Décidément, l’ex-chef d’Etat reste et demeure l’éternel leader des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE). Le deuxième congrès ordinaire tenu à Parakou, samedi dernier, n’a pas pu fixer les uns et les autres sur une nouvelle tendance de leadership pour succéder à Boni Yayi. Les attentes étaient nombreuses dans ce sens, mais en vain. Rien qu’à observer la nouvelle structuration de l’alliance défunte, désormais en mode parti politique, on se rend compte qu’il n’y a véritablement pas un patron, en dehors du seul Yayi, qui désormais, de son statut de président d’honneur, restera davantage incontournable dans la gestion, la vie, le fonctionnement et l’avenir des FCBE. S’il faut mettre à l’actif du lobby intellectuel qui a travaillé à restructurer les FCBE en prélude au congrès, quelques ingéniosités avec de nouvelles fonctions comme secrétaire exécutif national et adjoints, il y a des préoccupations non résolues. En désignant à l’unanimité le député Valentin Agossou Djènontin au poste de secrétaire national exécutif, Yayi et ses derniers amis fidèles, ne voudraient sans doute par faire de ce fils d’Agonlin, le nouvel homme fort des FCBE. Loin de là. Mais juste un premier responsable appelé à conduire une équipe pour atteindre des résultats. Il n’en dispose pas d’ailleurs, la carrure. Elu député aux dernières législatives sur la liste FCBE, Valentin Agossou Djènontin, a sans doute des qualités d’homme politique, mais n’a pas encore la carapace d’un dirigeant de parti politique, au regard de son modeste parcours en la matière. Les paramètres de confiance et de fidélité à l’ancien chef de l’Etat ont certainement pesé dans son choix, et si les congressistes n’ont pas trouvé à dire, c’est qu’ils ont également une certaine considération pour ce diplômé de l’ENAM et plusieurs fois ministres sous le régime Yayi.
Il reste à savoir, si en restructurant le parti FCBE de cette manière, les responsables et militants, sous les directives évidentes de Boni Yayi, ont pensé à ses futures capacités de conquête du pouvoir, si tant est qu’ils s’y préparent. La question se pose avec acuité, même si la réforme du système partisan en vue pourrait permettre au parti des Yayistes de s’allier avec plusieurs autres formations politiques pour ériger un nouveau leader compétitif. Yayi étant désormais hors jeu à toute compétition électorale de haut niveau, comme la présidentielle. Il semble bien que cette motivation a guidé les esprits dans la nouvelle restructuration, mais il va falloir y penser profondément en tenant compte du fait qu’un parti politique doit nécessairement disposer d’un leader réel pour lui permettre de faire prospérer ses ambitions de conquête et de gestion du pouvoir. La leçon de 2016, avec le choix d’un candidat de dernière heure, le franco-Béninois, Lionel Zinsou, non FCBE, pour concourir à la présidentielle organisée en cette année, doit servir à affiner les stratégies et modes opérateurs pour ne plus retomber dans les mêmes erreurs.
Christian TCHANOU