L’état des lieux des systèmes sanitaires du Mono et du Couffo, en 2017, a été rendu public, vendredi 2 février dernier à Lokossa puis à Aplahoué. C’était à la faveur d’une cérémonie d’échange de vœux où des doléances ont été faites en vue de mieux satisfaire les usagers des formations sanitaires du secteur public.
L’ex-département du Mono et du Couffo constitué de quatre zones sanitaires, d’un Centre hospitalier départemental (Chd) et de quatre hôpitaux de zone, s’est vu éclaté, en février 2017, en deux directions départementales de la Santé. En revanche, le plan intégré de travail annuel (Pita) élaboré en début de l’année 2017, avant le processus de départementalisation de la pyramide sanitaire, a été conjointement mis en œuvre par les deux directions.
Au terme de l’exercice de gestion 2017, le bilan commun affiche un taux d’exécution physique de 90,68 % contre 95,08 % en 2016 et un taux d’exécution financière de 95,41 % contre 89,36 % en 2016. La performance en consommation financière, aux dires de Dieu-Donné Bahoundjè, chef intérimaire du service de la Planification, de l’Informatique et de la Recherche en santé (Pirs), s’explique par la prise en charge, par l’ex-Coopération technique belge (Ctb), devenue « Enable », à travers son programme Pass Sourou, de certaines activités non programmées, mais jugées pertinentes. Elle l’avait fait, en parallèle à son assistance aux zones sanitaires dans le cadre du financement basé sur les résultats qui s’est poursuivi jusqu’à fin septembre 2017.
Pour les activités dûment prévues au Pita, la mobilisation de ressources financières traditionnelles a été nécessaire. Lesquelles ressources ont vu leur niveau porté à 1132,006 millions francs Cfa contre 1042,585 millions francs Cfa pour le compte de l’exercice 2016. Cette allocation ne prend pas en compte les crédits délégués du budget national affectés à l’ensemble des zones sanitaires et au Chd. Lesquels crédits s’élèvent globalement à 556, 627 millions francs Cfa dont 70,4 millions francs Cfa de crédits non délégués affectés au fonctionnement spécifique du Chd situé à Lokossa.
Des indicateurs de performance
Ces différents apports financiers et bien d’autres facteurs ont permis d’enregistrer quelques résultats désormais connus de tous. L’incidence du paludisme grave, pour 1 000 habitants, est passée à 7,31 contre 9,17 en 2016. De 24,75 % en 2016, le taux de mortalité périnatale pour 1 000 est passé à 22,50 % en 2017. Le taux de couverture vaccinale en Var est maintenu à 96 % contre une norme nationale de 78 %. Le taux de couverture vaccinale en Vat2+ chez les femmes enceintes a aussi stagné à 61 % contre la norme nationale de 70 %.
Dieu-Donné Bahoundjè ajoutera que dans le domaine de la santé de la mère et de l’enfant, demeure effective la pratique des audits systématiques de décès maternel et néonatal. Aussi, a-t-il fait mention de la régularité des activités de la transfusion sanguine et des campagnes de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive, de dépistage en infections sexuellement transmissibles (Ist) et du Vih/Sida ainsi que de la promotion de la Planification familiale. Par rapport à la lutte contre les épidémies, assure Dieu-Donné Bahoundjè, le système de veille est renforcé et la mise en place des produits de prise en charge gratuite est effective.
Au plan des infrastructures, il y a eu, selon lui, quelques constructions, tant dans le Mono que dans le Couffo. Pour le compte du premier département, deux logements pour des agents de santé ont été construits. L’un à Gnito dans Djanglanmè et lautre à Tinou, un village de Lokossa. Le centre de santé de Sazué, à Grand-Popo, a été doté d’une paillote. Est également effectif l’achèvement de la construction des clôtures des centres de santé de Oumako, dans la commune de Comé et de Yègodoé à Bopa.
Aussi, dans le Couffo, cinq centres de santé ont-ils été entièrement clôturés. Il s’agit des centres de santé de Madjrè, de Missinko, de Kokohoué, d’Adjahonmey et du Hondjin.
En dépit de ces efforts, les directeurs départementaux de la santé (Dds) n’entendent pas baisser la garde. « Les résultats obtenus ne répondent pas encore aux attentes des utilisateurs de nos formations sanitaires », a souligné Dr Etienne Hounkonnou, Dds du Mono.
Les attentes
Pour sa part, le délégué du personnel, Ambroise Sossou, retient que pour relever les indicateurs de performance, il faut apporter des solutions aux difficultés qui jalonnent les deux systèmes sanitaires. Entre autres, il mentionne l’insuffisance de personnel qualifié, des équipements médicaux techniques et du manque de ressources financières généralisées au niveau de toutes leurs formations sanitaires. A cette liste, Dieu-Donné Bahoundjè ajoute l’insuffisance et la vétusté des véhicules de supervision, non sans faire cas de la restriction budgétaire engendrée par les réformes structurantes de l’ex-Coopération technique belge.
En prenant acte de ces doléances, Dr Etienne Hounkonnou, Dds du Mono, a, quant à lui, invité les autorités politico-administratives à s’engager à leurs côtés. « La santé de la population, justifiera-t-il, ne dépend plus seulement des agents de santé seuls, mais aussi de tous les acteurs du système local de santé (Sylos). »
Le secrétaire général de la préfecture de Lokossa, Arnaud Agon, affirme que la contribution des partenaires techniques et financiers est également attendue. Il plaide ainsi pour que ces derniers fassent preuve « de souplesse en tenant compte des besoins exprimés par les acteurs techniques de la santé ».