La plus grande réserve animalière de l’Afrique de l’Ouest vit à nouveau. Sa flore, mais aussi sa faune sont passées aux mains des professionnels de la gestion des parcs. Réformes, rigueur, innovations, technologie… Rien n’est laissé de côté par African Park Network pour révéler le parc de la Pendjari.
Pour mieux apprécier la révolution qui s’opère au niveau du parc de la Penjari depuis la reprise de cet espace par l’organisation non gouvernementale African Park Network, il faut s’adonner à une balade matinale dans cette énorme réserve de faune et de flore aux côtés de Jean-Marc Froment, représentant de l’organisation au Bénin. En plus de découvrir la beauté des lieux et de croiser la plupart des espèces du parc, profitant de la brise matinale, on s’abreuve à la vision de cet homme pour la faune et son ambition pour la Pendjari des années à venir. « Quand nous sommes arrivés, nous avons vu un très beau parc, quelque chose qui était exceptionnel actuellement en Afrique. J’ai été personnellement impressionné par le potentiel qu’il y avait au niveau de ce parc », confie-t-il.
Mais les lieux étaient aussi en souffrance. « Nous avons vu aussi une pression de braconnage qui était relativement importante », soutient Jean-Marc Froment. Sauf que son équipe et lui n’ont pas perdu le temps. Il fallait sécuriser le parc. Et là-dessus, African Park Network n’a pas lésiné sur les moyens. Forte de ses expériences antérieures et de la confiance placée en elle par le gouvernement, l’organisation s’est déployée à travers un plan multifonctionnel dont la finalité était de contenir le braconnage, soutient Jean-Marc Froment. Nous avons mis en place le cadre pour former la brigade spéciale pour les parcs nationaux, et nous avons commencé à former les premiers Rangers ».
Les Rangers, c’est eux qui sont devenus les remparts contre toutes incursions malveillantes dans le parc. Toutes les anciennes structures et les individus à charge de la protection et de la sécurisation ont fait place à de jeunes et vigoureux bras valides durement formés à la charge de la protection et de la sécurisation de la faune. Sur un total de 170 recrues suivant des critères clairement définis, le groupe a été réduit à 130, puis à 70, avant que les 35 meilleurs soient retenus pour la formation proprement dite. Parmi eux, 31 ont été finalement consacrés Rangers. Un véritable parcours du combattant, jonché de rudes épreuves, indispensables pour être en phase avec les exigences de ce corps, selon James Terjanian, directeur du complexe de la Penjari. A l’équipe d’encadrement d’African Park Network se sont joints des éléments des Eaux, Forêts et Chasse pour allier formation théorique, enseignement pratique, réalités du terrain, exigences du milieu et contingences sociales. En somme, un bon package qui fait de ces hommes à l’air grave, de véritables acteurs contre la dégradation de la flore et pour la préservation de la faune dans le parc. Pour les soustraire à la tentation, leurs salaires ont été fixés en conséquence. Un Ranger gagne 150 000 francs Cfa le mois.
Haute technologie !
D’un parc désorganisé, surexploité, victime de braconnage avec une quasi-absence de statistiques et de données fiables, African Park Network s’emploie à faire de la Pendjari une réserve naturelle où les animaux vivent en paix, sans la moindre menace et sans agression, confie James Terjanian, directeur du complexe de la Pendjari pour qui, « tout était à refaire » en ces lieux. African Park Network déploie une technologie de pointe. Tous les jours, une Ulm (petit avion) survole le parc à basse altitude pour détecter la moindre menace et surtout suivre le mouvement des bêtes. L’appareil se révèle encore plus utile à l’occasion de la pose des colliers GPS aux animaux. A ce dispositif, on a joint un suivi à la trace des animaux à travers un système satellitaire que coordonne une cellule au sol. Laquelle est en communication permanente avec les Rangers, doté de téléphone satellitaire et autres moyens technologiques de haute portée. In fine, tout le parc, d’une superficie de 4700 km2 est cerné et le déplacement des animaux est suivi à la trace avec un compte rendu en temps réel, toutes les dix minutes.
José Pliya, directeur de l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du Tourisme (Anpt), y voit alors la concrétisation d’un des projets phares du volet Tourisme du Programme d’action du gouvernement (Pag). Avec la technologie déployée par l’African Park Network, il croit dur comme fer que les rêves du président Patrice Talon vont devenir une réalité. Il espère aussi que des touristes vont affluer dans les années à venir dans ce parc dont il rêve de voir l’intégrité préservée. Si ambition touristique il y a, il n’en demeure pas moins que la pérennité du parc passe avant tout. Tout ce qui est prévu, selon José Pliya, doit se faire sans agresser la faune?