Les prochaines joutes électorales s’annoncent comme le 1er test grandeur nature pour la coalition de la Rupture et du Bénin Révélé. A quelle sauce Patrice Talon et ses alliés seront-ils mangés ? Difficile de le dire. Mais rien qu’à voir le contexte socio-politique, c’est une évidence que la majorité présidentielle ne dispose pas d’une marge de manœuvre assez large. Ce que pourrait exploiter à son avantage l’opposition politique.
C’est un secret de polichinelle que Boni Yayi en personne pourrait conduire la déferlante vague verte aux législatives de 2019. Pour le parti Fcbe, la mission sera d’essayer de battre son propre record de trente députés, malgré les défections. Ils y croient, gonflés à bloc qu’ils sont, depuis le succès du congrès de Parakou le week-end dernier. Dans la partie méridionale du pays, ce serait faire preuve de naïveté que de penser que c’était juste un concours de circonstance qui a placé Sébastien Ajavon en 3ème position lors de la présidentielle de 2016. Penser que l’homme n’a aucun électorat et qu’il ne dispose pas d’un réseau dans l’Ouémé, le Plateau et dans le Mono, un réseau qui, secrètement, continue de faire un travail sur le terrain, c’est choisir délibérément de se voiler la face. Dans le Plateau d’Abomey tout comme à Cotonou et environs, la Rb originelle, l’aile Soglo, compte certainement encore des partisans tout comme Candide Azannaï dans la 16e circonscription électorale.
Le dénominateur commun à tous ceux-là, c’est qu’ils sont contre la gouvernance actuelle du pays. Le défi, c’est alors arriver à changer la donne. Et cela passe par les législatives de 2019. Pour ça, ils se concertent. Loin des caméras et micros, ils font un travail sur le terrain. Ils savent que pour empêcher Patrice Talon de conduire le pays dans le gouffre, cela passe par avoir le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Eviter que le Parlement soit le prolongement de l’Exécutif, une sorte de caisse de résonnance comme c’est actuellement le cas, passe par réduire le Bmp à sa plus petite expression. Cela impose de la méthode, la connaissance du terrain et surtout de serrer les rangs. Y aller ensemble et jamais en rangs dispersés.Yayi, Ajavon, Azannaï et les Soglo le savent et y travaillent.
Le contexte est à leur avantage. En deux ans de gouvernance, le panier de la ménagère n’a jamais été aussi vide. Les grèves perlées dans l’administration, le mythe autour des salaires des membres du gouvernement, la lutte sélective contre la corruption, les conflits d’intérêts au sommet du pouvoir sont les thèmes de campagne autour desquels l’opposition va rassembler les populations. En plus l’autre thème qui revient souvent lors des législatives et qui fait mouche, presque à chaque fois, c’est ne pas donner tous les pouvoirs au Chef de l’Etat. Les populations, la plupart du temps, sont très sensibles à ce thème. L’opposition va investir les villes, campagnes et hameaux pour expliquer en quoi il est suicidaire pour la démocratie de confier le pouvoir législatif à celui qui a déjà le pouvoir d’Etat. Ils diront que c’est comme donner à quelqu’un le beurre et l’argent du beurre. Ce thème de campagne a, presque toujours, fait le malheur des gouvernements successifs. Soglo, Kérékou et Yayi en ont fait les frais. L’opposition actuelle le sait et n’hésitera pas à utiliser la même arme contre Talon.
B.H