Discours du Président du Parti pour la Libération du Peuple (PLP), Léonce HOUNGBADJI, lu par le Secrétaire Général, Cécil Ahouélété ADJEVI
Excellence Monsieur Thomas Boni YAYI, Ancien Président de la République,
Mesdames, Messieurs les Présidents et Représentants des Partis politiques,
Mesdames et Messieurs les anciens Ministres,
Honorables députés,
Distingués chefs religieux et chefs traditionnels,
Distingués invités,
Chers congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurai vous dire toute ma joie de vous voir ici rassemblés à l’occasion du deuxième Congrès Ordinaire de l’Alliance nationale FCBE. Merci aux organisateurs pour l’invitation et la mobilisation.
Comment douter, à voir cette Place Bio Guerra remplie par tant d'amitié, tant de chaleur et, ce n'est pas un jeu de mots, tant d'affection et tant d'engagement, que ce que nous sommes en train d'apporter à la vie politique béninoise est sans précédent et, à coup sûr, rien ne l'arrêtera ?
Je veux m'arrêter une seconde avec vous sur la profondeur, la gravité, le niveau d'exigence que la crise que traverse notre pays depuis bientôt deux ans attend de nous. Voyez-vous, nous sommes un pays qui a connu la gloire et le rayonnement. Mais nous rencontrons aujourd’hui toute sorte d'épreuves, de crises, de menaces, de nuages noirs. Ces crises laissent, hélas, notre pays exsangue physiquement et blessé moralement.
Avant avril 2016, la démocratie était chez elle au Bénin. Mais depuis, elle rase les murs, sous le regard impuissant d’un peuple toujours digne, même dans la souffrance. Elle est traquée, et sa tête mise à prix. Les brutes du régime sont même prêtes à la liquider ignorant qu’il se trouvera toujours des âmes républicaines comme nous pour la défendre. « La patrie ou la mort, nous vaincrons », dirait l’autre.
En vingt un mois de gouvernance hasardeuse, mafieuse, ruineuse, prédatrice, affairiste, népotiste, affameuse, insolente et autocratique, le président Patrice Talon s’est souvent montré prompt à la violation de la Constitution. Disons, sans ambages, qu’il est le chef d’État qui aura le plus violé la Constitution du 11 décembre 1990. Et ceci, peu importe la question ou l’enjeu. Parfois, je me pose la question de savoir la Constitution qu’il applique : celle du 11 décembre 1990 ou celle bâtarde du 4 avril 2017 jetée à la poubelle ?
Distingués invités
Chers congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Il y a actuellement une inquiétude profonde dans le cœur et l’esprit des Béninois. Un doute général s’est installé dans le pays. Le désordre, l’arrogance, le mépris vis-à-vis des citoyens et la confusion se développent d’autant plus que le pouvoir en place ne fait pas preuve de morale et d’éthique.
Le Bénin de ces 21 derniers mois a été proclamé officiellement celui de la «ruse» et de la «rage». Une gestion des affaires du pays à crédit avec des emprunts obligataires quasi mensuels au rythme des paiements de salaires aux fonctionnaires. Résultat : Le Gouvernement a creusé trop de déficit, trop de dettes, et ceci tire le pays vers le bas.
Les scandales qui secouent l’actualité prouvent que la morale républicaine fait lourdement défaut. La justice subit des coups de boutoirs tous azimuts. Le secret de l’instruction est systématiquement bafoué. La présomption d’innocence fait progressivement place à la présomption de culpabilité. De sorte qu’un simple rapport d’audit, indépendamment de toute procédure contradictoire, peut faire de n’importe quel indésirable du régime un dangereux criminel livré à la vindicte populaire parfois avec le soutien des comptes rendus de conseils des ministres.
Je veux dire ceci, singulièrement aux jeunes, si nombreux ce matin à Parakou, aux étudiants, aux jeunes travailleurs, aux producteurs, aux commerçants si nombreux et sans oublier nos braves et belles mamans : il n'y a de combats qui vaillent que ceux de la résistance du peuple meurtri. Il n'y a de combats qui vaillent que ceux qui refusent l'ordre établi dans l’injustice et l’arbitraire. Il n'y a de combats qui vaillent que ceux qui amènent le Bénin vers le progrès et non ceux qui prennent tout le pays comme leur héritage avec des privilèges exceptionnels.
