(Dr Louis Koukpemedji appelle les pharmaciens au calme et à la sérénité)
L’affaire de faux médicaments dans lequel serait impliqué le député Atao Hinnouho connaît un nouveau rebondissement depuis mardi dernier avec l’arrestation de plusieurs responsables de sociétés grossistes. Des grossistes à qui, il est reproché, d’être impliqués dans le commerce de faux médicaments. Si cela parait surprenant que des sociétés censées alimenter formellement les pharmacies se trouvent complices de la criminalité pharmaceutique, il faut dire qu’il y a plusieurs mois déjà que votre journal “Matin Libre“, à travers une série de publications, avait donné l’alerte. Des déclarations de presse du Siphab avaient également prévenu du danger…
Dans sa parution du 06 juillet 2017 et à travers l’article intitulé « Implication d’Ub Phar dans une affaire de trafic de médicaments : Les pharmaciens exigent des sanctions appropriées », le journal “Matin Libre“ avait souligné la nécessité de procéder à l’inspection de toutes les sociétés grossistes. Ceci, en raison des pratiques très peu orthodoxes de certaines sociétés grossistes dont Ub Phar, pris en flagrant délit en train de livrer des médicaments sur le marché informel dans le département du Plateau par le président du Syndicat indépendant des pharmaciens du Bénin. Un dossier qui avait fait beaucoup de bruits mais malgré les démarches menées par le Collectif des pharmaciens du Bénin unis contre la vente illicite des médicaments, l’affaire a été très tôt rangée sans suite. Ceci, avait d’ailleurs amené les pharmaciens à lancer une pétition pour appeler au boycott de la société grossiste en ce qui concerne les commandes de médicaments. Faut-il le rappeler, l’affaire avait été conduite par Dr Koukpémèdji, avec le concours du Chef de la Brigade de recherche de Pobè et qui a permis de mettre la main sur la dame à qui étaient destinés lesdits médicaments. Le bordereau de livraison a permis de remonter au grossiste qui serait un coutumier des faits. Suite aux tentatives d’étouffement de l’affaire, les pharmaciens avaient exigé que des sanctions appropriées soient infligées à Ub Phar conformément à la règlementation pharmaceutique notamment la fermeture des comptes-client secondaires et étrangers destinés aux achats douteux et frauduleux. Ils ont également, à travers une déclaration de presse, souhaité la mise en place d’une commission d’enquête pour inspecter toutes les sociétés grossistes privées et publiques.
Quelques mois après, ça revient sur tapis…
Depuis mardi dernier, plusieurs responsables de sociétés grossistes passent simplement de sales moments. Accusés d’être impliqués dans une affaire de faux médicaments, ces derniers ont été présentés hier au Procureur de la République. Après une audience qui aura duré plusieurs heures, le procès a été reporté au 06 mars prochain. Donc, ils ont été placés sous mandat de dépôt en attendant de comparaitre à nouveau pour être entendus dans l’affaire “Atao“. Il s’agit entre autres des responsables de la Came, UbPhar, Ubipharm, Promo Pharma, Gapob, Promopharma ainsi que deux collaborateurs du député Atao Hinnouho. Ils sont accusés de "vente de médicaments falsifiés, exposition, détention en vue de vente, mise en vente ou vente de substances médicamenteuses falsifiées".
Aziz BADAROU
COMMUNIQUÉ DU SYNDICAT INDÉPENDANT DES PHARMACIENS DU BÉNIN (SIPHAB)
Le bureau du SIPHAB a été informé ce soir du mardi 20 février 2018 de la mise sous mandat de dépôt des directeurs généraux des sociétés grossistes-répartiteurs de médicaments par le tribunal de première instance de Cotonou.
Cette mesure entrerait dans le cadre de l'instruction du dossier de détention illégale de produits pharmaceutiques par un honorable député actuellement poursuivi.
Tout en compatissant aux difficultés de nos confrères et consoeur qui font actuellement objet de poursuite judiciaire, le bureau du SIPHAB voudrait inviter les pharmaciens au calme et à la sérénité afin de permettre à la justice de situer les responsabilités dans cette affaire qui, si elle n'est pas clarifiée, risque ďébranler tout le système d'approvisionnement pharmaceutique de notre pays et d'entamer la confiance de nos populations.
Le bureau du SIPHAB continue de faire confiance à la justice pour la gestion transparente de ce dossier dans l'intérêt supérieur de la nation.
Fait à Cotonou, le 20 février 2018.