Simplice Dato, l’un des conseillers de la Cour constitutionnelle a simplement jeté le tablier. Visiblement, il n’en pouvait plus. D’aucuns avancent des raisons de santé pour justifier sa démission. Toujours est-il qu’elle intervient dans un climat politique étriqué, suspicieux et délétère créé par les dernières décisions rendues par la Cour.
En effet, le droit n’est pas une religion, encore moins une science exacte. C’est plutôt une science infuse. Surtout sous nos cieux, où après la pratique des affaires pendant les années agitées de Refondation, convictions et rigueur d’analyse ont été sérieusement écornées. Le droit est devenu une boue fangeuse. A s’y méprendre on s’enfoncerait de façon irrémédiable. C’est pourquoi l’annonce de la démission du conseiller de la prestigieuse Cour a provoqué ni plus ni moins, un séisme dans le paysage politique béninois depuis le vendredi dernier. Pourtant, à moins d’être un simple d’esprit, cette démission ne devrait étonner ni émouvoir. La Cour, à travers les décisions rendues ces derniers mois, s’étant elle-même jetée en pâture et livrée à la vindicte. Nommé à la Cour parmi les 7 sages par l’ex-chef de l’Etat, le démissionnaire devra être remplacé par Patrice Talon dans un délai d’un mois. C’est ce que prévoit la loi organique sur la Cour. Conformément aux dispositions de l’article 12 de la loi organique de la haute juridiction, « (…) la nomination du remplaçant intervient au plus tard dans le mois de la démission. Celle-ci prend effet pour compter de la nomination du remplaçant ». La nomination du remplaçant de Simplice Dato sera donc effective d’ici fin à février. Cette démission n’est donc pas une porte ouverte sur l’inconnu, même si elle laisse en suspens de nombreuses questions. Les regards sont tournés vers la Cour constitutionnelle elle-même, qui n’a pas su contenter tout le monde. Mieux, certains observateurs ont des raisons évidentes d’en vouloir à Holo et ses pairs. Tenez ! On nous a même vendu sans crier gare et sans autre forme de procès, que « 39 ans +1 jour = 40 ans ». C’était dans le but, à une époque politiquement polluée, de pousser et placer contre toute logique, un poulain dans la course à la présidentielle. Hélas ! La manip a échoué. Car, d’autres étaient en éveil. On a alors cru que la cause serait entendue une fois pour toutes. En fait, cela n’a fait qu’endurcir nos « éclairés ». Sinon comment comprendre qu’en l’espace de 15 années, une Cour avec les personnalités de cette envergure, a pu, comme l’a honteusement dénoncé l’autre, « valser 4 fois sur la même matière, disant une chose et son contraire ». Plus grave et inexcusable, 4 des sages conseillers de la même Cour ont pu cautionner les mêmes décisions controversées. Qu’est-ce qui a pu se passer pour qu’ils arrivent à se contredire à ce point ? La plupart d’entre eux sont quand même à l’abri du besoin, et l’âge et l’expérience de certains leur confèrent une respectabilité incontestable.
Le malaise couvait depuis fort longtemps
Au moins, par un passé récent, Robert Dossou parvenait, prenant les précautions juridiques nécessaires, à camoufler certaines insuffisances. Il était sûr des arguments qu’il avançait, à défaut de convaincre tout le monde. Mais là, ne serait-ce qu’à lire les commentaires des jeunes sur les réseaux sociaux, on comprend qu’on a atteint le fond : on est tombé dans une subjectivité et un relativisme abjects. Malheureusement, ou heureusement, le constituant a dit que « les décisions de la Cour sont sans recours ». Et elles doivent rester telles, malgré les intrigues politiciennes les plus sordides. Avec la démission de Simplice Dato, on est plus que jamais rassuré sur le fait que le malaise couvait depuis fort longtemps. La démission n’est pas le fort des cadres béninois. Tout le monde le sait. Nous préférons les compromissions. Ou nous complaire dans les grèves illimitées, alors que nous avons une économie et un pays à remettre sur pied. Une tâche, d’ailleurs, rendue plus difficile avec les nombreux éléphants laissés par l’autre et les errances de l’autre. Simplice Dato a pris ses responsabilités. Il revient au chef de l’Etat de pourvoir à son remplacement. Patrice Talon doit faire à ce propos, d’une pierre deux coups. Rééquilibrer cette cour, afin de lui redonner toute la poigne que lui conférait son influence d’antan. Il est loin, très loin malheureusement, l’époque où deux femmes, Lydie Pognon, et Conceptia Ouinsou, disaient le droit et faisaient la fierté du pays.
A