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Editorial : Wemexwe, de la fête au développement
Publié le jeudi 1 mars 2018  |  Fraternité




Plus de peur que de mal. La 9ème édition de la fête identitaire Wemexwe a tenu toutes ses promesses. Dimanche dernier à Adjohoun, c’était l’apothéose. Les fils et filles de la vallée de l’Ouémé ont répondu massivement présents à l’appel de la coordination générale de ce creuset placé sous le leadership et la responsabilité de Antoine Bonou. C’est donc dans une grande ferveur et une liesse populaire que les Wémènou et leurs invités, venus des quatre coins du pays et même d’ailleurs, ont communié. La messe du dimanche dernier et les agapes qui ont suivi ont clôturé de fort belle manière ces retrouvailles qui rentrent ainsi dans les annales de l’histoire. Wemexwe 2018, c’est désormais du passé. Mais avant d’en arriver à cette étape ultime, il a fallu vaincre les démons du passé. Et ça, ce n’était pas gagné d’avance.
L’année écoulée, précisément en janvier 2017, les ressortissants de cette vallée s’étaient donné rendez-vous à Dangbo. Après plusieurs mois de préparatifs et de sacrifices divers, la fête n’a pu avoir lieu, à la grande désolation de tous. Par une ordonnance, le tribunal de première instance de Porto-Novo a interdit la tenue de cette manifestation qui draine des milliers de personnes au motif de troubles à l’ordre public. En effet, suite à des frictions exacerbées au grand jour et redoutant que cette tension ambiante occasionne des affrontements, le tribunal a cru devoir enterrer les espoirs des organisateurs. « La loi est dure, mais c’est la loi », dit-on. Après avoir accusé le coup et animés d’une volonté farouche de poursuivre la belle aventure, Antoine Bonou et les membres de la coordination générale se sont remis à la tâche. Cette année, ce fut un succès éclatant.
Grâce à cette dynamique en cours dans la vallée de l’Ouémé depuis bientôt une décennie, les populations connaissent un certain soulagement dans leur quotidien. Les ressources générées par la vente du tissu confectionné chaque année pour ces retrouvailles servent à la réalisation de certaines infrastructures sociocommunautaires, en l’occurrence des modules de salles de classe. Dangbo, Adjohoun, Bonou, et Aguégués qui sont les quatre communes de la vallée ont déjà toutes bénéficié de cet investissement. A cela s’ajoutent l’ouverture et la réfection des voies, l’appui constant aux équipes sportives et aux groupements de femmes spécialisées dans l’agriculture et la transformation des produits issus du travail de la terre. Les dons en équipements pour les centres de santé et la promotion des artistes talentueux de la vallée viennent compléter ce tableau à l’actif de la coordination générale. L’année prochaine, ce sera la 10ème édition et il sied après toutes ces années que la coordination aille plus loin.
La vallée de l’Ouémé située au Sud Est de la République du Bénin est la plus riche en Afrique après celle du Nil. La fertilité de son sol, son potentiel culturel, spirituel et touristique sont des atouts exceptionnels de ce territoire faiblement exploités. Les populations qui vivent dans ces contrées sont exposées en permanence à la pauvreté alors qu’elles ont une mine d’or à leur disposition. Les gouvernements successifs se sont simplement contentés des déclarations d’intention alors qu’il aurait fallu qu’un programme ambitieux et pertinent de l’exploitation de la vallée de l’Ouémé soit conçu et mis en œuvre. Puisque les pouvoirs publics traînent le pas, la coordination générale de Wemexwe pourrait à présent s’investir sur ce terrain en menant un lobbying puissant pour obliger les décideurs à prendre des initiatives tangibles et crédibles en vue du développement de la vallée. La fête c’est bien, le développement et l’épanouissement des citoyens, c’est encore mieux. Au-delà des réalisations antérieures, Wemexwe peut et doit maintenant œuvrer pour que les multiples richesses dont regorge la vallée soient exploitées et profitables à tous.
Moïse DOSSOUMOU
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