle que les partis traditionnels ont leurs limites, il leur est ainsi accordé l’amplitude de choisir le regroupement de leur choix.
Objectif numéro trois.
Les anciens alliés de Boni Yayi issus des Fcbe ou d’autres partis politiques de la mouvance d’alors, n’auront pas le choix de se fâcher pour rejoindre l’opposition, ils peuvent mettre sur pied leur alliance compte tenu de leurs poids, au niveau de leurs fiefs respectifs. La guerre anciens, nouveaux, ouvriers de la vingt et cinquième heure pourrait être facilement évitée.
Enfin, cette initiative pourrait être aussi sous-tendue par la perspective de déstabiliser l’opposition qui n’a d’autre choix que de se regrouper.
Tout en évitant que les siens claquent la porte pour aller ailleurs, Patrice Talon offre la possibilité aux opposants, qui n’auraient pas retrouvé leur compte dans la grande alliance, de négocier la bonne position dans l’un de ses trois regroupements.
Lui-même compte scrupuleusement veiller au grain pour obtenir l’équilibre nécessaire et opérer les arbitrages.
Il sera presque le maître absolu des trois listes.
Le piège le plus obscur est que l’une des trois listes ne sera là que pour jouer les rôles de trouble-fête en captivant les fâchés de tous les camps. Elle ne générera presque pas de députés, elle confortera seulement les deux listes de la mouvance présidentielle, mais surtout effritera les efforts de regroupement de l’opposition.
A cette allure, l’opposition peut avoir du pain sur la planche.
Dîne ABOU