La désignation d’une jeune métisse pour incarner Jeanne d’Arc aux prochaines festivités annuelles célébrant l’héroïne nationale française a déclenché sur les réseaux sociaux un déferlement de commentaires haineux des tenants de la droite identitaire.
Agée de 17 ans, Mathilde Edey Gamassou, qui a des origines béninoises par son père et polonaises par sa mère -- a été choisie parmi environ 250
candidates pour être la cinquantième incarnation de Jeanne d’Arc lors des
fêtes johanniques célébrant chaque année au printemps la victoire en avril 1429 de la jeune fille sur les Anglais qui assiégeaient Orléans, dans le
centre de la France.
La secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre femmes et hommes, Marlène Schiappa, a assuré jeudi dans un tweet que "la haine raciste de la fachosphère n’a pas sa place dans la République française".
Bénédicte Baranger, présidente du comité Jeanne d’Arc, déplore la
"polémique" et se déclare "triste de penser que ce choix puisse susciter la
moindre récupération". La présidente de l’instance qui a décidé de distinguer Mathilde Edey Gamassou a rappelé à l’AFP que "cette jeune fille a été choisie pour ce qu’elle est, une personnalité intéressante et un esprit bien fait".
"Elle répond aux quatre critères de choix que nous nous sommes fixés:
résider à Orléans depuis dix ans, être scolarisée dans un lycée orléanais,
être catholique et donner du temps aux autres", a-t-elle insisté. "Il n’y a
aucune provocation, elle portera notre histoire de France à tous, comme l’ont fait les autres Jeanne avant elle."
Assurant avoir reçu un commandement de Dieu, Jeanne d’Arc, alors jeune
fille de 17 ans, avait conduit victorieusement les troupes françaises contre
les armées anglaises lors de la Guerre de Cent Ans (XIVe et XVe siècles). Elle a été brûlée vive à Rouen (ouest) en 1431. Elle sera par la suite béatifiée.
La 589e édition de la célébration de la levée du siège d’Orléans pendant la
Guerre de 100 ans se déroulera du 28 avril au 8 mai.
Sur des sites internet d’extrême-droite, ce choix est dénoncé notamment
comme "une propagande pro-métissage, début d’une tentative de transformer l’Histoire en un récit où ce seront les arabes et les noirs qui ont fait l’Histoire de France depuis les débuts".
Sur le site anti-musulman Résistance républicaine, un commentaire va
jusqu’à prédire: "L’an prochain, Jeanne d’Arc sera en burqa."
De nombreux autres commentaires sur les réseaux sociaux dénoncent les
injures racistes, illustrant la sensibilité qui règne en France sur la représentation de la multiculturalité.