Je pense à tous ceux qui souffrent dans leur vie, dans leur chair, dans leur affection, dans leur famille, de ce soubresaut-là et qui sont présents dans notre esprit ; c’est pour cette raison que je ne laisserai jamais le banditisme d’Etat s’érigé en système de gouvernance dans notre pays, je veux parler de la ruse, de la rage, du cynisme et de l’immoralité.
C'est la première fois, depuis longtemps dans notre histoire, que nous rencontrons toutes les crises du Bénin en même temps : crise économique, crise sociale, crise politique, crise sociétale, crispation du pays, interrogation sur ses valeurs, interrogation de chaque famille sur l'emploi, interrogation des familles sur l'éducation des enfants et la sécurité. En gros, une profonde crise de confiance. Tant et tant de Béninois vivent très mal et les classes moyennes, qui, jusqu'alors, avaient pu, normalement, obtenir un niveau de vie de qualité, tout d'un coup, se sont vues en difficulté pour simplement maintenir ce niveau de vie. Hier, ils faisaient des économies ; aujourd'hui, ils ont du mal à arriver à la fin du mois.
Il se trouve que j'aime le Bénin et vous aussi. Il se trouve que j'aime passionnément notre pays, que j'aime sa culture et que j'aime son identité, mais je sais, depuis longtemps, que, la vraie identité du Bénin, ce sont ses valeurs. La vraie identité du Bénin, c'est la République. La vraie identité du Bénin, c'est la Liberté, l’Egalité, la Justice et la Fraternité. La vraie identité du Bénin, c'est l'adhésion que nous avons consentie, chacun d'entre nous, en devenant enfants de la République et je ne confonds pas la vraie identité du Bénin avec les signes extérieurs de cette identité. Le président Patrice Talon ne les honore pas, ne les respecte pas, mais les confond l'un avec l'autre.
Je ne crois pas à la société des riches que le président Patrice Talon présente devant nous, jour après jour, presque heure après heure qui est une société injuste qui se caractérise, en tout cas, par sa dureté ; une société dans laquelle les favorisés du régime ont toute latitude de transmettre à leurs progénitures, qu'elles aient du mérite ou pas, les fortunes acquises par ruse et rage ; une société enfin dans laquelle le bouclier fiscal est décidé pour exonérer les amis et proches partenaires d'un certain nombre de contributions fiscales dont on laisse la charge aux classes moyennes.
Eh bien, je ne trouve pas que ce soit juste. Je ne crois pas à cette société dure pour les faibles et dorée pour les forts. Je veux une société ou, au contraire, l'esprit de justice est établi comme une règle pour tous. Je m’insurge contre cette société dans laquelle on accable, peut-être à juste titre, les petits fraudeurs de ticket de marché, mais dans laquelle les alliés politiques parmi les plus criminels bénéficient de la grâce du prince. Nous aspirons à une société dans laquelle petits fraudeurs comme grands fraudeurs sont astreints à la même justice.
Distingués invités
Chers congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Je veux vous dire qu'un pays est plus en ordre, plus en sécurité, plus stable, plus paisible, plus uni, plus juste, lorsqu'il y a entente entre ses concitoyens ; ce qui n’est pas le cas lorsqu’un pouvoir laisse s’installer la division, la haine et la détestation.
Je pense à tous ceux qui vivent en permanence cette terreur imposée. Je prétends que l'on a besoin, dans notre pays, de faire baisser les tensions entre Béninois, d'apprendre, aux uns, à comprendre les autres et, aux autres, à respecter les uns. Nous avons besoin de nous rapprocher les uns des autres et non de nous affronter mutuellement comme l’encourage le pouvoir de Talon.
La société divisée est une société dangereuse. Mon choix est celle d’une société d'ordre et de sécurité ; une société apaisée ; une société dans laquelle on puisse se regarder, se parler, se comprendre, s'entendre, vivre et travailler ensemble.
Le premier devoir d'un président de la République est de faire vivre ensemble ses concitoyens et non de les diviser entre les adversaires bannis et riches amis contrôlant tout.
En face de cette société dure, nous avons une toute autre vision que nous portons et que nous voulons défendre devant vous. La raison pour laquelle je suis avec vous ce matin, la raison pour laquelle nous nous sommes lancés, depuis deux ans, dans cette campagne de libération du Bénin, la raison pour laquelle nous voulons la gagner, c'est que nous voulons construire, au Bénin, la société de l'humanisme qui soit fière de ses valeurs, qui sache ce qu'elle veut, qui sache où elle va, qui défende un certain nombre de choses que l'on a oublié de défendre depuis longtemps à l'intérieur de nos frontières et à l'extérieur.
