Les membres des Fcbe veulent gagner du temps. Ils comptent même anticiper sur la réforme du système partisan que Patrice Talon veut engager par le biais de ses députés. En décidant de se transformer en parti politique dans les premières semaines de 2018, les cauris veulent s’assurer de la réussite de cette mutation et travailler très tôt à respecter les nouvelles conditions que devrait imposer désormais la nouvelle Charte des partis politiques. Le parti Fcbe veut éviter les mauvaises surprises que pourrait cacher la réforme introduite au Parlement ; des pièges qui pourraient se révéler à la veille des législatives de 2019. La réussite de cette mutation devrait en outre permettre aux membres des Fcbe de structurer davantage leur organisation, de bien définir leur ligne politique et de renforcer leur cohésion. L’ancien président Yayi Boni continuera d’influencer à coup sûr la formation politique. Mais il reste à savoir si le Secrétaire exécutif Valentin Djènontin, qui ne manque pas de combativité et de réel engagement, réussira son challenge ; celui de conduire avec succès la mutation politique décidée.
Yayi toujours dans le cœur des Béninois
Il n’est plus un présidentiable. Mais il est toujours aimé des Béninois. 22 mois après avoir quitté le pouvoir, l’ancien président Yayi Boni a fait une apparition publique à Parakou le samedi dernier. Une réussite. Yayi Boni était sans conteste l’une des grosses attractions. Son cortège a reçu dans les villes de Parakou un accueil chaleureux. Les populations massivement mobilisées criaient son nom. Sur les lieux du congrès, beaucoup regrettaient de n’avoir pas suivi son choix en 2016. Presque unanimement, les populations ont reconnu le bilan élogieux de Yayi Boni. Ce samedi, l’intervention de l’ancien président a été longuement applaudie. Mieux, sa nomination à la présidence d’honneur du nouveau parti a été très bien accueillie. Toute chose qui prouve que Yayi Boni n’a pas perdu sa popularité. Il a plutôt gagné des points face à la gestion imposée par Patrice Talon et sa clique.
Talon rejeté, Houngbédji hué
Il sera difficile pour Patrice Talon de convaincre à nouveau certains Béninois. A tout le moins, les milliers de citoyens présents au 2ème congrès ordinaire des Fcbe à Parakou l’ont vomi. Critiqué par certains et raillé par d’autres, le Chef de l’Etat a peu de chances de refaire sa cote de popularité tant sa gestion est désapprouvée. Le samedi dernier, alors que l’ancien président Yayi annonçait qu’il ferait le compte-rendu des interventions des autres invités à Patrice Talon, les militants Fcbe ont désapprouvé par des cris. Ils ne voulaient pas en entendre parler puisque le nom Patrice Talon leur rappelle de pires cauchemars. Lors de la même rencontre, le nom Adrien Houngbédji a été sifflé. Le président du Parti pour le Renouveau démocratique (Prd) a été pratiquement hué. Les populations ont négativement réagi lorsque Yayi Boni rappelait au public des confidences que lui avait faites l’actuel président de l’Assemblée nationale. Sans doute, pour elles, Me Adrien Houngbédji est un traître politique qui ne mérite aucunement la bienveillance des Fcbe. En effet, membre de l’alliance politique ayant porté la candidature de Lionel Zinsou, le Prd a rejoint la Rupture au lendemain de la présidentielle de 2016. Un choix condamné par ses anciens alliés. Pis, plusieurs Béninois dénoncent la gestion du Parlement. Ils reprochent au président Houngbédji d’avoir fait de l’Assemblée nationale l’appendice du gouvernement.
Les leçons à tirer par la Rupture
Après le congrès de Parakou, Patrice Talon et ses affidés ne gagneront rien en cherchant à diaboliser inutilement par médias interposés le parti Fcbe. Parakou a plutôt permis à Patrice Talon d’apprécier sa popularité. Et les résultats sont inquiétants. Le Chef de l’Etat a perdu la confiance de la majorité du peuple en moins de deux ans de gestion. Et rien ne peut évoluer si les choix économiques et politiques annoncés doivent toujours être concrétisés. Patrice Talon doit remettre en cause ses options économiques s’il veut réellement être porté en triomphe en 2021. Il doit pouvoir mettre fin à la libéralisation sauvage et la destruction systématique des emplois créés par son prédécesseur. La Rupture doit investir rationnellement mais massivement dans le social tant la pauvreté s’est accentuée ces derniers mois. Si au contraire, elle s’entête à utiliser la ruse et la rage, politique décrétée par Me Joseph Djogbénou, elle aura fait le choix de l’échec.
M.M