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Suspension de la grève dans le secteur de la santé Et si les enseignants s’inspiraient du réalisme des agents de santé ?
Publié le lundi 19 fevrier 2018  |  aCotonou.com
Ecolier
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Ecolier Beninois




Suspension de la grève dans le secteur de la santé

Et si les enseignants s’inspiraient du réalisme des agents de santé ?

(Ils ne sont pas aussi mal lotis qu’ils le prétendent)

Quelques jours après les magistrats, le collectif des syndicats de la santé a décidé de suspendre sa motion de grève, en cours depuis plusieurs semaines. C’est le porte-parole de l’intersyndicale de la santé, Adolphe Houssou, reçu sur l’émission "L’Invité du jour" de la radio Soleil FM vendredi dernier, qui a annoncé la bonne nouvelle. Selon lui, cette suspension est motivée par deux faits importants : notamment, la décision de la Cour constitutionnelle qui annule la loi ayant supprimé le droit de grève aux agents de santé, et la volonté manifeste, explicitement renouvelée, du gouvernement à étudier les revendications des travailleurs de la santé avec rigueur et réalisme. Un comité a été mis en place à cet effet. Conséquence, même si les praticiens hospitaliers et les paramédicaux n’ont encore rien obtenu de concret, le service à plein régime a repris dans les centres de santé publics, depuis le vendredi 16 février 2018, au grand .bonheur des populations. Le gouvernement leur a juste fait des promesses, dont ils attendent impatiemment et fermement la concrétisation.

C’est donc par sagesse et patriotisme, qu’ils ont décidé de lever leur motion de grève, en faisant confiance à la volonté de dialogue sincère affichée par le gouvernement, et surtout la bonne foi du chef de l’Etat, lors des rencontres avec les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales, le clergé catholique et les protestants. Il est souhaitable, voire impérieux, que les enseignants, actuellement en grève, empruntent la même voie de sagesse, pour sortir l’école béninoise des affres de la paralysie des activités académiques.

Les enseignants n’ont plus de salaires de misère

Notre curiosité nous a amenés à une enquête sur ce que gagnent aujourd’hui les enseignants, qui prétendent être les mal aimés de la fonction publique béninoise. Notre surprise a été des plus agréables. En disant qu’ils sont les moins payés, les enseignants semblent manquer de sincérité.

En effet, un enseignant du secondaire recruté niveau licence, en début de carrière, gagne 175721 FCFA par mois, non compris les diverses primes annuelles hors fiche de paie qui s’élèvent, aujourd’hui à 157.600 FCFA, par enseignant. En milieu de carrière, le même enseignant gagne 325000 FCFA, et en fin de carrière 537501 FCFA. Ce qui veut dire qu’à la retraite, il serait autour de 300000/mois.

Les recherches, indiquent, par ailleurs, que l’instituteur qui commence niveau BEPC aujourd’hui gagne 92000 FCFA/mois. En milieu de carrière, il serait à 230000 ; et en fin de carrière à 380000/mois ; soit une pension de retraite de l’ordre de 200000/mois.

Ce traitement de choix tient des 25% du relèvement du point indiciaire à eux accordés depuis Janvier 2011, et des 25% de relèvement du point d’indice accordés à tous les travailleurs, et dont ils ont commencé à jouir depuis janvier 2016.
Alors, peut-on encore réellement affirmer qu’ils sont mal payés, quand on sait que dans d’autres corps, et pour les mêmes diplômes, d’autres gagnent bien moins ? Certes, l’homme est un éternel insatisfait. Le syndicaliste l’est encore plus. Mais il n’est pas exact de minimiser cette discrimination positive qui les distingue nettement de tout autre agent à diplôme égal d’autres secteurs de la fonction publique.

Comparaison n’est pas raison, mais elle inspire parfois discernement critique

Au même moment àù les enseignants bénéficient de ce traitement de choix, un agent du ministère des Finances, qui commence avec le BEPC, gagne 82000 FCFA/mois. Certes, comparaison n’est pas raison ; mais elle inspire parfois le discernement pointu et le raisonnement critique. Cette discrimination positive consacre justement la spécificité de la fonction enseignante. Donc, quand certains enseignants évoquent leur situation de misère, en prenant pour repère les magistrats, il faut s’interroger sur la pertinence de ce ressentiment. D’abord, sur les effectifs, les magistrats sont, à ce jour, à peine 300. Leur mission est si délicate, qu’ils peuvent faire du tort à tout le monde, s’ils étaient corrompus, et biaisaient leurs décisions. Ensuite, en ce qui concerne les enseignants, ceux du primaire sont au nombre de 35.000, et ceux du secondaire 15.125. On conviendra aisément que l’impact financier d’une décision en leur faveur ne sera jamais la même.

Ainsi, une augmentation des enseignants, dans les proportions qu’ils souhaitent, peut lester le budget de l’Etat, de manière à provoquer même la cessation de payement de salaire, étant entendu que notre budget est essentiellement fiscal. Là-dessus, le gouvernement a des contraintes budgétaires qui l’obligent à dire la vérité, plutôt que de combler les enseignants de promesses qu’il sait qu’il ne peut tenir dans la durée. Il fait ce qu’il peut. Actuellement, il ne peut aller au-delà de ce qu’il propose aux enseignants.

Toutefois, cela n’exclut pas qu’à travers un dialogue sincère, on puisse constamment rechercher les compromis nécessaires à un climat social apaisé. C’est pourquoi, il convient d’appeler les enseignants au réalisme, à encore plus de patriotisme et à la patience. Dès que les finances publiques vont s’améliorer sensiblement, le gouvernement ne peut les oublier. Il ne manquera pas de leur faire un clin d’œil, par rapport à leurs revendications légitimes.

Paru dans L'Opinion Aujourd'hui
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