Après les défalcations opérées sur les salaires pour fait de grève, le gouvernement de la Rupture n’est visiblement pas encore prêt pour décrisper le climat social. Hier, mercredi 28 février 2018, en Conseil des ministres, le gouvernement a jugé la grève en cours d’illégale et menacé de considérer les agents en grève comme étant dans une posture d’abandon de poste. A en croire le Garde des sceaux, le mouvement de débrayage en cours ne respecte pas les dispositions fixées par la loi n° 2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin.Le gouvernement du Nouveau départ s’aventure sur une piste glissante, selon plusieurs observateurs. Une décision du gouvernement que la Confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin) considère comme une fuite en avant et un essai pour tester la détermination des travailleurs. Dans un message relayé depuis sa page Facebook, le secrétaire général de la Csa-Bénin, Anselme Amoussoua fait savoir que prendre part à une grève illégale ne saurait être assimilé à un abandon de service et que l'inexistence de Procès-verbal pour constater le désaccord des parties ne saurait être opposable aux grévistes. « On ne peut non plus laisser à l'exécutif le droit de qualifier d'illégale une grève et de prendre des sanctions. Ce serait abusif. A la limite, le gouvernement aurait pu en laisser le soin à la justice en la, saisissant. Sinon toute grève serait déclarée illégale par l'exécutif. Je pense que Mr Djogbénou conduit (encore une fois) l'exécutif dans le décor. Banaliser une fronde sociale est une erreur de gouvernance. Les travailleurs doivent savoir, qu'en définitive, est légale toute grève qui réussit », a-t-il posté. Voilà qui relance donc le bras de fer entre partenaires sociaux et gouvernement. C’est clair que la résolution de la crise sociale actuelle n’est pas pour demain au regard des récents actes du gouvernement perçus comme une provocation dans le rang des travailleurs.
Pour le gouvernement, les dispositions de loi sur la grève prescrivent la procédure à observer avant toute cessation concertée de travail et que d’après l’article 3 de ladite loi, « les litiges collectifs dans tous les secteurs de la vie professionnelle font l’objet de négociation ». Et à l’article 7 de préciser qu’ « en cas d’échec total ou partiel des négociations, la cessation concertée de travail par les personnels visés à l’article 2 doit être précédée d’un préavis dûment transmis aux autorités compétentes ». Enfin, l’article 11 établit que « toute grève qui ne respecte pas les procédures ci-dessus est une grève illégale. » Des dispositions légales qui ne seraient pas respectées, selon le gouvernement. Ainsi, les travailleurs ont été invités à reprendre service au risque d’être considérés comme démissionnaires. Mais les travailleurs notamment les organisations syndicales dénoncent de l’intimidation et appellent à ne point céder. Le pire reste à craindre…
Aziz BADAROU