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Bénin: polémique autour du salaire supposé des ministres
Publié le vendredi 9 fevrier 2018  |  AFP
Patrice
© Autre presse par DR
Patrice Talon




Après plusieurs semaines de fronde sociale, la polémique sur les salaires des membres du gouvernement gronde au Bénin, au lendemain d'une rencontre entre le chef de l'Etat et des syndicats, qui demandent la publication de la fiche de paie de tous les ministres.

Si les débats autour de cette question sont récurrents au Bénin, la signature d'un décret pour augmenter les salaires des hauts fonctionnaires publié mi-décembre a suscité une vague d'indignation dans ce pays où les syndicats essaient d'obtenir une augmentation du salaire minimum, fixé à 40.000 FCFA (60 euros) par mois en 2014.

Selon ce décret, les secrétaires généraux et directeurs de cabinet, gagnent désormais 2,3 millions de FCFA (3.500 euros) par mois, mais les salaires des ministres n'ont pas été publiés, laissant voie libre aux rumeurs sur les réseaux sociaux, où des militants de l'opposition assurent que les ministres gagnent 16 millions de FCFA mensuellement (24.400 euros).

Interrogé sur la question au cours d'une réunion par les responsables syndicaux mardi soir, le président Patrice Talon a assuré qu'"aucun ministre ne gagne 16 millions FCFA par mois".

Il a justifié les augmentations de salaires au sein de son administration pour "rationaliser les rémunérations". Au cours des précédentes administrations, "les gens (hauts fonctionnaires) gagnaient un salaire apparemment faible mais assorti de nombreuses primes et/ou de bons d'essence", a-t-il assuré.

"Les efforts sont faits pour réduire le train de vie de l'Etat depuis deux ans", a-t-il poursuivi, sans préciser le montant des salaires des ministres.

- 'Se serrer la ceinture' -

Début février, Lucien Kokou, un ancien ministre de Patrice Talon a toutefois publié sur les réseaux sociaux, sa fiche de paie du mois de septembre 2017, d'un montant de 1,3 million de FCFA. pour tacler la rumeur.

Mais cela n'aura pas servi à convaincre les sceptiques, alors que le petit pays d'Afrique de l'Ouest souffre de mouvements de grèves répétés depuis six mois, dans l'éducation, de la santé et de la justice, des secteurs où le gouvernement refuse une augmentation salariale.

"A quand l'augmentation du salaire de tous les agents de l'État au nom de l'équité et de la justice salariale?, interroge Michel Adjaka, juge béninois, sur son profil Facebook. "Quand allons-nous desserrer nos ceintures?", ironise-t-il, faisant référence à une phrase de Patrice Talon, demandant aux Béninois de "se serrer la ceinture pour parvenir rapidement au développement".

Simon Tomety, professeur spécialiste des questions institutionnelles, a écrit une lettre ouverte adressée à certains membres du gouvernement où il se dit "choqué" par ces "salaires dithyrambiques".

"Je ne comprends pas si ces salaires sont logiques dans un pays où (...) il y a des villages qui n’ont pas accès depuis toujours à l'eau potable", dénonce-t-il.

Patrice Talon, ancien homme d'affaires qui a fait fortune dans le coton, a été élu président du Bénin en avril 2016, dans un pays reconnu pour être un exemple de stabilité démocratique dans la région.

Il a depuis engagé le pays dans la voie des réformes pour tenter de faire face au ralentissement de l'économie, conséquence des difficultés que rencontre le Nigeria voisin, marché géant de 180 millions d'habitants.

Mais son orientation libérale suscite de vives inquiétudes et une grogne sociale croissante, notamment dans le secteur public.
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