Je veux la société de l'humanisme pour le Bénin et je veux vous dire ce qu'est, pour moi, la société de l'humanisme. L'humanisme, cela commence avec l'idée que chacun et chacune, depuis son enfance jusqu'à sa jeunesse et à son âge mur, ne se retrouvent jamais priver de chances, priver de la capacité de se refaire, de se reconstruire, de se rattraper.
Elle doit permettre à des femmes et des hommes compétents, venus de bords différents de travailler ensemble pour redresser et reconstruire notre pays.
Je choisis, pour reconstruire le Bénin, le dépassement pour le rassemblement des Béninois. Je suis convaincu que cette idée intéresse un grand nombre de Béninois, mais qu’au fond, il demeure dans leur tête des interrogations : « C'est une idée utile, c'est une idée juste, mais est-ce qu'elle est possible ? »
L’appel au Rassemblement de toutes les forces politiques acquises pour le Bénin uni, libre, juste et prospère que je viens de lancer depuis Parakou est un grand espoir pour le Bénin. C’est pourquoi, je souhaiterais vivement qu’à l’issue de ce congrès, l’Alliance FCBE puisse prendre des résolutions conséquentes. Soyez unis et solidaires. Tendez la main à tout le monde, même à ceux qui sont déjà partis. Beaucoup de ceux qui vous ont lâché n’ont pas encore trouvé de nattes ou de tabourets pour s’asseoir. Ils sont encore debout, errant dans la cour de la Rupture qui les méprise royalement. Vous pouvez humblement encore les récupérer. N’oubliez personne. N’excluez personne. Ne minimisez personne. N’injuriez personne. Ne répondez à aucune provocation. Rassemblons-nous pour le Bénin. Nul ne sera de trop. Que chacun fasse son examen de conscience. Laissez les intérêts de factions et de carrière et les arrière-pensées de tous ordres l'emporter sur la grandeur et la cohérence du projet que nous portons pour le Bénin est un suicide collectif.
Formons ensemble, une équipe dense, solide, une équipe d'expérience, de femmes et d'hommes qui n'ont jamais craint le combat. La finalité de notre action commune est la mise en place d’une politique aux antipodes des vieux clivages en nous affranchissant de toutes les querelles qui arrièrent notre pays et maintiennent nos populations dans l’ignorance, l’analphabétisme et la misère. C’est en nous fondant sur ces valeurs, sur un mode d’engagement rénové, sur notre cohérence et notre volonté d’agir et de réussir ensemble, que nous allons arracher notre pays des mains des pilleurs, affameurs, prédateurs et assassins de la démocratie. C’est ensemble que nous allons barrer la route aux fossoyeurs de notre jeune démocratie et de nos institutions pour des intérêts insoutenables.
Ma conviction est que nous pouvons, par le renouvellement aussi bien des idées que des individus qui les portent, transformer notre classe politique complètement dévoyée et notre société en grande crise de repères.
J'ai aussi la conviction profonde que, de partout, venus de tous les milieux sociaux, des millions de Béninois ont envie que la gouvernance actuelle change. Ils vont l'imposer ce changement, que les appareils actuels de Patrice Talon le veuillent ou pas.
C'est si le Bénin est réconciliée avec lui-même qu'il va pouvoir reprendre le leadership qui était le sien parmi les nations. Voilà pourquoi je suis fier et ému que nous soyons en phase dans ce combat, non pas seulement pour le mener, mais pour le gagner. On voit maintenant que tout est prêt pour que la décision du peuple béninois franchisse l'étape ultime, faire en sorte que le peuple béninois décide lui-même de son destin, décide lui-même d'une démarche politique exceptionnelle devant une situation politique exceptionnelle.
Je suis infiniment touché que vous soyez venus des milliers et des milliers ce matin à Parakou pour préparer avec les Béninois ce profond changement.
