Depuis le déclenchement des mouvements de débrayage dans l’administration publique et la réouverture des négociations dans le cadre du dialogue social, toute une avalanche d’ecrits et de réactions contre les centrales et confédérations syndicales. Si certaines langues estiment qu’elles montent trop les enchères, d’autres les trouvent jusqu’au-boutistes. Et pourtant, quand on prend du recul et on analyse à tête froide les revendications, on peut se rendre à l’évidence qu’il y a une pertinence dans le fond. Et si on s’attardait sur la question du relèvement tant souhaité du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig).
Au niveau de l’Unstb, « la somme de quatre-vingt-huit mille cinq cent cinquante-six (88556) francs constitue à notre avis la valeur réelle du Smig au Bénin », martèle d’entrée, son secrétaire général, Emmanuel Zounon. A l’entendre, c’est le seuil vital. C’est ce montant qu’il faut pour le travailleur le moins payé au Bénin pour se maintenir. En dessous, le travailleur est dans la paupérisation et on ne pourrait s’attendre à une meilleure productivité de sa part, renchérit-il. Mais tenant compte d’un certain nombre de paramètres, Emmanuel Zounon met un bémol : « (…) il est évident que compte tenu de la conjoncture économique difficile que traverse notre pays, liée à une crise structurelle, il serait très difficile d’imposer ce taux du Smig aux employeurs privés ou parapublic sans des mesures d’accompagnement de l’Etat. Or, l’Etat lui-même n’a pas la maîtrise des recettes. Ces tentatives à ce jour pour juguler la crise n’ont été qu’un coup d’épée dans l’eau. C’est pourquoi, le Bureau directeur national de l’Unstb, après une analyse approfondie du contexte économique caractérisé par la cherté de la vie et conscient que tout remède mal adapté conduirait le pays dans un cercle inflationniste, propose que le montant du Smig soit porté de 40000 F à 80000 FCfa soit une augmentation de 100% en attendant une meilleure maîtrise des recettes de l’Etat ». D’aucuns pourraient se demander sur quelle base, le syndicaliste avance tous ces chiffres. A y voir de près, ce ne sont pas des chiffres inventés. C’est plutôt partant de ce qui est basique : les cinq besoins fondamentaux à savoir, se nourrir, se loger, se soigner, s’instruire, se vêtir. Ces 5 besoins sont déclinés en 10 éléments obligatoires entrant en compte dans la détermination du Smig. De la ration alimentaire journalière du travailleur, à ses obligations familiales en passant par son logement dans une banlieue, ses frais de transport, son habillement, ses quotidiens domestiques (savons, brosses végétales, fer à charbon…), ses équipements fongibles ( ), sa protection sanitaire, sa participation aux loisirs, rien n’a échappé à l’Unstb. Les prix de base considérés pour les calculs sont vraiment modestes, voire ridicules. Par exemple petit déjeuner, 300 F Cfa, déjeuner, 500 F Cfa, dîner, 500 F Cfa, eau potable (consommation journalière), 50 F Cfa… Somme toute, dans un tableau récapitulatif, l’Unstb affiche :
Alimentation………………………………….…………………40500 F
Loyer mensuel…………………………….……………......….10000 F
Frais de transport pour se rendre au service…..……....12000 F
Habillement du travailleur…………………………………..1175 F
Quotidien domestique….…………………………………...2290 F
Equipement fongible………………………………………..5625 F
Protection du travailleur………………………………….…1050 F
Loisirs……………………………………………...…………2500 F
Culture générale……………………………………………....416 F
Obligations familiales.……………………………….………3000
Au regard de ces chiffres très sobres, tout gouvernant qui a un sens du social doit convenir que demander que le Smig soit rehaussé à 80.000 FCfa, ce n’est pas encore de l’exagération. La réalité est là et crève l’œil. Il n’y a pire aveugle que celui qui refuse de les voir, surtout face aux réalités de l’heure.
JB