La rencontre du Chef de l’Etat avec les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales est perçue comme un fiasco dans le rang des partenaires sociaux. Et pour cause, aucun acquis ou encore aucun engagement concret n’est obtenu de cette séance d’échanges qui aura duré plus de cinq (05) heures d’horloge. Le corollaire est que les mouvements de grève sont encore loin d’être suspendus notamment dans le secteur éducatif. Face au risque de résultats catastrophiques en fin d’année, il y a urgence pour le gouvernement…
Si les secrétaires généraux des centrales et confédérations ont décidé d’entamer une tournée nationale pour aller à la rencontre de leurs bases avant de lever ou non la motion de grève en cours depuis début janvier 2018, le Front d’action des syndicats de l’éducation n’entend point fléchir tant que les décrets d’application des statuts particuliers des enseignants ne seront pas pris par le gouvernement. Un mouvement qui se rationnalise de plus en plus dans le secteur éducatif à quelques semaines seulement des examens de fin d’année. Le gouvernement semble, de ce fait, ne pas percevoir le risque des résultats catastrophiques aux examens de fin d’année scolaire ainsi que les risques d’abandon de l’école par certains apprenants. La Fesen/Cstb et le Front n’ont point manifesté leur désir de suspendre les mouvements de grève dans les écoles, collèges et lycées. En tout cas, pas surtout après la rencontre infructueuse du Chef de l’Etat avec les responsables des centrales et confédérations syndicales. Face au fait, il y a bien matière à s’alarmer à craindre pour l’avenir de l’école béninoise. En tout cas, peu importe que le Front soit convié ou non aux séances de négociation ou qu’il soit ou non membre de la Commission nationale permanente de concertation et de négociations collectives gouvernement/centrales syndicale, ce rassemblement des syndicats de l’éducation refuse de conditionner la suspension de sa motion de grève à celle des centrales et confédérations syndicales. Ces responsables syndicaux déplorent donc la banalisation de leurs revendications par le gouvernement. Toute chose qui les renforce dans leur position de ne pas démordre. En témoigne d’ailleurs la récente séance d’échanges avecle Chef de l’Etat qui demeure moins rassurante.
Faut-il le rappeler, ces enseignants revendiquent entre autres, l’application sans délai des décrets N°2015-592 et N°2015-593 portant respectivement statuts particuliers des corps des personnels enseignants des second et premier degrés notamment l’indexation de leurs salaires, la jouissance effective des avantages contenus dans les huit (08) premiers projets dont l’incidence financière a été déjà évaluée dans les deux secteurs ; la régularisation de la situation administrative et financière des différentes catégories d’enseignants, la signature du nouvel arrêté portant modalités de recrutement et d’emploi des enseignants vacataires avec le relèvement effectif du taux horaire de vacation conformément aux propositions retenues lors des travaux de la dernière Commission interministérielle. Pour le Front, c’est inadmissible qu’une nouvelle Commission soit mise sur pied pour la réévaluation de l’incidence financière des huit (08) premiers projets d’arrêtés d’application des décrets. Ainsi, les enseignants ont été appelés à poursuivre la grève jusqu’à satisfaction totale de leur plateforme revendicative. Le gouvernement de la Rupture se doit de prendre ses responsabilités afin de ne pas sacrifier l’avenir de la génération montante sur l’autel des primes et autres. En attendant, les apprenants béninois continuent d’errer dans les ruelles et les enseignants continuent de déserter les salles de classes. Cela inquiète plus d’un !
Aziz BADAROU