Pour une vision spécifique en faveur du secteur sanitaire, c’en est une. Et quand sur la balance, elle emporte l’adhésion de la majorité des populations, il ne reste plus qu’à l’applaudir. Mais surtout, croiser les doigts pour que la parole présidentielle ait le don de réaliser l’utile réforme pour qu’enfin, le trésor public dise adieu au paiement des factures salées d’évacuations sanitaires. S’il était même possible d’opérer, en quelques mois, le miracle, M. le président, vous n’aurez rien à envier à Zorro, le gentil justicier.
Tenez ! Chaque année, des dizaines de milliards sont débloqués au profit des privilégiés de la République pour aller se faire soigner à l’étranger. Généralement, les premières destinations, c’est la France et les Etats-Unis. Ensuite, c’est l’Afrique du Sud, le Maroc et la Tunisie dont les hôpitaux disposent de meilleurs plateaux techniques.
Evidemment, les soins de qualité ont un prix. S’ils sont aux frais de la princesse, plus on savoure. D’ailleurs, il faut vraiment être fou, quand la possibilité existe, pour décliner les services des meilleurs spécialistes du monde pour recouvrer sa santé. Par exemple, pour une simple cataracte, le président Boni Yayi s’est dirigé dare-dare vers l’Afrique du Sud. Manque d’hôpitaux de référence au Bénin, de médecins compétents ou juste par précaution ? Ça, à part lui-même, personne ne saurait le dire.
Mais, ce qu’on sait, c’est que ceux qui ne sont pas des cadres, des autorités politico-administratives et proches du pouvoir n’ont pas d’autre choix que, selon que leur bourse le leur permet, de se contenter de l’existant en matière de plateau technique au Bénin ou d’aller chercher leur bien-être sous d’autres cieux.
Bref, tous les Béninois ne sont pas logés à la même enseigne. Dès que la santé des privilégiés est défectueuse, il y a très souvent des prises en charge et en cas de complications, des évacuations sanitaires. Les autres ou si vous voulez, la grande masse, la providence s’en charge. Malheureusement, évacuation sanitaire n’est pas toujours synonyme de guérison. De l’Afrique du Sud, les anciens députés Eric N’Dah et Zacharie Yolou sont revenus les pieds devant.
Alors, pourquoi continuer à engloutir l’argent du contribuable pour d’hypothétiques guérisons ? Au mieux, il faut investir dans la construction d’un hôpital de référence, et s’il le faut, rapatrier de la France, les nombreuses compétences béninoises en médecine. J’exagère peut-être. Mais, je ne doute pas que l’Union islamique qui a eu le privilège d’entendre en direct des vérités choquantes sur les évacuations sanitaires désavoue une discrimination qui n’a fait que trop durer.
Au contraire, elle ne fera que bénir la nouvelle vision du chantre du Nouveau départ et prier qu’il plaise à Dieu et à la Rupture que très prochainement, tous les Béninois se soignent chez eux et près des leurs. Sauver mille vies, c’est mieux que d’en sauver une dizaine. Certes, comparaison n’est pas raison mais, devant Allah nous sommes égaux. Et si de deux maux, il faut choisir le moindre, entre l’interdiction des évacuations sanitaires et des économies à l’Etat pour très bientôt un hôpital de référence, à moins que je me trompe, le choix est vite fait.
Angelo DOSSOUMOU