En République, on ne fait pas souffrir la démocratie et l’Etat de droit, on ne vassalise pas les institutions de la République, on ne les humilie pas, on n’appauvrit pas les pauvres, on ne vole pas l’Etat avec arrogance, on ne radie pas des fonctionnaires de l’Etat pour leurs opinions, on emprisonne pas des opposants pour leurs choix, on ne fait pas exiler des voix critiques, on ne fait pas du chantage à ceux qui refusent de chanter l’hymne de la ruse et de la rage avec des audits ciblés et des poursuites judiciaires totalement politiques, on ne persécute pas les créateurs de richesses et d’emplois que sont les opérateurs économiques.
En tout cas, merci à vous qui ne baissez pas les bras, qui refusez d'entendre les sirènes du terrorisme d’Etat. Vous ne devez pas céder à la rage et à la ruse. Le régime Talon a échoué. Oui, Talon et son gouvernement flottant ont échoué. Il n’y a plus d’espoir avec ce régime. « La rupture », « Le nouveau départ », « Le Bénin révélé », c’est fini. Tout est déréglé. « L’homme d’affaires insaisissable qui a surgi brutalement de l’ombre pour les feux de la rampe sous la présidence Yayi, ‘’compétiteur né ‘’ auto- proclamé, se révèle au fil de son mandat, tel qu’en lui-même : ombrageux, autoritaire, teigneux, colérique, condescendant, mégalomane et omniscient. Peu enclin à supporter la contradiction. Il donne l’impression de tout savoir sur tout mais en réalité, il ne connaît du pays que ce qu’il perçoit par le petit bout de sa lorgnette d’homme d’affaires obsédé par le profit». Cet extrait de l’éditorial du journaliste Vincent FOLLY dans le journal « La Nouvelle Tribune » du vendredi 09 février 2018 résume effectivement la personnalité du chef de l’Etat.
C’est dire que le Bénin est à l’envers. Notre pays coule. Allons donc rapidement aux assises nationales pour redresser le pays ou chassons les prédateurs par tous les moyens démocratiques.
Personne ne viendra sauver le Bénin à notre place. C’est notre responsabilité de faire barrage à l’imposture et le PLP jouera pleinement et convenablement le rôle qui est le sien dans la défense des intérêts de la patrie, quel que soit le prix à payer.
Je saisi cette occasion pour rappeler la désignation et l’installation sans délai des membres devant siéger au sein du COS-LEPI pour l’actualisation de la liste électorale. Que cela soit clair : Sans Lepi, pas d’élections en 2019 au Bénin.
Distingués invités
Chers congressistes,
Mesdames et Messieurs,
Comment se porte le Bénin aujourd’hui ? Il revient à chacun de se faire son opinion. Lors de ses balades dominicales, le président Patrice Talon, par la vitre de sa Porsche, a certainement humé la misère à plein nez qu’exhale son pays. Et pourtant, droit dans ses chaussures Berluti à 10.000 euros, il demande aux Béninois de se serrer la ceinture et d’être patients.
Aujourd’hui, le Bénin a changé, il présente un visage amaigri et osseux. Il présente un visage inquiet et désespéré. Le Bénin déprime. Talon rend la société béninoise plus vulnérable, plus divisée, plus meurtrie, plus faible et fatalement plus dangereuse.
Les choses peuvent se passer autrement, si le président pense moins à lui-même comme il en a l’habitude, et retourne vers les fondamentaux de la gouvernance. Les Béninois souhaitent que le gouvernement opère moins de soustraction dans les acquis positifs, mais se tourne vers l’amélioration de leur quotidien et une planification objective pour leur avenir. Cela passe par plus de démocratie, plus de respect des textes, plus de social, plus de République, et moins d’enrichissement personnel, plus de Béninois et moins de Talon, plus de posture respectueuse de la misère des Béninois, et moins de bling-bling, plus de présence auprès des Béninois et moins de séjours onéreux à Paris et à Abidjan. Plus d’entreprises béninoises qualifiées, moins de prête-noms, plus d’égalité des chances, moins de concours de recrutement frauduleux, plus d’indépendance de la justice, et moins de manipulations, plus d’excellence et moins de népotisme, moins de fermeture d’organes de presse critiques et plus de liberté. Autrement, les Béninois sortiront de ce quinquennat comme on sort d’une relation amoureuse abusive : déçus, fortement marqués, et insensibles.
Béninoises, Béninois, Debout pour libérer le Bénin. C’est maintenant.
Non à la ruse et à la rage !
Non au mode opératoire « surgir, agir et disparaître » !
Vive la démocratie et l’État de droit !
Vive l’unité nationale !
Vive la paix !
Vive la République !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.