Les personnes suspectées dans les différentes affaires ont pris d’assaut les réseaux sociaux et autres canaux pour clamer leur innocence. Mais en réalité, l’endroit indiqué pour se faire blanchir est la Justice. Au demeurant, les réactions tous azimuts traduisent un sentiment de peur des intéressés qui craignent d’être rattrapés par leur gestion.
La question de la poursuite de certains députés et anciens ministres occupe la classe politique. Depuis quelques jours, le sujet suscite des passions. C’est le directeur de la communication gouvernementale à la présidence de la république qui a confirmé ce qui n’était qu’une rumeur vendredi dernier sur la radio Océan Fm. Des députés et anciens ministres proches du régime défunt sont cités dans des cas de concours frauduleux, de mauvaise gestion à l’ex-société nationale de promotion agricole (Sonapra), de détention présumée de faux médicaments…
Deux jours plus tard, dimanche, le porte-parole de l’ancienne alliance au pouvoir, Nouréni Atchadé, a laissé entendre sur la radio nationale, que le régime actuel devrait d’abord balayer devant sa propre porte. Le député a en outre condamné la procédure, la qualifiant de sélective. Quelques jours avant cela, l’une des personnes suspectées déclarait sur les réseaux sociaux qu’elle n’avait rien à se reprocher. En somme, ce n’est pas la première fois que des personnes citées dans un dossier veulent se laver de tout soupçon. Mieux, elles affichent leur innocence dans la presse comme dans les réseaux sociaux.
Techniquement possible…
La Haute cour de justice, par conséquent, se tourne les pouces depuis sa création, faute de clients. La dernière initiative de levée d’immunité remonte à 2015. Le député Barthélémy Kassa a pu se réjouir du vote de ses collègues. Autres temps, autres mœurs. Cette fois, l’actuel président, Patrice Talon, peut se vanter de sa majorité parlementaire d’au moins 60 députés. Il en faut, selon l’article 90 de la constitution, 55 pour le premier vote. Idem pour le second tour, ce qui confirme qu’il a la majorité.
Talon mieux que Yayi
Du coup, le président de la République doit convaincre sa majorité parlementaire de sa volonté de lutter contre le détournement des deniers publics. Les députés de la majorité parlementaire peuvent en effet, craindre un effet boomerang. On est à un an des législatives et ça c’est à prendre en compte. Patrice Talon peut cependant se targuer de transmettre à la justice des dossiers de malversations.
Il en a déjà donné l’exemple dans Segub-Gate. Il fait mieux que son prédécesseur qui gardait les dossiers par devers lui. Non sans chantage sur les personnes citées. Si la demande de la justice d’écouter les anciens ministres et députés échouait, le Chef de l’Etat pourrait se satisfaire d’avoir lui aussi essayé de traduire devant la justice des personnes suspectées. Ce sont les acteurs de la lutte contre la corruption qui s’en désoleraient. Le pays en pâtirait. Assurément.
RèliouKoubakin